Valls plaide pour une loi interdisant le voile à l’Université
Le chef du gouvernement, à la veille de l’émission de François Hollande, a consacré un long entretien au quotidien Libération. Une manière pour lui de clarifier sa position sur l’islam, sur le voile à l’Université, sur la loi Travail, Macron et 2017. Contredit par ses ministres, il défend pourtant l’interdiction.
Manuel Valls a maintenu dans cette interview paru ce mercredi que le voile est un asservissement pour la femme «dès lors qu’il est revendiqué politiquement de manière militante». «Comment ignorer que les femmes subissent dans les quartiers populaires une pression culturelle faite de sexisme et de machisme?». Mais si le Premier ministre est contre le port du voile à l’université, pourquoi ne fait-il rien pour l’interdire? «Il y a des règles constitutionnelles qui rendent cette interdiction difficile. Il faut donc être intraitable sur l’application des règles de la laïcité dans l’enseignement supérieur» a-t-il expliqué.
Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche, a désavoué le chef du gouvernement sur RTL ce matin. «Si j’ai l’occasion de lui en parler, je lui dirai qu’il n’y a pas besoin de loi. Ce que je vois sur le terrain, ce que me disent tous les présidents d’université, c’est qu’il n’y a pas de problème et que ce n’est pas utile de créer un problème là où il n’y en a pas».
Le secrétaire d’État répond que «non, il n’y a pas de contagion du foulard. Il y a des étudiantes qui, parce qu’elles sont adultes, ont tout à fait le droit de garder un foulard». Avant de rappeler certains droits inhérents aux citoyens français. «Vous allez à l’hôpital vous faire soigner, vous arrivez avec un foulard, on vous refoule pas. Et quand on est usager d’un service public, on a le droit d’avoir un foulard. On peut en penser ce qu’on veut mais ce droit existe. Je vous redis, il n’y a pas de problème [...] Il n’y a pas besoin de ce texte.» a-t-il conclu.
- Contredit par ses propres ministres -
Pour la ministre de l’Education nationale, «concernant le niqab, qui couvre intégralement le visage, il est interdit dans les espaces publics et donc à l’université. Concernant le voile, je ne suis pas pour l’interdiction par la loi. On a affaire à des adultes». «Il y a une liberté de conscience, une liberté religieuse qui fait qu’on ne va pas imposer les mêmes contraintes à des mineurs qu’à des étudiants». La ministre de l’Éducation a également évoqué la gestion de cas d’étudiants étrangers susceptibles de porter le voile. «Je rappelle aussi que nos universités accueillent beaucoup d’étudiants étrangers. Va-t-on leur interdire l’accès aux universités parce que dans leur culture il y a tel type vestimentaire? Je me réfère au principe de liberté à l’université parce qu’on a affaire à des jeunes majeurs» a-t-elle dit mardi sur RMC/ BFMTV avant la publication de l’interview de Valls dans la presse.
La semaine dernière, le chef du gouvernement avait défendu la ministre des Familles et des Droits des Femmes, Laurence Rossignol, qui avait fustigé les marques de prêt à porter et de luxe qui lancent des lignes de vêtements de mode islamique. Manuel Valls avait déploré que ces grandes marques fassent la promotion du voile et de vêtements notamment des maillots de bain qui couvrent toutes les parties de la peau chez les femmes.
2Commentaires