A Pont-à-Mousson, Macron se présente en ministre qui travaille "jour et nuit"

Nancy - 12/04/2016 17h52 - mis à jour le 13/04/2016 09h44
LORACTU.fr La Rédaction
A Pont-à-Mousson, Macron se présente en ministre qui travaille "jour et nuit"
Economie
Vue des hauts-fourneaux de l'usine Saint-Gobain de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), mardi 12 avril 2016. (PHOTO: NICOLAS ZAUGRA/ LORACTU.fr)

Le ministre de l’Economie qui a lancé son propre parti politique la semaine dernière a tenté de se défendre lors d’un déplacement à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) ce mardi, assurant être en activité «jour et nuit». En pleine crise de la sidérurgie européenne, Macron a tenté de donner des gages à la filière.

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a plaidé mardi pour une accélération des procédures européennes anti-dumping, faute de quoi des entreprises vont "tomber l'année prochaine", a-t-il averti lors d'une rencontre avec des employés de Saint-Gobain Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) venus manifester contre sa visite. "On a demandé à la Commission (européenne) de réduire" les procédures, qui sont "de 9 mois aujourd'hui", a dit le ministre. "Elle a réduit d'un mois. Mais si ça reste à 8 mois, j'ai des entreprises qui vont tomber l'année prochaine."

"Je le dis très simplement: chaque mois perdu, ce sont des emplois détruits en Europe", a-t-il ensuite précisé devant des journalistes. La concurrence de l'acier chinois met en difficulté de nombreuses entreprises européennes, faisant courir "un risque important et imminent d'effondrement du secteur européen de l'acier", avaient mis en garde des ministres dès février.

- Mieux protéger les emplois européens face aux attaques -

Il faut "augmenter les tarifs anti-dumping", a déclaré M. Macron. "Il s'agit de pouvoir, dans certains cas, imposer des tarifs anti-dumping face à certaines attaques. Nous avons pris des premières mesures début février sur des laminés à froid: 20% de tarif. Les Américains ont mis 300%", a ajouté le ministre, affirmant que la France allait "mettre la pression" au niveau européen. "Mais là-dessus plusieurs pays bloquent, entre autre le Royaume-Uni ", a-t-il regretté. Si l'Europe "veut être crédible, elle doit savoir protéger ses industries et ses travailleurs lorsque d'autres ne respectent pas les règles du jeu. C'est ça, le cœur de la bataille sidérurgique". "L’Europe c’est le monde ouvert mais il faut aussi savoir protéger notre industrie. L’Europe s’est construite sur l’acier, elle est aujourd’hui testée sur ce sujet" a-t-il poursuivi, assurant que l’attaque chinoise ou indienne est "manifestement inacceptable" dénonce M. Macron, qui espère une décision des instances européennes le 13 mai prochain.

Dans la matinée, Emmanuel Macron, venu en Meurthe-et-Moselle pour une réunion du Comité stratégique de filière des industries extractives et de première transformation, a discuté une vingtaine de minutes devant l'usine Saint-Gobain avec une centaine de salariés qui manifestaient à l'extérieur pour le maintien à 100% des salaires pendant la période de chômage partiel annoncée pour l'été. Quelque 1.200 salariés vont perdre 15% de leur salaire pendant cette période, selon la CGT.

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Lors de cet échange, M. Macron a notamment regretté que la France ait "construit un capitalisme dépendant". "En France, on n'aime pas les gens qui ont du capital", donc on "est allé chercher le capital à l'étranger, et maintenant on est dépendants", a-t-il dit. Interrogé par les manifestants sur les marges dégagées par le groupe Saint-Gobain, le ministre a tenu à dissocier le groupe et l'usine. Mais "une fois qu'on a des marges, on doit embaucher, investir", a cependant déclaré M. Macron, "et s'assurer que cela ne reparte pas" uniquement en dividendes. "Nous-mêmes n'avons pas été exemplaires en tant qu'actionnaire", a-t-il dit, évoquant EDF.

- Comité d'accueil de la CGT qui demande un chômage partiel payé à 100% -

Alors que le gouvernement alors dirigé par Jean-Marc Ayrault s’était cassé les dents sur l’incroyable dossier des hauts-fourneaux de Florange situé non loin en Moselle, il a visiblement retenu la leçon. Pour Emmanuel Macron, il est hors de question de "faire de la démagogie" sur le dossier de Saint-Gobain à Pont-à-Mousson. "Le gouvernement peut aider, structurer avec des lois mais il ne peut pas intervenir dans un dialogue social" a-t-il assuré alors qu’il a rencontré des représentants CGT de l’entreprise à l’issue d’un point presse. Le syndicat majoritaire sur le site de Meurthe-et-Moselle menace de faire grève et de bloquer l’usine.

(PHOTO: PREFECTURE DE MEURTHE-ET-MOSELLE)

Lors de son déplacement éclair à Pont-à-Mousson où il a visité l’usine Saint-Gobain, Macron a également assuré que le gouvernement a lancé un fond de 1 milliard d’euros pour les collectivités locales afin qu’elles investissent dans des infrastructures d’assainissement et de transport de l’eau. "Ce sont des clients potentiels pour l’usine" selon le ministre le plus populaire du gouvernement. "Le site est confronté à une baisse de commandes des collectivités françaises, européennes, africaines ou moyenne-orientales" a regretté le ministre, assurant que la mesure de chômage partiel est une bonne chose. "Grâce à la loi de 2013, les salariés au chômage partiel qui sont en formation bénéficient de leur salaire à 100%" dit-il, rappelant qu’une négociation syndicats-direction est en cours à Pont-à-Mousson pour savoir si la rémunération sera de 70% ou plus.

"Macron est un homme de dialogue" a salué Pascal Debay, secrétaire départemental de la CGT54. "Nous avons pu avoir des échanges relativement sereins malgré des divergences profondes qui demeurent" assure le secrétaire CGT du comité central d’entreprise de PAM-Saint-Gobain tandis que les autres syndicats CFDT, CFE et FO ne participaient pas au comité d’accueil du ministre, préférant une discussion à huit-clos. Le patron de la CGT de Nancy a toutefois refusé de serrer la main du ministre, assurant que Macron est un "beau parleur".

- Ministre de l'Economie, "jour et nuit" -

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Même constat pour Lionel Burriello, syndicaliste CGT ArcelorMittal Florange qui regrette que Macron soit dans une opération de communication. "Il n’aurait pas été imaginable que le ministre ne parle pas avec les syndicats qui manifestaient devant la porte… Il a un nouveau parti politique à défendre" raille-t-il. "Il fait des propositions mais j’aurai aimé l’entendre sur nos révélations portant sur de l’acier chinois importé par ArcelorMittal à Florange" dit-il, relevant "aucune différence sur la forme ou le fond" avec son prédécesseur Arnaud Montebourg qui avait fait de la renationalisation partielle des hauts-fourneaux de Florange le symbole de son échec au gouvernement.

"Je fais jour et nuit ma fonction de ministre comme je l'ai toujours fait", a déclaré M. Macron, interrogé sur sa capacité à concilier son poste à Bercy avec la présidence de son mouvement politique, avant de lister ses déplacements des derniers jours, en Algérie ou à Strasbourg. Maintenant que l'initiative d'En Marche! est prise, "elle sera portée par d'autres, elle va être structurée par d'autres (...) Moi, je continuerai à travailler en tant que ministre", a-t-il ajouté. Interrogé par des journalistes sur les remarques à son sujet au sein du Parti socialiste, M. Macron a répondu: "Je n'ai pas besoin de dire du mal des autres ou de réagir à ce que disent les autres sur moi pour exister." Dimanche au JT de France 2, il a révélé avoir déjà 13 000 adhérents et lancer une première opération de porte-à-porte en France.

A Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), Nicolas ZAUGRA (avec AFP)

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