Loi travail: Valls engage de nouveau la responsabilité de son gouvernement avec le 49-3
Manuel Valls a de nouveau engagé mardi la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi travail, en annonçant à la tribune de l'Assemblée nationale son recours à l'article 49-3 de la Constitution dès le retour du texte en deuxième lecture.
Manuel Valls a déclenché de nouveau le 49-3 dès mardi après-midi à l'Assemblée pour forcer l'adoption du projet de loi travail, qui fait son retour dans la tension à gauche, sur fond de 12ème journée de contestation sociale. «Je prends mes responsabilités dans l'intérêt du pays» et «je l'assume», a déclaré le Premier ministre dans le huis clos tendu de la réunion des députés socialistes en fin de matinée, assurant du soutien de François Hollande.
Manuel Valls a une nouvelle fois dénoncé «une alliance des contraires, des conservatismes, des immobilismes » sur ce texte. Il a aussi critiqué les «stratégies des uns et des autres» et «les tactiques», se défendant de toute «posture» ou «intransigeance». La droite a après cela quitté l’hémicycle dans une ambiance extrêmement tendue alors que des milliers de personnes manifestent au même moment à Paris et dans les rues des grandes villes des régions.
En première lecture, le 10 mai, le chef du gouvernement avait déjà dégainé l’arme constitutionnelle du 49-3. La droite avait déposé une motion de censure qui avait été rejetée. Concrètement, les débats sur le millier d’amendements déposés ont été interrompus et le texte défendu par la ministre Myriam El Khomri sera considéré comme adopté, sauf si une motion de censure est adoptée par l'Assemblée nationale, un scénario peu propable.
Devant les députés socialistes réunis comme chaque mardi matin, Manuel Valls a affirmé : «Je prends mes responsabilités dans l’intérêt du pays» et «je l’assume». «Je crois qu’il faut arrêter de jouer. Pas pour nous, mais pour les Français : il y a tous les défis (populismes, Europe, terrorisme, chômage) et nous nous serions là à faire des simagrées dans des débats incompréhensibles pour les Français ? », a-t-il fait valoir.
- La droite ne déposera pas de motion de censure, des députés de gauche y songent -
La droite a indiqué ne pas vouloir déposer de motion de censure pour faire tomber le gouvernement attendant 2017, année d’élections présidentielle et législatives. La gauche de la gauche, qui avait échoué de très peu à pouvoir déposer une motion de censure en première lecture, devait tenter de nouveau de le faire. Le chef de file des députés Front de gauche, le communiste André Chassaigne, a lancé «un appel solennel» en ce sens, pour rassembler les 58 signatures nécessaires au dépôt d’un texte. Plusieurs députés PS ont d’ores et déjà indiqué leur choix de signer, comme Laurent Baumel et Patrice Prat, tous deux proches d’Arnaud Montebourg et frondeurs.
Lors de la première motion de censure, Aurélie Filippetti, députée PS de Moselle et ex-ministre de la Culture avait aussi milité pour faire tomber le gouvernement. Pour ce second passage en force, l’ancienne proche de Manuel Valls qui a finalement tourné les talons depuis son départ du gouvernement à l’été 2014 devrait réitérer son opposition au locataire de Matignon et à la politique de François Hollande.
Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle de 2017, a également appelé les députés de gauche à s’opposer au gouvernement en se mobilisant autour d’une motion de censure, même en votant celle de la droite s’il elle venait à en déposer une.
Ce mardi, la 12ème manifestation contre la loi travail était organisée à Paris et dans de nombreuses villes de France. Selon la préfecture de police de Paris, entre 6 et 7 000 personnes étaient mobilisées cet après-midi tandis que les syndicats notamment la CGT et FO appelle à une pause pendant les vacances d’été avant de reprendre la mobilisation à la rentrée de septembre.
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