Valls, la droite et le FN condamnent le burkini et une partie de la gauche gênée

France - 18/08/2016 11h59
Lu 15 354 fois -   LORACTU.fr La Rédaction
Valls, la droite et le FN condamnent le burkini et une partie de la gauche gênée
Société
Une femme portant un "burkini" sur une plage. (PHOTO: FLICKR/ CC)

Le débat sur le port du burkini sur les plages françaises – et désormais belges – a pris une tournure très politique cette semaine après la prise de position de Manuel Valls. Le premier ministre n’a pas hésité à condamner ce vêtement de plage comme l’a fait la droite et la gauche. Une partie de la gauche est gênée.

Plusieurs villes côtières de France, de Corse jusqu'au Pas-de-Calais, ont pris des arrêtés pour interdire le burkini: Cannes, Mandelieu-La Napoule, Villeneuve-Loubet, Cap-d'Ail, dans les Alpes-Maritimes, Le Touquet, dans le Pas-de Calais, administrées par des maires de droite. A Sisco, en Haute-Corse, le maire PS a fait de même, et un autre maire socialiste, à Oye-Plage dans le Pas-de-Calais, a annoncé vouloir suivre le mouvement.

En Belgique le débat s’est également invité dans la classe politique tandis que la plupart des autres pays sont choqués par cette volonté d’interdire le burkini aux femmes musulmanes sur les plages françaises. Le parti nationaliste flamand N-VA réfléchit à une interdiction générale sur la côte flamande. "Je ne pense pas que les femmes veuillent porter une telle tenue sur la plage au nom d’une croyance", a déclaré Nadia Sminate, député du premier parti belge, qui veut porter la question au Parlement. Le parti du Mouvement Réformateur (MR, de droite), principal allié du N-VA serait est «prêt à ouvrir au parlement fédéral le sensible dossier d’une interdiction légale du port des burkini».

- Valls se démarque à gauche -

En France, le Premier ministre a pris fermement position contre le burkini. "Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public", indique M. Valls. Et d'insister: "Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la volonté d’encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique". "Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses. Le burkini n’est pas une nouvelle gamme de maillots de bain, une mode. C’est la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme" tranche le chef du gouvernement.

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La ministre du Droit des Femmes, Laurence Rossignol, a quant à elle pris position lundi en dénonçant un vêtement "archaïque". Affirmant qu’il fallait lutter contre "sans arrières pensées", la membre du gouvernement est la seule avec le Premier ministre ce mercredi a avoir pris position dans cette affaire très sensible qui agite la classe politique française et laisse sans voix la presse internationale qui ne comprend pas l’ampleur du débat. Le président de la République François Hollande en déplacement au Vatican pour rencontrer le Pape lors d’un entretien privé n’a pas encore pris position sur cette question mais pourrait être amené à le faire ces prochains jours.

Le chef du gouvernement s’est toutefois opposé à l’idée d’une loi pour interdire généralement le port du burkini en France comme ce fut le cas pour l’interdiction de la burqa en 2010, loi votée par Manuel Valls alors député PS. "Je ne crois pas qu’il faille légiférer en la matière : la réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une solution", affirme M. Valls.  "Avant de penser à légiférer, nous ferons appliquer la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public – nous le rappellerons, avec le ministre de l'Intérieur, aux préfets et aux forces de sécurité. Les autorités musulmanes doivent aussi condamner le voile intégral, condamner les actes de provocation qui créent les conditions d’une confrontation."

- Droite et FN contre, l'extrême gauche dénonce une "islamophobie d'Etat" -

La gauche de la gauche quant à elle est gênée par le débat et renvoie Valls à de l’islamophobie. "Mais il n'a rien d'autre à faire, le Premier ministre de notre pays ?" s'est insurgé Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, pour qui Manuel Valls, "en suivant les pas d'une droite très radicalisée qui court après le Front National, joue un jeu très dangereux".

"Stop à l'islamophobie d’État !", s'est insurgé dans un communiqué le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), pour qui ces déclarations "entretiennent consciemment un climat raciste et islamophobe, qui autorise ensuite des centaines de personnes à manifester comme à Bastia aux cris excluant de +On est chez nous+".

Le chef de l’Etat ne s’est toujours pas exprimé sur le sujet, en soutenant ouvertement son Premier ministre ou en se démarquant

Le député LR Thierry Solère s'est lui "réjoui" que Manuel Valls comprenne leur position, mais a aussi appelé le gouvernement à agir. "Que la justice fasse respecter l’interdiction de la burqa et que demain le gouvernement engage l’interdiction de ces habits, et surtout qu’il la fasse respecter", a-t-il lancé sur Europe 1. Sur Twitter, Éric Ciotti (Les Républicains) a salué "une position courageuse", mais souligné que "les paroles ne peuvent suffire pour combattre le communautarisme".

La présidente du FN Marine Le Pen a elle aussi apporté son soutien aux maires sur son blog, arguant que "c'est de l'âme de la France dont il est question". "Bien sûr le burkini doit être proscrit des plages françaises, où il n’a strictement rien à faire. C’est une question de laïcité républicaine, d’ordre public, assurément", a-t-elle estimé.

- La presse étrangère ne comprend pas l'interdiction du burkini -

Mais ce vif débat en France et la demande la dénonciation de ce vêtement de plage dans la classe politique – gouvernement y compris – est incompris à l’étranger. Ainsi, la presse internationale s’étonne de la réaction des politiques. Dans son édition internationale, samedi, le New York Times affichait en une: «La France désigne la dernière menace pour sa sécurité : le burkini» ironise le célèbre quotidien américain. aux Jeux olympiques de Rio, plusieurs femmes musulmanes ont participé à des épreuves avec des vêtements qui couvrent leurs cheveux et leur cou. Des maillots de bain couvrant le visage, portés par des baigneurs inquiets d’une exposition trop forte au soleil, ont également été repérés en Chine et dans d’autres endroits» écrit dans ses colonnes le NYT.  «La polémique du burkini arrive sur les plages espagnoles» selon le quotidien El Pais. D’après lui, « la récente interdiction du burkini sur les plages françaises de Cannes et Sisco a rouvert le débat sur le port du voile dans les lieux publics». En Italie, la presse ne comprend pas la réaction de ses voisins français, affirmant que le burkini ne pose aucun problème sur ses plages de la côte est par exemple, selon La Nuova di Venezia. 

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Au Royaume-Uni, la presse britannique tire à boulet rouge contre la France. Le Guardian dresse ainsi «cinq raisons de porter un burkini – et pas seulement pour embêter les Français». Le Telegraph, pourtant quotidien conservateur outre-Manche, assure que  «les vrais ennemis de la liberté ne sont pas les femmes qui portent des burkinis, mais les politiques qui veulent les interdire». La BBC prévient avec ironie que les autorités françaises « devront distinguer les nageurs en burkini et ceux en combinaison de plongée».

- Des associations attaquent en justice les maires -

Le Conseil contre l'islamophobie en France (CCIF), la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la Fédération des musulmans du sud (FMS) considèrent dans un communiqué publié ce mardi, que cet arrêté cible en fait toutes les femmes portant un foulard, soulignant que la mairie de Cannes se trouve légitimée dans ses positions d'"un autre temps", par une juridiction locale. 

Pour le CCIF, cet arrêté porte préjudice aux libertés individuelles, en venant les restreindre sans motif valable.  Il est également discriminatoire, puisqu'il vise spécifiquement les femmes musulmanes, les désignant pour cibles et les amalgamant avec des groupes terroristes, sous couvert d'une laïcité dévoyée, a fait valoir l'avocat du Conseil. 

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1 Commentaire

Urgo
Victor U. - il y a 1 jour
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Nous ne voulons pas voir ce genre d'accoutrement sur nos plages. C'est une forme de provocation inspirée par le salafisme. Il serait temps que l'Etat reprenne les choses en main, et mette un terme à toutes ces manifestations tentant à prôner une forme d'islam, qui est en opposition avec notre mode de vie à l'occidentale. La religion se pratique chez soi, ou dans des lieux de cultes spécifiques. En aucune manière, la religion ne doit interférer dans la vie publique. En plus, cela stigmatise les personnes de confession musulmane, qui veulent vivre en bonne harmonie, avec nos préceptes démocratiques et républicains. Répondre
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