Décès de François Chérèque, né à Nancy, figure du syndicalisme réformateur

France - 02/01/2017 14h28 - mis à jour le 02/01/2017 16h51
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Décès de François Chérèque, né à Nancy, figure du syndicalisme réformateur
Politique
La passation de pouvoir entre François Chérèque et Laurent Berger en 2012.

L'ex-secrétaire général de la  CFDT François Chérèque, mort lundi à 60 ans d'une longue  maladie, a défendu jusqu'au bout le credo réformiste, marque de  son ancienne organisation aujourd'hui en passe de détrôner la  CGT au premier rang des syndicats français. 

Après dix années à la tête de la CFDT, il avait passé la  main en 2012 à Laurent Berger, de 12 ans son cadet, sans aller  au terme de son troisième mandat. Cet ancien rugbyman avait  alors expliqué qu'il ne voulait pas "faire le match de trop".  Une transition en douceur, contrairement à la succession  dans la douleur de son alter ego de la CGT, Bernard Thibault. 

François Chérèque a ensuite poursuivi son combat comme inspecteur général des affaires sociales, président de l'Agence  du service civique et Haut commissaire à l'engagement civique.   François Chérèque, qui présidait aussi le conseil  d'administration du think tank Terra Nova, proche du PS, avait  quitté ces fonctions le 8 juin pour raison de santé. 
 
Fils de Jacques Chérèque, ancien ouvrier métallurgiste et  numéro 2 de la CFDT devenu ministre du président socialiste  François Mitterrand dans le gouvernement de Michel Rocard, il  était tombé très vite dans la marmite syndicaliste. 

Il avait commencé à la base et grimpé un à un les échelons,  avant de devenir le patron de la fédération Santé et services  sociaux et de succéder en 2002 à Nicole Notat au poste de  secrétaire général, où il sera réélu en 2006 et 2010. 

Quand il succède à la "tsarine", il est méconnu du public et  de nombre de militants. Ce barbu athlétique, homme de compromis,  réputé solide et chaleureux, va cependant imposer son autorité  et devenir un interlocuteur incontournable, à l'égal de Bernard  Thibault ou de leur homologue de FO, Jean-Claude Mailly. 

A plusieurs reprises, il prendra le risque de rompre l'unité  syndicale pour soutenir des réformes controversées, comme celles  des retraites en 2003, ce qui lui vaudra plusieurs années de  relations glaciales avec la CGT. Malgré la proximité de la CFDT avec le PS, il estime dès fin 2012 que les espoirs nés du retour de la gauche au pouvoir sont  "ébranlés", six mois seulement après l'élection du président socialiste François Hollande et quatre ans presque jour pour  jour avant que ce dernier renonce à briguer un deuxième mandat.  

- "Trop hésitants" et parfois "risqués": des critiques contre le gouvernement socialiste -

Dans son dernier discours de secrétaire général, le 28  novembre 2012, il juge "trop hésitants" et parfois "risqués" les choix politiques du nouvel exécutif, dont "les "atermoiements et  les revirements (...) accroissent l'inquiétude de tous." Ce qui n'empêchera pas le Premier ministre Jean-Marc Ayrault  de lui confier le suivi de la politique du gouvernement contre  la pauvreté, puis de le nommer à la tête de la nouvelle Agence  du service civique.  

Né à Nancy (Meurthe-et-Moselle), il conservait des liens avec la région. Son père Jacques Chérèque, ex-ouvrier, avait marqué la région Lorraine en acceptant et accompagnant la restructuration de la sidérurgie lorraine, il est alors  l'un des artisans de la convention générale de protection sociale qui entérine la fermeture de nombreux sites sidérurgiques français. Il est aussi l'auteur de la célèbre répartie : "Il faut retirer les hauts fourneaux de la tête des sidérurgistes lorrains". 


Les réactions en Lorraine 

Mathieu Klein, président (PS) du département de la Meurthe-et-Moselle, porte-parole de Manuel Valls. "Au nom de l’ensemble des conseillers départementaux de Meurthe-et-Moselle, je salue avec émotion la mémoire de François Chérèque. Notre pays perd un remarquable dirigeant syndical, homme de parole, de compromis et de convictions. Chacune des grandes responsabilités qu’il aura exercées étaient dédiées à la solidarité, l'engagement, la justice et le progrès social. La Meurthe-et-Moselle perd un ami fidèle avec lequel les liens ont toujours été aussi solides que chaleureux, du plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale avec Michel Dinet à l’extension du service civique aux sapeurs-pompiers et aux bénéficiaires du RSA. A sa famille et notamment à ses parents Elisabeth et Jacques, je dis notre profonde tristesse, notre amitié et notre solidarité".

André Rossinot, président (UDI) du Grand-Nancy. "François Chérèque était à la fois un homme de conviction et de négociation. Attaché
à sa Lorraine natale, il était avant tout un humaniste, qui savait s’engager totalement dans les causes qu’il estimait justes. La qualité et la pertinence du dialogue qu’il engageait ont fait de lui une grande figure du syndicalisme et un homme de progrès. J’ai une pensée émue pour son père, mon ami Jacques Chérèque, et toute sa famille".

Aurélie Filippetti, députée PS de Moselle, soutien d'Arnaud Montebourg. "La mort si prématurée de François Chérèque est un choc pour tous ceux qui se souviennent de cet artisan infatigable du dialogue social qui marqua pendant de nombreuses années le paysage syndical en France. Il savait défendre ses idées avec conviction et respect d'autrui , cherchant à faire surgir des idées nouvelles et des positions utiles à partir des désaccords. Son histoire personnelle , comme celle de son père, était liée à la Lorraine et aux drames industriels qui affaiblirent notre région. Il savait d'où il venait et ne l'oubliait pas. Cela expliquait aussi son engagement européen lucide".

Laurent Hénart, maire UDI de Nancy et membre de l'équipe de campagne de François Fillon. "Avec la disparition de François Chérèque, la France perd l’un de ses grands syndicalistes. Il avait repris le flambeau de son père et savait, avec force, mais aussi avec lucidité, défendre ses idées. Dès la négociation du plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, j’avais eu avec lui des échanges constructifs en tant que Secrétaire d’État chargé de l’Insertion professionnelle des jeunes. Je sais qu’il était aussi pleinement engagé dans sa présidence de l’Agence du service civique, avant que la maladie ne l’oblige à démissionner. François Chérèque était né à Nancy et nombre de Nancéiens rejoignent le bassin de Pompey dans la tristesse de cette nouvelle aujourd’hui. Je présente mes sincères condoléances à sa famille, et notamment à son père, Jacques"

Dominique Gros, maire (PS) de Metz. "François Chérèque a marqué les esprits par son engagement; aujourd’hui nous perdons une grande figure du monde syndical français. Son engagement, il l’a mené tout au long de sa vie dans de nombreuses batailles syndicales, en gardant toujours un attachement particulier pour la Lorraine, ce territoire en faveur duquel son père, Jacques CHEREQUE, avait déjà tant œuvré pour permettre la reconversion".

Nadine Morano, députée européenne  (LR) du Grand-Est. "C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris le décès de François Chérèque.
La Lorraine perd un de ses enfants qui aura marqué le syndicalisme au plus haut niveau. Alors Ministre en charge de l'Apprentissage et de la Formation Professionnelle j'ai pu apprécier les qualités du Secrétaire Général de la CFDT. Homme parfaitement au fait de ses dossiers, il avait le sens de l'écoute, du dialogue et du compromis. Il s'inscrivait dans une démarche d'un syndicalisme moderne et constructif."


Les réactions nationales

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