François Fillon, plus seul que jamais face à une campagne folle
Le candidat de droite est de plus en plus isolé heure après heure depuis l’annonce de sa prochaine mise en examen à la mi-mars. François Fillon, distancé à la troisième place dans les sondages, doit faire face à une campagne impossible et une scission de son camp.
François Fillon tente de relancer ce jeudi sa campagne à Nîmes, dans le sud de la France, en tenant un meeting ce soir alors sa famille politique se divise quant à savoir s’il doit maintenir sa candidature à la présidentielle. Le candidat LR a annoncé lui-même mercredi qu’il n’entendait pas se retirer malgré sa prochaine convocation chez les juges en vue de sa mise en examen. Une quarantaine d’élus Les Républicains – maires, sénateurs et députés – ont annoncé en 24 heures leur retrait de la campagne.
En Lorraine, on doute de plus en plus de la campagne de François Fillon
Dès mercredi, l’ex-candidat à la primaire de la droite Bruno Le Maire a ouvert la brèche en annonçant son départ de l’organigramme de campagne de M. Fillon. D’autres élus l’ont laché parmi eux: Arnaud Robinet, Yves Jégot, Laurent Hénart, Fabienne Keller, Franck Riester, Edouard Philippe, Benoit Apparu, Philippe Lellouche, Christine Boutin, Sébastien Huygues, Georges Fenech, Jean-Luc Warsman tandis que de nombreux collaborateurs de campagne ont aussi quitté leur poste salarié. "Je vais m’appuyer sur les Français, la base, elle tient" a répondu François Fillon depuis Nîmes qui dit clairement qu’il ne laissera pas tomber la campagne malgré une fronde désormais inédite de son propre camp. Sans oublier le retrait provisoire qui s’annonce définitif la semaine dernière du parti centriste de l’UDI.
Nouveau réveil difficile chez Les Républicains jeudi. "Fillon se bunkérise, c'est comme une secte. A mon avis, dans 24 ou 48 h, ça pète", glisse une source LR à l'AFP. "C'est de la folie pure, ils ont eux-mêmes scénarisé le problème!", s'étonne un juppéiste, après la stupéfiante journée de mercredi. "Il y a un mois, on cherchait à s'accorder sur un plan B. Là, c'est plutôt: on le vire et on verra bien qui on met à la place, l'important, pour tous les courants de LR, c'est d'éviter la honte à la présidentielle", explique une autre source LR à l'AFP, qui voit une issue se "dessiner autour de Juppé", qui ne serait plus visé par un veto de Nicolas Sarkozy.
- De nombreux élus et collaborateurs quittent le navire -
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Le maire de Bordeaux "reste légitimiste et loyal" et entend respecter cette règle de "loyauté" à l'égard de M. Fillon, a-t-on toutefois indiqué à l'AFP dans l'entourage du maire de Bordeaux.
Outre sa prochaine mise en examen qui pose problème – alors que M. Fillon avait promis de se retirer au 20H s’il était mis en examen – le rassemblement populaire organisé dimanche au Trocadéro à Paris divise profondément la droite. D’abord présenté comme un rassemblement face aux juges par son équipe de campagne, elle a tenté de rétropédaler en assurant qu’il s’agit d’un grand meeting de soutien en plein-air pour François Fillon qui y prononcera un discours. Mercredi soir, son conseiller spécial Jérôme Chartier a annoncé un rassemblement de soutien dimanche après-midi place du Trocadéro à Paris (XVI arrondissement), là-même où Nicolas Sarkozy avait tenu un meeting d'entre-deux tours avant sa défaite face à François Hollande en 2012. Cette manifestation de dimanche "est une maladresse", a jugé l'ex-candidat à la primaire et président du PCD Jean-Frédéric Poisson qui ne s'y rendra pas.
En déclarant mercredi que "ça n'est pas seulement (lui) qu'on assassine, c'est l'élection présidentielle", François Fillon s'est attiré les foudres de ses concurrents ainsi que des associations de magistrats également aux prises avec le FN dans cette campagne.
Le candidat d'En Marche!, Emmanuel Macron, a ainsi accusé jeudi ses rivaux François Fillon et Marine Le Pen de "s'attaquer délibérément à l'Etat de droit" en s'en prenant à la justice.
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"M. Fillon lui-même est un des apôtres de l'impunité zéro, il veut que les délinquants soient pourchassés immédiatement, condamnés, arrêtés, il est soupçonné d'en être un. Comment peut-il dire lui-même qu'il échapperait à la loi qu'il voudrait rigoureuse pour tous ?", a fustigé le socialiste Arnaud Montebourg.
Le candidat poursuit néanmoins jeudi sa campagne dans le Gard, un département où le FN a recueilli 42,62% des suffrages au second tour des élections régionales en 2015. Au programme: visite d'exploitations viticoles, table ronde dans l'après-midi avec les associations de rapatriés du département et réunion publique à Nîmes.
Un nouveau sondage Elabe publié ce jeudi montre que François Fillon est toujours à la peine à 19% derrière Emmanuel Macron à 24% et Marine Le Pen à 27%. Jamais l’écart n’a été aussi important entre le leader d’En Marche et le vainqueur de la primaire.