Départementales : l’UMP-UDI vire en tête, le FN confirme et la gauche sanctionnée
La droite est sortie largement en tête du premier tour des départementales, alors que la gauche divisée est en passe de perdre dimanche prochain une trentaine de conseils généraux et que le FN, à plus de 25 %, est qualifié dans plus d'un canton sur deux.
Si le résultat du PS, à un peu plus de 21 % selon une totalisation partielle du ministère de l'Intérieur, est largement au-dessus de son score des européennes de 2014 (14 %), sa désunion avec le Front de gauche et les écologistes risque de priver la gauche d'un grand nombre de sièges et de présidences départementales, alors que celle-ci détenait 61 départements.
L'institut OpinionWay a publié des projections tablant sur 71 départements "probablement à droite", 19 "probablement à gauche" et 3 "sans majorité" (Pas-de-Calais, Vaucluse, Seine-Maritime) à l'issue du second tour dimanche prochain. Dans 43 départements (sur 98 où le scrutin avait lieu), le FN arrive en tête. Outre ses bastions du Sud-est ou du Nord/Nord-est, il termine premier jusque dans les Côtes-d'Armor (19 %), où gauche et droite étaient divisées. Surtout, après 8 élus dès le premier tour, il sera présent au second dans près de 1 100 cantons sur environ 1 900 encore à pourvoir.
Un succès pour l’UMP-UDI, Sarkozy conforté
Après les municipales de 2014, la droite remporte un nouveau succès pour le premier rendez-vous électoral depuis l'accession à la présidence de l'UMP de Nicolas Sarkozy. La gauche sera d'ores et déjà absente dans 500 cantons au second tour, "dont une centaine que nous aurions pu remporter, en raison de la division de la gauche", a affirmé le secrétaire d'État Jean-Marie Le Guen. Un chiffre non confirmé à ce stade au PS.
Le FN moins haut que prévu s’ancre dans les territoires
Selon les estimations de l'institut Ipsos, les listes investies par l'UMP ont obtenu 32,5 %. Les listes ayant le soutien du PS emporteraient, elles, 24 %. Le Front de gauche est crédité de 6,5 % des suffrages, tandis qu'EELV émarge à seulement 1,9 %. L'ensemble de la gauche, qui pointait à 34 % au soir des européennes, a pourtant plutôt bien résisté alors que les observateurs lui prédisaient une déroute sans précédent dans la droite ligne des municipales et des européennes de 2014. Elle réalise un score cumulé de 36,2 %, contre 36,5 % pour le bloc de droite, selon le dernier décompte publié vers 2 heures par le ministère. Mais ce coude-à-coude est en réalité purement théorique et ne devrait pas empêcher un revers électoral, en raison des divisions, selon les politologues.
Ainsi, tard dans la nuit de dimanche à lundi, avaient par exemple déjà été élus au premier tour 220 candidats de droite (soit 110 binômes), 56 de gauche, 8 FN et 6 divers. La presse de lundi évoque une "raclée monumentale" pour le PS et retient surtout une "vague bleue" (UMP-UDI) plus que "bleu marine" (FN) qui a déferlé sur le premier tour.
Marine Le Pen a toutefois affiché sa satisfaction, saluant "l'exploit" de dépasser le score des européennes (24,86 %), qui l'avait vu se revendiquer "premier parti de France". Le parti frontiste gagne près de 10 points par rapport aux cantonales de 2011. "Objectivement, chacun peut vraiment se réjouir. L'UMP parce que, clairement, ils arrivent à se distinguer du Front national et arriver en première position. Le FN parce qu'il progresse par rapport aux dernières élections. Et puis le PS parce que notamment le surplus de mobilisation leur a permis de passer la barre des 20 %", a souligné Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion chez Harris Interactive.
Le PS limite la casse, la gauche sanctionnée
Tous les responsables de gauche ont appelé à faire barrage à l'extrême droite, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis exigeant "la réciproque" à la droite. À droite, le "ni-ni" de l'UMP suscitait déjà le débat. Jean-Christophe Lagarde, président de son principal allié, l'UDI, a appelé à "faire barrage à l'extrême droite" avec un "bulletin républicain". François Bayrou (MoDem) a lui aussi invoqué les "valeurs" pour justifier son opposition au "ni-ni". À l'orée d'une dernière semaine de campagne, l'ex-ministre UMP Bruno Le Maire a toutefois appelé son parti à "rester très prudent", car il "reste un défi à relever, celui de battre le Front national" au second tour. Alain Juppé avait jugé un peu plus tôt que "la seule force d'alternance" était l'alliance de la droite et du centre.
Pour sa part, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a reconnu un "risque d'un basculement massif des départements", qui "annonce une large victoire de la droite et de l'extrême droite". La patronne d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), Emmanuelle Cosse, relativisant le faible score de son parti, a reproché au gouvernement et au PS d'être "responsables de la désunion autour d'eux". Parmi les personnalités politiques candidates, le radical de gauche Jean-Michel Baylet a été réélu dès le premier tour dans le Tarn-et-Garonne, tout comme le socialiste Henri Emmanuelli dans les Landes et Patrick Devedjian (UMP, Hauts-de-Seine). Le ministre des Sports Patrick Kanner (Nord), les secrétaires d'État socialistes André Vallini (Isère) et Ségolène Neuville (Pyrénées-Orientales) sont, eux, en ballottage, souvent favorable.
L'abstention, qui avoisine les 49 %, est nettement inférieure aux européennes de mai 2014 (57,5 %) et des cantonales de 2011 (55,7 %).
(Avec AFP)
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