Primaires LR: en Lorraine, Bruno Le Maire soigne sa droite
Le candidat aux primaires Les Républicains a entamé jeudi un déplacement de deux jours en Meurthe-et-Moselle et en Moselle. L’occasion pour celui qui est présenté comme le troisième ou quatrième homme de la compétition – selon les sondages – de dérouler ses propositions. Très à droite.
«Je ne suis pas centriste, ça n’a échappé à personne». L’ex-ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy qui avait provoqué la surprise lors de l’élection du président de l’UMP en 2014 multiplie les déplacements aux quatre coins de la France, martelant un discours de droite «décomplexé». Hier, Bruno Le Maire a enchaîné au pas de course une visite de ferme, une rencontre avec des chefs d’entreprise, un rendez-vous avec les élus locaux pour décrocher de nouveaux soutiens ou encore un meeting à Villers-lès-Nancy devant environ 300 sympathisants LR et centristes. Le candidat conservait la troisième place selon un récent sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour BFMTV et le Parisien-Aujourd’hui en France publié le 2 mai. Avec 15%, l’ex-ministre s’assure d’une avance sur Fillon (9%) et peut rattraper Sarkozy (24%). Mais le champion des sondages, Alain Juppé, est toujours très loin devant (41%).
Social, éducation, défense, sécurité, économie et fiscalité, Europe… Bruno Le Maire a fait le tour de ses propositions jeudi soir pendant près de deux heures, interrogé par les sympathisants dans un jeu de questions-réponses. Très à droite, limite droite «décomplexée» prônée par ses concurrents Nicolas Sarkozy ou Jean-François Copé. Ferme sur la sécurité et libéral sur l’économie, Bruno Le Maire a renvoyé ses concurrents au passé. «Vous voulez faire confiance à des anciens premiers ministres et chefs d’Etat qui ont gouverné la France ou vous souhaitez donner une chance à la nouvelle génération ?» attaque M. Le Maire, rappelant que de nombreuses démocraties notamment le Royaume-Uni ou l’Italie ont fait le choix de dirigeants plus jeunes. «Combien de cheveux gris je dois avoir pour qu’on arrête de me reprocher ma jeunesse ?» ironise l’ex-ministre qui se dit «respecté par les agriculteurs», rappelant son «bon bilan» à l’Agriculture.
Libéral pour l'économie, ferme sur la sécurité
INTERVIEW. Bruno Le Maire: le bilan d’Hollande est "un champ de ruines"
«Je veux mettre fin à la politique et aux gouvernements de l’ENA» assure Bruno Le Maire pourtant diplômé de cette même école où hauts dirigeants et fonctionnaires sont formés. Pour lui, les Français devront être consultés dès juin 2017 par référendum pour le renouvèlement des institutions politiques : suppression d’une centaine de parlementaire, de 200 000 fonctionnaires de la fonction publique territoriale, démission obligatoire de la fonction publique pour les élus, interdiction d’enchaîner plus de trois mandats dans le temps… «Des snipers à l’Assemblée nationale veulent ma peau mais j’irai jusqu’au bout» dit-il, attaquant au passage les «anciens présidents de la république (François Hollande et Nicolas Sarkozy, NDLR) qui veulent se représenter». «Un président sortant c’est un président en état de faiblesse» selon le Maire.
Outre un violent coup de balai dans les institutions, le candidat à la primaire veut «remettre de l’ordre». «Les casseurs ça suffit ! La faiblesse de François Hollande et de Manuel que je tiens personnellement pour responsable de ce qui se passe dans nos villes, ça suffit !» a martelé le député de l’Eure. «Je comprends la colère des électeurs qui se sont fait entuber par François Hollande mais cela ne justifie pas la violence». Plus de place de prison, augmentation du budget de la défense, de la justice… «Il n’y a ni chef, ni Etat dans ce pays» martèle M. le Maire. Rappelant la menace «majeure» de l’Etat Islamique (EI), le candidat assure qu’il faut être sans pitié mais aussi rétablir des frontières européennes et ne pas accueillir la Turquie dans l’UE.
Sur l’Europe, M. Le Maire plaide pour un axe franco-allemand «fort» et ne souhaite pas remettre en cause la monnaie unique. Par ailleurs, il souhaite organiser un référendum pour demander aux Français s’ils souhaitent aller plus loin dans l’intégration européenne. «Je n’ai pas peur des Français» se justifie-t-il alors que cette idée de référendum est critiquée par ses concurrents M. M Juppé, Fillon et Sarkozy.
Attaquer Hollande, Sarkozy, Juppé, Fillon et les autres
Pour son programme économique, le candidat a enchaîné les propositions libérales. Suppression de l’ISF, des 35H, de l’obligation de l’élection syndicale dans les entreprises, de l’élévation des seuils dans les PME, de la dégressivité des allocations chômage, «La dégressivité des allocations chômage ce n’est pas la gauche qui m’a empêché de défendre cette réforme ! C’est au plus haut sommet de l’Etat qu’on m’a dit que j’allais trop loin» se souvient Bruno Le Maire, attaquant son ex-patron de l’époque Nicolas Sarkozy. Pour lui, la réforme des retraites de 2008 impulsée par la droite est un échec alors «qu’on s’en est pavané».
Ce vendredi, le candidat poursuit son marathon en Moselle. D’abord dans une cristallerie à Saint-Louis, puis un déjeuner avec des élus du département, une visite d’une pépinière d’entreprises numériques et de start-up pour terminer par un meeting à Marly dans la banlieue de Metz.
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