Dans le Grand-Est, le FN veut "connaître" les fichés S présents dans les lycées
Le Front national qui a multiplié les interventions polémiques dans l’hémicycle de la région grand-Est à Metz (Moselle) lundi a proposé à la région de mener une enquête afin de déterminer le nombre de personnes fichées S radicalisées parmi les membres du personnel des lycées. Une proposition qui a mis le feu aux poudres.
Le parti d’extrême droite a vivement secoué la séance du vote du premier budget de la région Grand-Est lundi à Metz. Lors d’une séance interminable qui s’est ouverte à 10H pour se refermer par un vote après 0H20, le groupe mené par Florian Philippot arrivé à la mi-journée a multiplié les passes d’armes musclés avec la gauche et le président (LR) de la région Philippe Richert. Depuis janvier, c’est certainement la séance la plus houleuse et la plus longue du conseil régional d’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.
Une proposition du FN a enregistré l’incident le plus violent hier après 20H dans un hémicycle à bout de nerfs, fatigué par la longueur des débats. Le conseiller régional FN du Bas-Rhin Laurent Gnaedig a émis plusieurs propositions sur la sécurité des lycées, indiquant que le «niveau de sécurisation des lycées et des CFA (Centre de Formation des Apprentis) «n’est pas au niveau». Proposant l’installation de tourniquets d’accès pour «connaître en temps réel qui se trouve dans les établissements», l’élu frontiste veut également que les établissements qui le souhaitent puissent s’équiper de portiques de détection de métaux comme dans les écoles américaines ou les aéroports. Les tourniquets eux seraient utilisés grâce à des «cartes d’identité scolaires infalsifiables».
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L’élu poursuit et veut «une enquête menée dans tous les lycées de la région pour avoir un état des lieux précis du nombre de fichés S présents parmi le personnel. C’est criminel de laisser peser cette menace sur tous els élèves» conclut le conseiller frontiste alsacien. La réponse de la majorité LR-UDI-Modem n’a pas tardé. La conseillère régionale LR de Moselle Marie-Louise Kuntz prend la parole et dénonce les amalgames du FN. «A une certaine période, on mettait des étoiles jaunes sur des personnes ! Vous en êtes pas loin avec vos fiches S !» lance-t-elle sous les huées des élus du FN. «On était là pour parler emploi et formation et vous dérivez !» s’agace-t-elle.
- "J'ai beaucoup d'amis juifs" lance le maire FN d'Hayange -
L'exécutif de la région Grand-Est, à Metz (Moselle), lundi 30 mai 2016. (PHOTO: LORACTU.fr)
Agacement des élus FN qui quittent les bancs de l’assemblée régionale pendant 20 minutes. Seul à rester sur les bancs du groupe d’extrême-droite : le maire FN d’Hayange qui également élu régional. Fabien Engelmann assure «qu’il a beaucoup d’amis juifs» provoquant de nouveau l’indignation des élus de droite et de gauche. «Vous ne pouvez pas nous traiter d’antisémites ! Vos propos sont intolérables» s’indigne l’élu habitué des polémiques dans sa ville, conquise en 2014. «On a toujours fait une différence entre l’immigration ancienne, je suis moi-même issu de l’immigration italienne, et celle d’aujourd’hui qui n’est pas là pour s’intégrer mais imposer un dogme et une religion» divague M. Engelmann recadré par Richert. Le président du Grand-Est s’est de nouveau indigné «de la création d’incidents, du fait de monter les uns contre les autres». «Des gens dans notre pays ont été marqués par leur origine, pointé du doigt, il est normal que vos propos heurtent des sensibilités personnel qui font référence à des parcours, à des histoires» défend M. Richert.
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Après être revenu dans l’hémicycle régional, le chef de file du FN Florian Philippot a réengagé un bras de fer avec le président de la région. «Comparer des fichiers S avec des étoiles jaunes, c’est indécent, immoral !» fustige le numéro 2 du parti qui réclame des «excuses» à la conseillère régionale de droite Marie-Louise Kuntz. «On ne peut pas tout accepter» fustige Philippot qui n’obtiendra ni d’excuses de M. Richert ou de Mme Kuntz. QLa gauche s’est aussi indignée des propos du conseiller régional du FN.
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