Francis Heaulme répondra seul du double meurtre d'enfants de Montigny-les-Metz

Metz - 07/07/2016 16h45
Lu 6 418 fois -   LORACTU.fr La Rédaction
Francis Heaulme répondra seul du double meurtre d'enfants de Montigny-les-Metz
Société

Le tueur en série Francis Heaulme répondra seul aux assises du meurtre de deux petits garçons à Montigny-lès-Metz (Moselle) il y a près de trente ans, le deuxième suspect, Henri Leclaire, ayant été finalement mis hors de cause, jeudi.

Le tueur en série Francis Heaulme répondra seul aux assises du meurtre de deux petits garçons à Montigny-lès-Metz (Moselle) il y a près de trente ans, le deuxième suspect, Henri Leclaire, ayant été finalement mis hors de cause, jeudi. Saisie en appel, la chambre de l'instruction a renoncé à renvoyer devant les assises l'ex-manutentionnaire de 67 ans, dont le nom est apparu plusieurs fois dans le dossier du meurtre de deux garçons de 8 ans en 1986 dans cette commune de la banlieue de Metz.

"La mise hors de cause d'Henri Leclaire est totale", c'est pour lui "la fin d'un long calvaire", s'est réjoui son avocat, Me Thomas Hellenbrand. Ce dernier avait interjeté appel d'une première décision des juges d'instruction qui, le 20 avril, contre l'avis du parquet, avaient décidé de renvoyer son client aux côtés de Francis Heaulme devant les assises de Moselle.

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Henri Leclaire avait été le premier à avouer en 1986 le meurtre d'Alexandre Beckrich et Cyril Beining, morts le crâne enfoncé à coups de pierre sur un talus SNCF sur lequel ils jouaient à Montigny-lès-Metz. Mais il s'était rapidement rétracté. Les enquêteurs avaient fini par écarter la piste Leclaire, relevant des inexactitudes dans ses déclarations, et estimant, après une reconstitution, que sa corpulence l'empêchait de monter le talus.

Quelques mois plus tard, un adolescent de 16 ans, Patrick Dils, avait aussi avoué les meurtres avant de se rétracter. Premier mineur condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, il fut, en 2001, l'un des rares détenus français à bénéficier d'une procédure de révision, qui aboutit à son acquittement. La présence du tueur en série Francis Heaulme à proximité du lieu du crime le jour du meurtre, le 28 septembre 1986, avait été un élément clef de cet acquittement. Mais lorsqu'il a été entendu sur l'affaire, le "routard du crime" - qui n'a jamais avoué celui-là - a mis en cause Henri Leclaire: il l'aurait vu, ensanglanté, à proximité des lieux du crime ce même 28 septembre 1986.

- Une "fiction journalistique", selon l'avocat de Leclaire

Ces accusations n'ont pas suffi pour incriminer M. Leclaire qui a bénéficié d'un non-lieu, et Francis Heaulme a finalement comparu seul le 31 mars 2014 aux assises. Mais le procès a été ajourné dès le deuxième jour d'audience, après des témoignages de dernière minute incriminant à nouveau Henri Leclaire.

Il y avait celui d'une femme devant laquelle il aurait évoqué l'affaire de Montigny après lui avoir livré ses courses, expliquant avoir "attrapé" les enfants, mais pas les avoir tués. Et le récit d'un cheminot, qui s'est souvenu avoir vu un homme "ressemblant à 90%" à M. Leclaire, les vêtements ensanglantés, le jour du double meurtre.

Déjà condamné sept fois pour neuf meurtres, dont deux fois à la perpétuité, Francis Heaulme avait à l'audience réitéré avoir aperçu Henri Leclaire en train de descendre le talus en courant, les vêtements en sang. Les deux hommes auraient-ils pu commettre le crime ensemble? La chambre de l'instruction a estimé jeudi qu'il ne s'agissait que d'une hypothèse "journalistique" et qu'elle n'avait pas à "se prononcer sur une fiction", ont rapporté les avocats.

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Les éléments qui avaient conduit à la suspension du procès et à une nouvelle mise en examen d'Henri Leclaire ne sont que "des témoignages grand-guignolesques de gens peu sérieux qui sont venus pendant deux ans brouiller les cartes, faire souffrir les parents des victimes", a commenté jeudi Me Hellenbrand. Le non-renvoi aux assises d'Henri Leclaire est une bonne nouvelle "pour lui, parce qu'un procès aurait été une épreuve physique. Mais ce qui est dommage c'est que cela a fait perdre un an et demi aux familles", a ajouté l'avocat.

"On ne perd pas de temps dans une affaire aussi grave", a rebondi l'avocate de la mère de Cyril Beining, Me Dominique Boh-Petit. "Mme Beining a eu le temps d'apprendre la patience (...) Dans ce dossier cela fait 30 ans que la justice commet des erreurs, les unes après les autres, et des erreurs dramatiques".

(Avec AFP)

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