Dans la Meuse, 100 millions d'investissement chinois et l'espoir de 200 emplois
Cent millions d'euros d'investissement et le Premier ministre en invité d'honneur: l'entreprise chinoise Inesa va poser lundi la première pierre de son usine de Led dans la Meuse, qui doit voir le jour d'ici la fin de l'année 2017.
C'est parce que la France, c'est le coeur de l'Europe que l'entreprise chinoise, dont la ville de Shangaï est l'unique actionnaire, a choisi la Meuse pour construire sa première usine de diodes électroluminescentes hors de Chine, a expliqué le directeur de l'entité Europe d'Inesa, M. Zhaoqi Meng.
Le futur site, implanté à quelques encablures de la gare Meuse TGV, qui relie Paris ou l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle en à peine une heure, emploiera quelque 200 salariés, dont un quart environ seront des chercheurs et des ingénieurs du centre de recherche et développement.
A peu près 15% des ingénieurs et techniciens seront des Chinois. Le reste, entre 80 et 85% du total des employés, seront des Français, a précisé M. Meng, soulignant l'importance du Made in France pour conquérir le marché européen, où les produits qui viennent de Chine ont une mauvaise image.
Avec son installation en Meuse, Inesa entend notamment convaincre des municipalités, des aéroports, des usines de s'équiper en ampoules Led, qui consomment 80% moins d'électricité que les traditionnelles ampoules à incandescence.
Manuel Valls lundi pour la première pierre
L'entreprise, bras armé de la Chine dans le domaine des Led, est même prête à mettre 3 milliards d'euros sur la table pour aider des agglomérations à s'équiper, comptant se faire rembourser sur les économies d'énergie.
Cela ne sera pas évident, reconnaît M. Meng, de gagner ces marchés public, mais on trouve toujours des solutions lorsque l'on veut faire les choses.
Comme pour les coûts de production, plus élevés en France qu'en Chine, le directeur Europe ne semble pas inquiet: on trouvera des solutions, et de toute façon il fallait venir s'installer ici, estime-t-il, ajoutant que produire en France supprime les coûts de transport ou de douane, notamment. Inesa compte aussi sur le soutien du gouvernement français, dont le chef, Manuel Valls, avait signé en Chine l'accord pour l'installation de l'usine le 29 janvier 2015.
La France est sincère sur l'économie verte, explique M. Meng en évoquant la COP 21, au cours de laquelle la maquette de l'usine a été dévoilée.
En parallèle de l'usine de Meuse, INESA entend réaliser un programme d'acquisitions ambitieux pour lui conférer une force de frappe de 12.000 à 15.000 salariés en Europe, selon un communiqué de l'entreprise, dont le chiffre d'affaire tourne autour de 8 milliards d'euros.
La crainte d'un nouveau "Terra Lorraine"
Outre son positionnement géographique proche de Paris, mais aussi de l'Allemagne, la Meuse n'était pas une terre totalement inconnue pour Inesa, qui travaille depuis plusieurs années avec le groupe d'électronique français Arelis, dont le siège social est situé dans ce département fortement touché par les restructurations militaires ces dernières années.
Des ingénieurs d'Arelis seront d'ailleurs également installés dans ce centre de recherche, a confirmé le président de cette entreprise, Pascal Veillat.
A la recherche de nouveaux pourvoyeurs d'emplois, la Meuse accélère sa mutation vers les nouvelles technologies: à Commercy, le motoriste aéronautique Safran et son partenaire américain Albany ont ouvert une nouvelle usine en 2014, inaugurée par François Hollande. Le site, que Manuel Valls entend également visiter lundi, devrait générer 400 emplois directs à l'horizon 2018.
L'usine, inaugurée fin 2014 par François Hollande, a permis de mener une action de reconquête industrielle dans un bassin d'emploi fragile, selon Matignon.
Mais dans cette région, où le FN a dépassé les 40% aux dernières régionales, l'expérience Terra Lorraine a aussi laissé un goût amer: ce pôle d'affaires franco-chinois qui devait voire le jour à Illange, en Moselle, et apporter 3.500 emplois, ne verra finalement jamais le jour, après avoir suscité de très grands espoirs.
(Avec AFP)
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