En Lorraine, un artiste propose la création de tombes "faites maison"
"Faire soi-même son monument funéraire ou le faire réaliser par un artiste proche de la famille": c'est ce que préconise l'artiste plasticien lorrain Pierre Aubert, 58 ans, spécialiste de l'art funéraire, qui estime la démarche nécessaire "pour commencer son travail de deuil".
Fervent pourfendeur du recours systématique au granit pour les pierres tombales, il propose des sépultures personnalisées, dans des matériaux variés, en fonction de la personnalité du défunt, des circonstances de son décès et des souhaits de la famille.
"Je voudrais que les magasins de bricolage proposent un rayon funéraire", explique ce militant des tombes "faites maison". Selon lui, il est en effet "très mauvais de ne pas mettre la main à la pâte pour commencer son travail de deuil". Et Pierre Aubert d'exhiber la photo d'une pierre tombale décorée par la famille d'un défunt à l'aide de petits cailloux. "Réaliser soi-même son monument funéraire, ou le faire réaliser par un artiste proche de la famille, cela me semble toujours mieux que ces pierres tombales en granit poli", estime-t-il.
Fustigeant les tarifs de ce qu'il nomme le "lobby funéraire" qu'il accuse de pratique une "marchandisation de la douleur", Pierre Aubert explique que l'on peut faire une économie de 1.000 euros sur sa facture d'obsèques en ne prenant pas les options "porteurs de cercueil" et "construction d'un monument funéraire". "Les pompes funèbres dévorent les parts du marché, ce n'est pas sain", dénonce-t-il.
Convaincu que les cimetières "apportent un supplément d'âme et créent du lien social", il défend l'idée selon laquelle "la douleur peut être diminuée par le fait de voir de belles choses".
- Contre le "lobbie des pompes funèbres" -
Pour la Toussaint, Pierre Aubert a choisi d'exposer une sépulture en carton à Saint-Mihiel (Meuse). C'est là que se trouve, dans l'église Saint-Etienne, le "Sépulcre de Saint-Mihiel", un chef d'oeuvre de l'art funéraire réalisé au XVIe siècle par le sculpteur lorrain Ligier Richier, qui représente la mise au tombeau du Christ.
L'oeuvre de Pierre Aubert est sensiblement différente: "il s'agit d'un monument en carton avec une durée de vie périssable présentant deux croix qui fusionnent. Je l'ai baptisée +Un couple de chrétiens amoureux+. Cela sent la plénitude et l'union", commente son auteur. En l'exposant, cet ancien galeriste d'art qui a également travaillé un temps dans la communication espère aussi faire connaître le nouveau métier qu'il souhaite développer dans cette commune de 4.300 âmes: "sépulteur", issu de la contraction de sépulture et de sculpteur. Il compte déjà à son actif quelque 18 monuments et une dizaine d'urnes, toutes personnalisées.
Pierre Aubert a notamment réalisé des tombes avec nichoirs, perchoirs et mangeoires pour oiseaux, une tombe en osier tressé, une autre avec une chaise pour inviter à s'assoir, ou une sépulture dotée d'un miroir pour rappeler à l'homme sa condition de mortel... Ou encore cette tombe en bac à sable avec une douzaine d'angelots sur laquelle les visiteurs peuvent laisser un message pour deux fillettes décédées dans un accident de voiture.
Si la demande pour de telles sépultures personnalisées se développe, cela pourra générer des emplois, assure-t-il. "Il faut amorcer la pompe: cela n'a jamais été essayé mais cela ne veut pas dire que ce n'est pas réalisable", lance-t-il, optimiste.
(Avec AFP/ Archives)
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