A Creutzwald, la kamikaze était "extravertie" et "buvait de l’alcool" avant l’obsession du djihad

Moselle-Est - 19/11/2015 18h19 - mis à jour le 20/11/2015 10h34
LORACTU.fr La Rédaction
A Creutzwald, la kamikaze était "extravertie" et "buvait de l’alcool" avant l’obsession du djihad
Société
Hasna Ait Boulahcen, la cousine d'Abdelhamid Abaaoud. PHOTO : REX/ Sipa

La femme kamikaze qui a vécu un temps chez son père à Creutzwald (Moselle) est décrite comme «extravertie» et «un peu paumée». Mais avant de basculer dans le djihad, cette Française de 26 ans était plutôt vouée aux affaires. Elle gérait une société de maçonnerie.

La ville de Creutzwald – 13 000 habitants – est sous le choc en Moselle. Dès hier, plusieurs médias et des sources proches de l’enquête ont montré les liens qui unissent cette femme kamikaze, prénommée Hasna Ait Boulahcen, et la Lorraine. Son père habite dans un appartement d’un quartier populaire de cette ville dans l’impasse du Dauphiné. Dès hier, le quartier a été complètement bouclé par les gendarmes. Le père de la terroriste qui s’est fait exploser dans un appartement de Saint-Denis est d’ailleurs en voyage au Maroc depuis cet été d’où il est originaire. Les gendarmes se sont donc contentés de poser des scellés sur l’appartement sans mener de perquisitions.

"Fêtarde", "extravertie" mais "paumée"

Cette jeune femme rendait régulièrement visite à son père à Creutzwald où elle a conservé des amis et des connaissances. «Elle trainait dans le quartier avec des amis, elle fumait, elle sortait le soir, elle buvait, en fait ce n’était pas vraiment une vraie musulmane» assure un jeune du quartier sous couvert d’anonymat rencontré par France 3. Une autre jeune femme de Creutzwald assure quant à elle se souvenir de Hasna Ait Boulahcen. «Une fille comme les autres, elle buvait, elle allait en boîte (…) Elle n’habitait pas ici mais rendait souvent visite à son père comme toutes les filles… Elle était plutôt gentille, marrante. Rien ne laissait penser qu’elle serait intégriste, qu’elle serait dans un mouvement comme ça (Daesh, NDLR) un jour» conclut la jeune femme sous le choc. «On ne l’a jamais vu avec une djellaba, c’est la première fois que je la vois avec un voile» assure un garçon de ce quartier populaire.

Jérôme, cité par la radio locale Radio Mélodie, assure l’avoir rencontré en 2011. «Je l’ai connu en 2011, on a passé toutes nos soirées ensemble. Elle était joyeuse, festive, elle faisait toujours la fête… Comment on peut arriver à un acte pareil ?» s’interroge le jeune homme qui l’a connu quand elle avait 23 ans. «Elle parlait de l’armée française comme quoi elle allait, elle voulait s’engager…» dit-il. «Elle était perdue dans sa vie, elle s’est faite manipuler… elle est tombée sur de sales personnes (…) elle avait un contact facile, elle a pris les mauvais choix» déplore cet habitant de la cité Maroc de Creutzwald.

Obsédée par le djihad

Le quartier "Maroc" à Creutzwald (Moselle) où la jeune femme passait plusieurs semaines avec son père. 

PHOTO : GOOGLE STREET VIEW/ LORACTU.fr

La jeune femme est née en 1989 à Clichy-la-Garenne en région parisienne et y vivait avec sa mère qui habite aujourd’hui à Aulnay-sous-Bois en région parisienne dans la banlieue «chaude». Issue d’un milieu populaire, son père originaire du Maroc s’est installé en France en 1973. Il a déménagé à Creutzwald en 2005. D’abord, elle y a domicilié sa société de BTP à Creutzwald avant de la fermer et d’en ouvrir une autre en Ile-de-France qui serait en cours de liquidation par la justice. Son nom apparaît le 15 mai 2013 dans une annonce légale confirmant sa nomination de gérante de Beko Construction, une société de maçonnerie implantée à Clichy-sous-Bois.

Elle était «extravertie, un peu paumée» selon un habitant cité par Le Républicain Lorrain. «Elle n’avait vraiment pas l’air d’une kamikaze et buvait de l’alcool !» assure-t-il. «On s’en souvient bien, on l’appelait la femme cow-boy parce qu’elle portait toujours un grand chapeau» assure-t-il, notant que Hasna Ait Boulahcen passait des séjours de deux à trois semaines chez son père à Creutzwald. Elle disait également avoir fait des études à Metz mais l'Université de Lorraine n'a pas retrouvé de traces de son inscription. 

Des perquisitions étaient en cours ce jeudi 19 novembre chez la mère de la kamikaze présumée en région parisienne. Selon des sources policières, elle ne serait pas visée par une interpellation mais par de possibles téléphones qui auraient pu être utilisés par la jeune femme. La mère de cette bombe humaine aurait coupé ses liens avec sa fille quand elle s’est radicalisée.

Le point faible sur écoute du commando terroriste

«La jeune fille était en fait le point faible du commando : mise sur écoute, +triplement branchée+» comme l'explique i>Télé, à la fois par les services judiciaires (Sdat), de renseignement et la police. Outre son lien de parenté et sa proximité idéologique avec Abdelhamid Abaaoud, Hasna était en effet pistée par la police pour des trafics de stupéfiants selon L’Obs. Mise sur écoute, elle aurait prévenu des complices de prendre la fuite en région parisienne. En fait, c'est en écoutant les appels de Hasna  que les enquêteurs ont pu remonter la piste de l'appartement de Saint-Denis, après les planques d'Alfortville et de Bobigny et ont lancé l’assaut mercredi matin à l’aube. Dans cet appartement, ils ont réussi à tuer le cerveau des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud.

La jeune femme presque trentenaire a voulu faire le djihad depuis des années. Elle n'a jamais pu aller en Syrie ou en Irak, mais elle a proposé ses services pour faire des attentats en France. Elle était «obsédée» par le djihad ces dernières années au fur et à mesure de sa radicalisation notamment opérée par son cousin Abdelhamid Abaaoud qui est l’organisateur des attentats de Paris, mêlé également à 4 autres attentats déjoués en France ces derniers mois selon le ministre de l’Intérieur. Sur sa page Facebook, consultée par le journal belge DH avant sa surppression, elle ne cache pas son admiration pour Hayat Boumeddiene, la compagne de feu Amedy Coulibaly, le terroriste de l’Hyper Cacher lors des attentats de janvier. Elle aurait également fait figurer son intention de partir en Syrie. «Jver biento aller en syrie inchallah biento depart pour la turkie !» aurait-t-elle écrit sur son profil, le 11 juin dernier.

La femme kamikaze offre une première historique bien regrettable à la France et à l’Europe. Jamais une femme kamikaze ne s’était fait exploser. D’ailleurs, selon plusieurs experts, l’Etat Islamique n’a encore jamais demandé à une femme de combattre et de se faire exploser. Ce serait aussi une première pour l’organisation terroriste.

Le parquet de Paris chargé de l’enquête n’a pas encore officiellement confirmé l’identité de cette femme kamikaze. 

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2Commentaires

Urgo
Victor U. - il y a 3 mois
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C'est quand elle a arrêté de picoler....que tout à mal tourner. Comme quoi....l'alcool était peut être sa planche de salut !!! Répondre
citoyen
citoyen M. - il y a 3 mois
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Encore une "fiche" S en liberté. Répondre
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