Attentats : le père d’Hasna Ait Boulahcen entendu par les enquêteurs à Creutzwald
Le père de la terroriste de Saint-Denis qui est la cousine de l’organisateur présumé des attentats de 13 novembre a été entendu en fin de semaine dernière par les enquêteurs. Dès son retour à Creutzwald (Moselle), l’homme a dû expliquer ses liens avec sa fille.
Les enquêteurs ont entendu vendredi le père d’Hasna Ait Boulahcen, la jeune femme qui est morte dans l’appartement de Saint-Denis lors d’une impressionnante opération policière. Dans le logement se trouvait également Abdelamid Abaaoud, son «cousin», présenté à ce stade de l’enquête comme le coordinateur présumé des attentats de Paris du vendredi 13 novembre. Un troisième terroriste dont l’identité n’a pas encore été communiquée par le parquet de Paris est également mort dans l’assaut de la BRI et du GIGN.
Décrite comme fêtarde, elle se serait brusquement radicalisée
Mohammed Ait Boulahcen, le père âgé de 76 ans, a été entendu dans les locaux de la gendarmerie de Creutzwald encadré par les enquêteurs de l’antenne de Metz du SRPJ de Strasbourg en lien avec la sous-direction antiterroriste qui travaille sur les attentats de Paris sous l’égide du Procureur de la République de Paris. L’homme qui parle un Français sommaire a été aidé d’un traducteur pour répondre aux questions des policiers lors d’une audition qui n’était pas effectuée dans le cadre d’une garde-à-vue. Selon une source proche de l’enquête, le père de famille ne s’est pas montré hostile à coopérer avec les policiers. Installé à Creutzwald depuis 2005, le père d’Hasna passe beaucoup de temps au Maroc depuis sa retraite. Il avait été embauché dans une usine automobile PSA en Lorraine.
Lors de son audition, le père de la terroriste aurait affirmé qu’il n’avait plus beaucoup de contacts avec sa fille. Il l’aurait vu au Maroc avant l’été lors de ses vacances où elle portait effectivement le niqab. Une tenue qui tranchait avec sa façon de s’habiller en France avant sa radicalisation, selon des nombreux témoins proches de la jeune femme de 24 ans. Lors de son interrogatoire par la SRPJ, le patriarche a également assuré que sa fille n’avait pas forcément le profil dépeint par ses amis de Creutzwald. Ses connaissances affirmaient qu’Hasna était «fêtarde», «extravertie», «buvant de l’alcool» et «sortant dans les discothèques».
Peu de contacts avec elle, d’après le père
Le quartier "Maroc" à Creutzwald (Moselle) où la jeune femme passait plusieurs semaines avec son père.
PHOTO : GOOGLE STREET VIEW/ LORACTU.fr
Le père a bien confirmé le port du niqab par sa fille du jour au lendemain. «Pas choquant» selon lui, ne s’inquiétant pas d’une possible radicalisation selon une source proche de l’enquête.
D’après plusieurs sources, si Hasna n’avait pas été sur le terrain des attentats de Paris le soir du 13 novembre, elle aurait joué un rôle actif dans la coordination des actions et la logistique. Placée sur écoute, c’est elle qui a mis les enquêteurs sur la piste de la «planque» de Saint-Denis. Elle aurait également aidé à préparer des attentats à La Défense prévus quelques jours après le Bataclan et les terrasses de café. Présentée comme la kamikaze de l’appartement, les enquêteurs ont finalement établit que la personne qui s’est faite exploser est un homme.
Selon plusieurs sources, la DGSE (renseignements extérieurs) aurait alerté la DGSI (renseignements intérieurs) la veille des attentats de la possible préparation d’un acte terroriste en écoutant les conversations téléphoniques d’Hasna Ait Boulahcen. Mais une erreur d’orthographe sur son nom ou la sous-estimation du risque concret d’une attaque auraient empêché une action des renseignements. Le ministre de l’Intérieur a démenti cette information donnée notamment par le Petit Journal de Canal+.
"Un lavage de cerveau", selon sa mère
«C'est un lavage de cerveau», avait déclaré la mère de la présumée kamikaze à propos du processus de radicalisation de sa fille, s'exprimant avant la perquisition à son domicile quelques jours après les attentats.
Selon son frère, qui a souhaité garder l'anonymat, la jeune femme s'était brutalement radicalisée il y a environ six mois, en portant le niqab. «Elle était instable, elle s'était fabriqué sa propre bulle, elle ne cherchait aucunement à étudier sa religion, je ne l'ai jamais vue ouvrir un Coran», avait-il indiqué. Dans l'immeuble d'Aulnay où la mère de la jeune femme vit avec ses autres enfants, Hasna avait été encore vue il y a une dizaine de jours. «Il y a trois semaines, elle a décidé de partir vivre chez une amie à elle qui vit à Drancy (Seine-Saint-Denis). Mercredi matin, j'allume ma télé et j'apprends qu'elle se donne la mort», avait expliqué son frère.
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