Déraillement mortel du TGV Est: un essai inquiétant trois jours avant le drame
Un test peu concluant a été mené trois jours avant le déraillement mortel d’un TGV Est d’essai le 14 novembre 2015. Le drame – le plus grave de l’histoire du train à grande vitesse - avait fait 11 morts. Ce lundi, un journal révèle plusieurs failles qui auraient certainement pu éviter le déraillement mortel.
Le journal Le Parisien/ Aujourd’hui en France révèle ce lundi dans une enquête une série de failles qui auraient certainement pu éviter au TGV d’essai du 14 novembre de dérailler dans le Bas-Rhin, entre la Meuse et Strasbourg quelques mois avant la mise en service de la seconde phase de la ligne à grande vitesse Est. Selon le quotidien, un premier essai, réalisé le 11 novembre 2015, pose déjà problème: le conducteur du TGV a eu de grandes difficultés à respecter les vitesses demandées. En trois points kilométriques, le train doit alors freiner brusquement sur une distance courte. Un passage se révèle particulièrement épineux : au point kilométrique 400, le TGV doit passer de 330 à 230 km/h en 1,7 km. Les conducteurs peinent à freiner, les responsables présents de la SNCF et de Systra (une filiale de la RATP chargée de la conception des infrastructures) sont inquiets.
Ce test avait été opéré par une équipe de quatre personnes, filmées dans la cabine conducteur grâce à une caméra GoPro, et dont les images ont été analysées et retranscrites par les enquêteurs. Le test qui s’est révélé mortel a quant à lui également été filmé par une caméra GoPro analysée par les enquêteurs et dont le contenu a été publié par Le Parisien ce lundi 25 juillet. Dans la cabine, le personnel a survécu tandis que les morts sont à compter dans les rames du TGV d’essai. Au milieu des gémissements de douleurs, le calme et l’incompréhension l’emportent. «Ils vont se demander ce qu'on a foutu». «Ah, je sais pas, j'ai pas compris », répond un autre. «On était bon ?», interroge un troisième. «Oh, putain, mais c'est pas possible ! Qu'est-ce qui s'est passé ?» répète une des victimes, quelques minutes plus tard. «On a déraillé... On était trop vite...», selon des propos retranscrits par le quotidien national.
- Un drame qui aurait certainement pu être évité -
Au troisième point kilométrique test, le TGV déraille à 243 km/h. Selon les premières conclusions de l'enquête rendues en mars dernier, le conducteur principal aurait reçu l'ordre de freiner plus tard, avait assuré la SNCF. Une autre version contredit celle avancée par l’opérateur ferroviaire. Un cheminot, présent dans la cabine au moment du déraillement, a confié aux gendarmes qu'on lui a demandé d'effectuer des essais à une vitesse supérieure (360 km/h) à celle autorisée par le protocole (352 km/h). "Je ne souhaitais pas dépasser la vitesse de 352 km/h [...] et je l'ai fait savoir à mon chef de production et j'en ai informé le référent des essais. J'ai reçu un courrier du CIM nous autorisant à rouler à 360 km/h" assure le membre d’équipage.
Le Centre d'ingénierie du Mans (CIM) qui intervient comme expert ferroviaire de la SNCF aurait donné l’autorisation de dépasser la vitesse autorisée. Cet institut est célèbre pour avoir contribué à battre le record du monde de vitesse sur rail en 2007, soit 574,8 km/h sur la ligne Paris-Strasbourg.
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