Lorraine : un chômeur cherche du travail au bord de l'autoroute
Un demandeur d'emploi de 57 ans, qui s'est installé depuis lundi à l'entrée de l'autoroute près de Nancy (Meurthe-et-Moselle) avec une pancarte et son numéro de téléphone dans le but de trouver du travail, a reçu d'innombrables appels et plusieurs annonces sérieuses, a-t-il raconté vendredi à l'AFP.
Chaque matin, entre 6H30 et 9H30, il se tient en bordure de route, muni d'une pancarte sur laquelle sont inscrits son numéro de portable et la phrase: "Je veux travailler". Il a eu cette idée parce que, dit-il, "c'est ici que passent les ouvriers et les patrons qui vont travailler".
"Je ne pensais pas que cela marcherait si vite", s'est étonné Gilles Latraye, au chômage depuis deux ans et demi, touché par l'accueil des automobilistes qui empruntent chaque matin l'autoroute en direction d'Epinal (Vosges). Certains lui adressent des "bravo" ou bien "klaxonnent en signe de soutien". "Il y a même un livreur qui s'est arrêté et m'a emmené boire un café", s'est-il amusé.
Parmi les très nombreux appels, il a eu trois ou quatre annonces sérieuses. Il a été reçu par les services techniques de la ville de Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) et doit passer un entretien vendredi pour un poste de concierge dans un immeuble.
Employé dans le bâtiment pendant 35 ans, l'homme a été licencié en 2013 à la suite d'un accident de travail. Lourdement blessé à un bras, lorsqu'il retrouva son poste après 20 mois d'arrêt-maladie, il fut licencié par son employeur.
Inscrit à Pôle Emploi, il devait effectuer une formation, "mais cela n'a jamais abouti". Aujourd'hui, il dit rechercher du travail à tout prix avec la seule restriction qu'il ne peut plus porter de charge lourde de manière répétée.
"J'aurais dû faire cela bien plus tôt", s'est amusé M. Latraye, ravi du succès de son opération, relayée par la presse régionale, et touché par l'élan d'enthousiasme déclenché par son initiative.
- Un entretien d’embauche à la mairie -
Le chômeur presque sexagénaire a décroché mercredi après-midi un entretien d’embauche à la mairie de Vandoeuvre, sa ville de résidence. Sa détermination a fini par payer. «Au moins il y a un entretien, c’est la chose la plus difficile, décrocher un entretien (…)» assure Gilles. Les services techniques de la ville de Vandoeuvre-lès-Nancy se sont rapprochés de lui pour un entretien. Même si rien n’est fait, il a pu échanger avec le responsable du service et y laisse sa lettre de motivation et son CV. Une opportunité en or pour le chômeur de longue durée qui a reçu de multiples appels et SMS de soutien depuis la médiatisation de son cas.
«Ce matin, très tôt, je recevais un coup de téléphone des services techniques de la ville. Un vandopérien se trouvait désespéré au bord de l'autoroute avec une pancarte où est affiché son numéro de téléphone : il cherche un emploi. Il est évident qu'une mairie n'a pas les moyens de répondre à cette détresse qui se généralise. Sans rien promettre, j'ai donné le feu vert pour que l'administration reçoive ce monsieur afin d'examiner dignement sa demande» a assuré le maire (PS) de Vandoeuvre Stéphane Hablot, mercredi.
Pour le maire socialiste, «le droit au travail est inscrit dans la constitution et que ceux qui s'y étaient engagés démissionnent ! On ne joue pas avec l'exclusion et on ne laisse pas une gangrène ronger la société au risque de faire entrer le loup dans la bergerie» accusant le gouvernement de ne pas s’occuper de la baisse du chômage.
(Avec AFP)
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