A Nancy, une cinquantaine de mesures "fortes" pour relancer le commerce de centre-ville
Le maire UDI de Nancy Laurent Hénart et le «développeur» du centre-ville Nicolas Mollet ont dévoilé une batterie de mesures pour tenter de booster le commerce de l’hyper-centre. Les commerçants, difficiles à convaincre, sont satisfaits d’être entendus et espèrent des mesures urgentes.
Débat central des élections municipales – avec l’emploi, la sécurité et la fiscalité – le commerce de centre-ville continue de déchaîner les passions à Nancy comme dans la plupart des grandes agglomérations qui paient désormais cher le développement des zones commerciales de périphérie et l’essor du commerce en ligne. Dès le mois de janvier, Nicolas Mollet, «développeur» de centre-ville chargé de redresser le commerce mal en point des grandes villes a été recruté par la ville de Nancy. En quatre mois, il a rencontré une cinquantaine de commerçants durant de longs entretiens et des panels de consommateurs afin de proposer des mesures fortes applicables de 2016 à 2019.
Parmi la cinquantaine de mesures, une vingtaine est applicable cette année. Réalisation d’un plan du centre-ville pour une distribution au grand-public, signalétique des commerces de bouche, développement de la communication par internet et les réseaux sociaux, développement d’offres réalisées par les commerçants (livraisons, services personnalisés…), travail sur les horaires d’ouverture, développement des offres pour booster l’usage des parkings et des transports en commun notamment. «La fréquentation du centre-ville a augmenté en 2015 si l’on se base sur les chiffres de fréquentation des parkings et des transports en communs mais le chiffre d’affaires des commerçants n’a pas augmenté» observe Laurent Hénart qui souhaite «inverser la tendance».
- Une vingtaine de mesures appliquées dès 2016 -
La ville souhaite aussi recruter quatre personnes qui seraient chargées d’orienter et d’informer le public dans le centre-ville. Des «Stewart-urbains» ambassadeurs du centre-ville qui permettraient au grand public de mieux s’y repérer. Le maire de Nancy a également rappelé son projet de navettes gratuites qui relieraient les parkings, les pôles commerciaux en ville et les principaux monuments. «C’est l’un des engagements de ma campagne» a-t-il assuré, rappelant en parallèle que la ville et la communauté urbaine travaillent sur un nouveau plan de déplacement urbain. Le futur de la ligne 1 qui doit tirer sa révérence en 2022 sera décidé «en concertation avec les commerçants». Interpellé par des commerçants énervés par la circulation en ville et les embouteillages, M. Hénart a assuré qu’il fallait accepter que le «tout voiture est terminé dans les centre-ville». «Le changement doit être culturel, vos clients et vos futurs clients demandent aussi des offres de transports en commun, des parkings, une meilleure circulation à vélo et à pied» dit-il. «Nancy est une grande agglomération, il faut comprendre que des bouchons il y en aura toujours» assure le maire.
Le maire de Nancy échange avec des commerçants à l'hôtel de ville, lundi 18 avril 2016. (PHOTO: NICOLAS ZAUGRA/ LORACTU.fr)
L’objectif est aussi de créer des liens entre les différents pôles commerciaux, entre Charles III- Saint-Sébastien et la gare, le secteur Saint-Jean-Saint-Georges et la vieille ville. Face aux cellules vides (par exemple l’énorme surface de l’ex-Go Sport ou Darty), l’urgence est de les rendre «invisibles» avec des vitrines personnalisées aux couleurs de Nancy. Dans un second temps, une taxe communale sur les friches commerciales va être adoptée et appliquée visant les propriétaires de locaux commerciaux de ne pas les laisser inoccupés et peut-être de baisser les loyers en permettant à des commerçants indépendants de s’y installer. Certaines surfaces étant devenues hors de prix pour des petites enseignes face aux grandes franchises.
- La gauche réclame un "vrai plan d'actions" -
La gauche quant à elle a dénoncé ne pas «avoir été associé en amont ou en aval» quant aux annonces faites lundi soir aux commerçants par la ville qui demande «un vrai plan d’action concret», critiquant Laurent Hénart d’avoir attendu plus de deux ans après son élection pour tenir des états généraux du commerce. «Parmi les villes les plus convoitées par les grandes enseignes, s’il est de bon aloi d’y voir Paris, Bordeaux, Cannes, des agglomérations comme Grenoble, Strasbourg, Tours et même Metz dépassent Nancy en terme d’attractivité commerciale (…) Remarquons également que la politique d’animation commerciale se répète d’année en année» regrette Bertrand Masson qui conduit le groupe d’opposition PS-ELLV-PC.
Dans l’opposition, on dénonce la place des zones commerciales autour de Nancy. «Les hypermarchés prennent ainsi 57% des achats alimentaires dans le Grand-Nancy quand qu’ils n’en prennent que 47% dans toute la Lorraine et tout juste 45% à Paris. Les marchés municipaux et le petit commerce traditionnel se partagent à peine 10% de ces achats alimentaires dans Nancy et ce taux continue de baisser. Il nous faut changer complètement les règles d’autorisation d’ouverture et de permis de construire pour ré-inciter à l’installation dans les quartiers urbains centraux» fustige la gauche qui demande aussi une refonte du plan de déplacement et de transports en commun.
Pour Sebastien Duchowicz, président des Vitrines de Nancy qui représente les commerçants de la ville, les annonces de la ville "vont dans le bon sens". "Nous attendons ces mesures concrètes depuis longtemps. Il reste encoe la question du financement et le plan d'action concret. Nous attendons aussi des réponses sur les accès au centre-ville et les transports" estime-t-il. Assurant que "tout ne doit pas peser sur le politique", le représentant des commerces déplore l'absence de nombreux commerçants lundi. "Les commerçants demandent que l'on s'occupe d'eux mais il faudrait aussi qu'ils soient là, qu'ils s'implique plus" assure-t-il.
Nicolas Mollet, "ne sauvera pas le centre-ville tout seul"
Nicolas Mollet a trois ans pour "sauver" le centre-ville de Nancy. (PHOTO: NICOLAS ZAUGRA/ LORACTU.fr)
«Je ne suis pas l’homme providentiel du commerce, je ne sauverai pas le commerce de centre-ville tout seul» a assuré Nicolas Mollet lundi soir. Embauché par la ville en janvier 2016, il aura la charge de débaucher de nouvelles enseignes, mieux coordonner les commerçants entre eux, imaginer des animations, écouter les commerçants, lutter contre le vieillissement de certaines cellules, rendre attractif les immeubles vides. «Nous devons lutter contre les verrues. Certains immeubles sont vides et obsolètes. Il faut les remettre sur pieds pour attirer des enseignes» plaide Sylvie Petiot. Ce manager du commerce a déjà fait ses preuves à Mulhouse (Haut-Rhin). «Ce type de profil a pu permettre à la ville, comparable à Nancy, de passer de 16% de vacance commerciale à moins de 8. La ville avait été fortement touché par une crise majeure de son centre-ville» assure l’adjointe chargée de l’économie.
Pour Laurent Hénart, il était «indispensable» de recruter un développeur de centre-ville car personne à la ville n’était chargé de repenser l’offre commerciale, d’attirer de nouvelles enseignes et de changer durablement son image. Pour Nicolas Mollet, de nouvelles «enseignes très surprenantes» vont bientôt annoncer leur arrivée à Nancy. Concrètement, une société d’économie mixte est mise en place permettant à un futur commerçant de bénéficier d’un loyer modéré négocié avec le propriétaire ou dans un local dont la ville a la maîtrise foncière. Des aides également pour la mise aux normes ou la redéfinition de locaux commerciaux.
Nicolas Mollet a désormais trois ans pour relancer le commerce de centre-ville avec une «feuille de route claire et précise» selon le maire. Reste plus qu’à financer les mesures dans un contexte budgétaire contraint.
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