Nancy sous le choc après la fusillade mortelle, les tireurs toujours recherchés
La ville est toujours le choc après la fusillade mortelle survenue samedi matin à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Les proches de la victime veulent comprendre pourquoi il a été exécuté alors qu’il avait «décroché» du milieu de la drogue auquel il été mêlé par le passé. Les tireurs sont activement recherchés.
Les habitants du quartier Croix de Bourgogne s’interrogent toujours sur les motivations des tireurs qui ont sauvagement exécuté un père de famille de 34 ans samedi matin vers 9H20 en pleine rue. En plein jour alors qu’il marche dans la rue, Khaled Arbouze a été abattu par deux hommes cagoulés équipés de deux armes de poing qui ont tiré au moins une vingtaine de fois. «Ce qui me choc le plus, c’est l’acharnement des tireurs mais aussi l’heure et le lieu du meurtre» assure un riverain ce mardi quatre jours après la fusillade. «Ils avaient clairement la volonté de tuer (…) Des dizaines de passants étaient aux alentours, dans les commerces, dans le parc… N’importe qui aurait pu recevoir une balle perdue» poursuit-il.
Sur l’arbre situé à quelques mètres de la route où le corps du trentenaire est resté pendant plusieurs heures sous un drap blanc, des dizaines de fleurs et des mots ont été déposés par des proches. Même des riverains qui ne connaissaient pas la victime ont déposé des bougies ou des fleurs. «J’ai laissé une rose parce que c’est inacceptable de mourir en pleine rue abattu par des lâches que l’on soit ou que l’on ait été mêlé à des trafics de drogue» assure une retraitée. «Nous n’avons jamais vu ça depuis des décennies à Nancy et même dans la région» assure un policier de la ville rompu aux règlements de comptes et aux affaires d’armes à feu. «On a plus l’habitude aux règlements de comptes où l’on tire dans les jambes, dans le genoux, dans le pied pour faire peur… Là, on a des tirs à bout portant avec un mode opératoire sans aucune pitié, aucune hésitation».
- "Du jamais vu à Nancy" -
Selon plusieurs témoignages concordants, une arme à feu a été ramassée près du corps de la victime qui gisait au sol durant une partie de la matinée. Il s’agirait, d’après nos informations, d’une troisième arme peut-être portée par le père de famille de 34 ans abattu de plusieurs balles alors qu’il sortait de son appartement situé dans le quartier de la Croix de Bourgogne. «La police a ramassé une arme près du corps» rapporte un témoin interrogé par LORACTU.fr tandis qu’un autre témoin de la scène d’horreur confirme également la présence d’une arme au sol au moment de l’arrivée des secours et de la police.
Des balles perdues qui ont terminé leur course sur un garage dans la rue où a été tué le trentenaire.
(PHOTO: LORACTU.fr)
Les témoins assurent que les deux tireurs repartis en courant vers un petit utilitaire blanc conduit par un troisième homme avaient chacun avec leurs armes. «Une arme semblait plus grande que l’autre» dit une femme qui a vu ce père de famille de deux enfants se faire abattre sur la route. L’arme appartenait-elle à la victime ? S’apprêtait-il à en faire usage pour se défendre ? Se savait-il menacé ? Les enquêteurs de la PJ de Nancy doivent répondre à ces questions tandis que les tireurs sont toujours activement recherchés. Les premiers relevés balistiques sur place laissent penser que deux armes différentes ont été utilisées, de calibres 9mm et 11,43mm. Une vingtaine de douilles ont été retrouvés dans la rue.
Le parquet de Nancy s’est refusé à tout commentaire depuis samedi matin tant sur l’identité de la victime, sur le mode opératoire, sur le mobile du crime, les premiers résultats médico-légaux ou encore la présence de cette troisième arme. Le procureur de Nancy avait pourtant assuré que des éléments pourraient être communiqués dès lundi mais aucune conférence de presse n’a été organisée.
"Aucune piste n'est privilégiée" mais les enquêteurs pensent que la victime n'a pas été visée de manière "fortuite", a dit aux journalistes samedi matin le vice-procureur Michel-Simon Journo.
"J'ai entendu des détonations. J'ai vu deux hommes grands et fins, cagoulés, qui tiraient sur un autre, au niveau du passage piétons. Il s'est écroulé", a raconté une femme qui a assisté à la scène, depuis le salon d'esthéticienne tout proche où elle travaille. "Il n'y a eu aucun cri, aucune parole d'échangée", a-t-elle ajouté. A LORACTU.fr, elle a précisé que les deux tireurs "n’étaient pas dans un état d’agitation".
- Condamné pour trafic de stupéfiants -
La victime dont l’identité a fuité, notamment par le témoignage de ses proches recueillis samedi en fin d’après-midi par LORACTU.fr était connue de la justice. Khaled Arbouze âgé de 34 ans était père de deux jumelles. Originaire de Laxou dans la banlieue de Nancy, il venait d’acheter un appartement dans le quartier qu’il était en train de rénover. Travaillant notamment dans l’immobilier, il avait été condamné pour avoir participé à un vaste réseau de stupéfiants. En 2005, la Cour d’assises de Nancy le condamne à trois ans de prison tandis que six autres personnes ont été condamnées pour trafic de stupéfiants en bande organisée dans le cadre d’un réseau de drogue qui avait comme point principal le Maroc jusqu’à Nancy où la marchandise était écoulée.
(PHOTO: LORACTU.fr)
"Il s'était manifestement repenti. Il était parti vivre dans le sud de la France avec sa compagne et ses deux jumelles, puis était revenu s'installer à Nancy depuis au moins un an", a assuré une source proche du dossier à l’AFP, précisant qu'il s'était lancé dans une activité immobilière, achetant des appartements qu'il revendait après les avoir rénovés. Il avait un "passé" en lien avec les stupéfiants, mais "n'a jamais été inquiété depuis son incarcération", a dit de son côté une autre source proche du dossier.
Outre les éléments relevés sur la victime, sa voiture saisie dans le quartier, le témoignage de ses proches, l’audition de ses témoins et la vidéosurveillance, les enquêteurs vont surtout se concentrer sur le passé de cet homme et sur le réseau de stupéfiants auquel il était mêlé. La tête de réseau avait été condamnée à 12 ans de prison. Les trois hommes dont deux tireurs sont toujours activement recherchés. La plaque d’immatriculation de leur véhicule était fausse et ils étaient gantés et cagoulés selon plusieurs témoins, rendant le travail d’enquête bien plus difficile.
- "Il avait changé de parcours, il s’était repenti" -
Un ancien ami d’enfance qui a étudié avec Khaled Arbouze a assuré qu’il avait «changé de parcours» en s’éloignant de son passé de trafiquant de drogue, insistant qu’il n’était pas le principal acteur de ce réseau démantelé il y a plus de cinq ans. Selon lui, le seul «ami» qui a accepté de livrer son témoignage dans les médias, il s’était concentré sur ses activités en lien avec l’immobilier. «Gentil, sympathique et beau» résume cet ami d’enfance. «Il avait réussi malgré son passé. Il avait quitté le quartier des Provinces (un quartier classé en Zone de Sécurité Prioritaire, NDLR)». «Beaucoup étaient jaloux de cette réussite», «de son argent» poursuit-il sous couvert d’anonymat. Sur les mots laissés avec les fleurs à proximité des lieux de la fusillade, on peut y lire des mots d’hommages et d’affection mais aussi «on te vengera» préviennent certains proches.
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