Les plots en béton de la Place Stanislas à Nancy divisent la population

Société

La vingtaine de plots en béton de plusieurs tonnes se mêlent désormais à l’architecture de la Place Stanislas et de ses rues adjacentes. Depuis ce jeudi, 23 plots en béton ont été installées par la municipalité sous l’impulsion de son maire (UDI) Laurent Hénart. Objectif : contenir une éventuelle attaque terroriste ou un accident grave impliquant une voiture ou un camion fou. Après l’attaque de Nice qui a impliqué un camion de 19 tonnes qui n’a pas pu être arrêté par des barrières ou des voitures, le maire de Nancy n’a pas vraiment hésité. Les plots automatiques déjà installés aux cinq entrées ne suffisent pas en cas d’arrivée rapide de véhicules.

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Avec l’appel de Daesh dès 2014 à utiliser des véhicules ou des couteaux, la crainte des autorités est palpable en cas de grands rassemblements. Surtout que les municipalités comme les préfectures ne veulent pas interdire systématiquement tout rassemblement extérieur, au nom de la continuité à vivre malgré une menace à son plus haut niveau. Chaque soir, des centaines voire des milliers de personnes - en cas de météo favorable – sont rassemblées sur la Place Stanislas pour admirer durant une vingtaine de minute le son et lumière estival. Durant toute la soirée, les terrasses sont bondées et l’arrivée rapide d’un véhicule pourrait provoquer un carnage.

- Un restaurateur en colère, des passants divisés -

Douze plots ont été apposés Rue Sainte-Catherine près de la préfecture de Meurthe-et-Moselle et onze Rue Stanislas. Les entrées de l’Arc Héré, de la Rue des Dominicains ou de la rue Maurice Barrès ont conservé leurs plots simples amovibles. Les plots ont été disposés pour que les camions de livraison puisse slalomer à petite vitesse ainsi que les véhicules de secours (police, pompiers, ambulance) ou encore le petit train touristique.

Hier soir, dans les terrasses chargées de la Place Stanislas et de ses alentours, étaient partagées. «Il y a un vrai besoin de sécurité, ça nous rassure» assure un touriste du sud de la France. D’autres estiment «qu’on aurait pas dû attendre le drame de Nice mais y penser bien avant». «Toutes les villes devraient y penser autour des grandes places et des lieux de rassemblement» assure Luc, qui partage de nombreuses soirées entre amis sur la Place Stanislas durant l’été. «C’est un lieu symbolique, la place de tous les nancéiens» poursuit-il, estimant «qu’un attentat aurait un fort écho et traumatiserait la ville». «Cela va ne servir à rien, le prochain attentat se déroulera avec de nouveaux modes opératoires. Après le camion, l’arme blanche, le kamikaze, la fusillade à l’arme de guerre, ils trouveront autre chose…» estime un serveur d’un bar de la Place, dépité. 

«Il faudrait les peindre ces plots en béton ! C’est utile mais c’est laid !» assure une passante. «Toutes les entrées ne sont pas protégées. Certes les deux principales le sont mais pas celle de la rue des Dominicains ou de la rue Héré, une voiture folle peut y passer à toute vitesse et faire un carnage» constate un commerçant voisin. 

- En décembre 2014, un fourgon fou fonçait sur la Place Stan -

En décembre 2014, un fourgon fou avait réussi à défoncer des plots amovibles – côté entrée rue des Dominicains – et a foncé en pleine nuit sur la Place Stanislas. Sans motivation terroriste, le chauffard arrivant à pleine vitesse était drogué. Une femme avait été grièvement blessée, écrasée par ce fourgon utilitaire. 

Pour la conseillère municipale (Les Républicains) Valérie Debord, porte-parole du parti dirigé par Nicolas Sarkozy, cette initiative du maire est une bonne chose. «Je me félicite de l’installation de 23 plots de béton pour empêcher un véhicule de commettre un attentat Place Stanislas. Il fallait réagir vite après Nice et Laurent ‪‎Hénart‬ a raison de prendre la mesure de la nouvelle dimension sécuritaire suscitée par l’état d’urgence. Son action permettra de protéger les habitants et les visiteurs de la place Stanislas, notamment lors des manifestations rassemblant beaucoup de monde comme les sons et lumières, le Livre sur la Place. Les Nancéiens sont protégés, c’est la priorité» a-t-elle assuré sur les réseaux sociaux.

A l’inverse, ces plots ont béton ont mis en furie un restaurateur de la Rue Stanislas. Deux plots gris ont été installés juste devant sa terrasse. «Inadmissible. Il faut que Laurent Hénart démissionne après avoir laissé faire ça !» estime Bruno Bonnet, propriétaire de deux restaurants à Nancy, «Paparazzi» et «I Biscotti» rue Stanislas, cité par L’Est républicain de ce vendredi. Il dénonce le «manque de concertation» estimant ne pas avoir été prévenu par la ville.