Le cousin d’Abdel Malik Petitjean, originaire de Nancy mis en examen et écroué
Un proche d'un des deux jeunes jihadistes qui ont égorgé le 26 juillet un prêtre en pleine messe près de Rouen a été écroué dimanche du fait de sa connaissance présumée de ce projet terroriste, pendant que des centaines de musulmans priaient dans les églises de France aux côtés des catholiques.
Farid K., 30 ans, cousin d'Abdel Malik Petitjean, l'un des deux auteurs de l'attaque de mardi dernier dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, a été mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle", a annoncé le parquet de Paris.
L'homme, originaire de Nancy, "avait parfaitement connaissance, si ce n'est du lieu et du jour précis, de l'imminence d'un projet d'action violente de son cousin", a indiqué le parquet. Dans une autre enquête liée à une filière de candidats au jihad, un autre homme lié à Petitjean, Jean-Philippe J., 20 ans, a lui aussi été mis en examen dimanche et écroué. Fiché "S" (signalé pour radicalisation), il s'était rendu le 10 juin avec lui en Turquie avant d'être refoulé le lendemain par les autorités turques.
En revanche, faute d'élément démontrant une quelconque implication dans les faits, la garde à vue d'un demandeur d'asile syrien interpellé jeudi dans l'Allier a été levée. Cinq jours après la prise d'otages et l'assassinat de Jacques Hamel, prêtre de 85 ans, l'enquête a aussi mis en lumière les liens, semble-t-il très récents, entre les deux tueurs.
Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, 19 ans tous les deux, qui vivaient à 700 kilomètres de distance, seraient entrés en contact quelques jours seulement avant l'attentat via la messagerie chiffrée Telegram. Adel Kermiche aurait décrit par avance sur Telegram le mode opératoire de l'attaque, mentionnant "un couteau" et "une église".
Deux autres personnes avaient déjà été mises en examen. Un mineur de 17 ans qui avait cherché à partir en Syrie avec Adel Kermiche en 2015 a été arrêté à Genève lors d'une seconde tentative et remis à la France où il a été emprisonné. Omar C., 19 ans, lui aussi "fiché "S" et arrêté dans une enquête distincte deux jours avant la prise d'otages de Saint-Etienne-du-Rouvray, a été mis en examen vendredi. Une vidéo d'Abdel Malik Petitjean, dans laquelle celui-ci prêtait allégeance à l'EI et évoquait "une action violente", avait été trouvée dans un téléphone à son domicile.
- 'Espérance en marche' -
Par ailleurs, dans les églises de France, des fidèles catholiques et musulmans ont participé ensemble à la messe du dimanche. Près de 2.000 fidèles, dont au moins une centaine de musulmans, ont assisté à Rouen à la vibrante homélie de Mgr Dominique Lebrun. "Notre monde se découvre solidaire d'un bout à l'autre de la planète, a déclaré l'archevêque. Devant l'horrible et injuste mort d'un simple prêtre, des messages parviennent du monde entier. C'est l'espérance en marche".
Le pape François lui-même, dans l'avion qui le ramenait dimanche soir des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en Pologne, a refusé de faire l'amalgame entre islam et violences. "Si je dois parler de violences islamiques, je dois aussi parler de violences chrétiennes. Dans presque toutes les religions, il y a toujours un petit groupe de fondamentalistes. Nous en avons nous aussi", a-t-il insisté. A Lens, une trentaine de musulmans ont pris place dans la nef de l'église Saint-Léger, arborant des tee-shirts sur lesquels on pouvait lire: "Le terrorisme n'a pas de religion ni d'identité". Fait rare, la célébration s'est terminée par des applaudissements.
Certains fidèles musulmans ont sans doute hésité à passer le seuil des églises, comme à Saint-Paul, intimidant édifice du quartier du Marais à Paris. Le curé, le père Pierre Vivarès, a cependant fait lire en arabe la 2e lecture de la messe. "En communion avec les chrétiens arabophones" d'Orient mais aussi pour "saluer nos compatriotes musulmans", a-t-il dit.
Les obsèques du père Jacques Hamel auront lieu mardi à 14H00 à la cathédrale de Rouen.
Sur le plan politique, le Premier ministre Manuel Valls a de nouveau exprimé son souhait que les mosquées de France ne soient pas financées par l'étranger. Il a suggéré d'"accroître en compensation les possibilités de levées de fonds en France", dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche. Le député LR Eric Ciotti s'est lui dit dans un communiqué "totalement opposé" à la "vision culpabilisatrice du Premier ministre", qui selon lui "renie à demi-mot la loi de 1905" de séparation des Eglises et de l'Etat.*
(Avec AFP)
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