Traitée de "conne", Morano se pourvoi en cassation après la relaxe de Bedos
La députée européenne (Les Républicains) et candidate aux primaires de la droite compte poursuivre son combat judiciaire contre l'humoriste Guy Bedos qui l'a qualifié de "conne" lors d'un spectacle joué dans son fief électoral de Toul (Meurthe-et-Moselle), en 2013. Elle estime qu'une élue, notamment une femme ne peut pas être insultée même sous couvert d'humour.
La cour d'appel de Nancy a confirmé mardi la relaxe accordée en septembre 2015 à l'humoriste Guy Bedos, poursuivi pour avoir traité de "conne" Nadine Morano lors d'un spectacle en 2013, une décision que l'ancienne ministre (LR) va contester devant la Cour de cassation.
A l'audience en appel, en mai dernier, le parquet avait pourtant requis une condamnation contre l'humoriste et comédien de 82 ans - sans toutefois préciser quelle peine devait lui être infligée. "La démonstration n'a pas été faite d'un lien entre les propos litigieux tenus le 11 octobre 2013 à Toul par Guy Bedos et les fonctions de conseiller municipal et conseiller Régional exercées à cette date par Nadine Morano à cette date", a estimé le tribunal.
Dans une réaction publiée sur sa page Facebook, l'eurodéputée de 52 ans a dénoncé les "incohérences de la justice", et annoncé qu'elle allait se pourvoir en cassation contre cette décision de relaxe.
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"Femme élue, traitée de salope et de conne dans ma propre ville, je me suis sentie salie et humiliée, je le suis une nouvelle fois sous couvert de la justice", a commenté l'élue. "Je n'accepte pas cette décision que je considère à l'encontre des droits de toute personne à être respectée, quel que soit son statut", a ajouté Mme Morano. "Quand la justice reconnaît un droit à insulter, elle met en danger les femmes. Demain, un homme pourra insulter de conne ou de salope sa compagne en se targuant de l'impunité de Guy Bedos", a-t-elle encore argumenté.
L'eurodéputée s'est notamment étonnée que "la raison retenue en appel" pour relaxer M. Bedos "n'est pas la même motivation qu'en première instance". Selon elle en effet, la cour d'appel a considéré que les propos litigieux ne la visaient pas en tant qu'élue, alors même que les poursuites avaient été engagées pour "injures publiques envers un dépositaire de l'autorité ou un citoyen chargé d'un service public". De ce fait, la cour d'appel "n'a pas examiné le caractère injurieux ou non" des propos litigieux, a regretté l'avocat de l'ancienne ministre, Me Alain Behr.
En première instance, le tribunal correctionnel avait estimé que Guy Bedos était "dans son registre habituel" d'humoriste lorsqu'il avait insulté l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy, en octobre 2013 devant 1.300 spectateurs, dans son fief électoral de Toul (Meurthe-et-Moselle). Le tribunal avait notamment jugé que l'artiste était resté dans "la loi du genre" en tant que comique, et qu'il n'avait "pas dépassé ses outrances habituelles". Le parquet avait fait appel de cette décision de relaxe.
En septembre 2015, lors d'une audience sur le fond à Nancy où les deux adversaires s'étaient brièvement rencontrés, Guy Bedos avait récusé toute misogynie, tandis que l'eurodéputée l'avait accusé de lui vouer une "animosité personnelle".
(Avec AFP)
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