INTERVIEW. "Je soutiens Benoit Hamon jusqu’au bout", c’est une évidence dit Najat Vallaud Belkacem
La ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud Belkacem, était en déplacement en Meurthe-et-Moselle mardi. A Nancy, elle a dédicacé son autobiographie. L’occasion pour elle de revenir sur la campagne présidentielle en cours. Soutien de Hamon, elle reconnaît une campagne difficile.
Manuel Valls ne parrainera pas benoit Hamon, candidat officiel du PS et pourrait faire un pas vers Emmanuel Macron. S’il a démenti les informations du Parisien Aujourd’hui en France, il y a beaucoup de troubles au sein du PS. Comment le sentez-vous ?
Najat VALLAUD-BELKACEM.- Je ne jette la pierre à personne et je ne porte pas de jugement car la situation est assez complexe, reconnaissons-le. Chacun doit se poser la question suivante: compte tenu des programmes des uns et des autres, dans lequel je me reconnais le plus ? Dans lequel j’ai envie de m’engager demain ? Cela pose aussi la question du Parti socialiste et de sa pérennité.
La «pérennité du Parti socialiste», c’est-à-dire ?
Dans sa capacité à rester un acteur central du débat politique et de ne pas être périphérique, car c’est ça l’inquiétude que l’on peut avoir. La question qui se pose pour une élection présidentielle se pose aussi pour les élections intermédiaires. Il y a donc beaucoup de choses qui sont en jeu et qui me semblent devoir être pesées avant de prendre position. En répondant à chacune de ces questions en ce qui me concerne, c’est à Benoit Hamon que j’ai décidé d’apporter mon soutien parce que j’estime qu’il y a eu une primaire et que c’est lui qui l’a gagné. Il faut respecter les règles du jeu. On peut penser ce que l’on veut de la primaire – j’étais d’ailleurs favorable à une candidature directe de François Hollande – mais bref, elle a eu lieu et il faut respecter les règles.
LIRE AUSSI. Valls refuse de parrainer Hamon mais n'appelle pas encore à voter Macron
Benoit Hamon n’a pas tendu la main à Manuel Valls et réciproquement, qu’en pensez-vous ?
Personnellement, j’attends que Manuel Valls s’exprime. Il y a des choses qui ont été dites et qui l’a dû démentir. Sur le fond, tout en apportant mon soutien très clair à Benoit Hamon j’ai essayé de peser de tout mon poids pour que des signes d’ouverture soient faits à destination de ceux qui ont voté pour Manuel Valls. Des choses ont été faites. Là où les choses ne sont pas comparables concernant les démarches faits à destination de Jean-Luc Mélenchon ou Yannick Jadot par exemple et celles à destination des électeurs de Manuel Valls c’est ce qu’il s’agissait de parler entre formations politiques. Parler au sein du PS, cela prend une autre forme.
Quels gestes ont été faits à destination des électeurs de Manuel Valls à la primaire de gauche ?
Regardons le revenu universel qui se rapproche dans les faits du revenu décent proposé par Manuel Valls durant la campagne des primaires. Cette campagne est si brève, la primaire a été tardive, il y a des péripéties tous les deux jours où on a l’impression de recommencer une nouvelle campagne… qu’on aimerait que tout aille très vite. Des discussions avec un partenaire ont duré quinze jours. Dans un autre contexte, on n’aurait pas eu l’impression que ça dure autant de temps.
"Je comprends que certains puissent se poser la question" du vote Macron dès le 1er tour
Ne craignez-vous pas un vote utile dès le premier tour en faveur d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, au détriment de votre candidat Benoit Hamon ?
Cette campagne est inédite. Je comprends que certains puissent se poser la question donc je ne suis pas sévère dans mon jugement. Moi ce que je sais d’expérience c’est que ces dernies temps, les sondages se sont trompés. Fixer son choix en fonction de sondages incertains, c’est hasardeux. Tout cela est très hasardeux. La meilleure des choses à faire c’est de revenir à ce pourquoi l’on vote : ne pas être dans la tactique, ne pas être dans un billard à douze bandes. Je suis constante. Durant la primaire de la droite, quand des électeurs de gauche étaient tentés d’aller voter, j’ai porté un message – et tout le monde ne le portait pas: laissez tomber la tactique et concentrez-vous sur la primaire de la gauche. Il faut se garder sur la base de sondages d’être dans la tactique et se demander quel programme est le plus proche.
Valls va appeler à voter Emmanuel Macron, dès le 1er tour de la présidentielle
Vous ne changerez pas d’avis d’ici le premier tour quant à votre soutien à Benoit Hamon ?
Non, non parce qu’encore une fois je regarde les programmes et les sujets auxquels je suis attaché. Je soutiendrai Benoit Hamon jusqu’au bout. Vous ne trouverez jamais un candidat avec lequel vous êtes d’accord à 100%, cela a toujours été comme ça, c’est un grand classique de la vie politique. Disons que sur les sujets de l’Education nationale, du droit des femmes, de la jeunesse, de la politique de la ville, l’enseignement supérieur – des sujets dont j’ai eu la charge durant ce quinquennat – je me reconnais plus dans les propositions de Benoit Hamon que des autres. C’est une évidence.
Que manque-t-il à la campagne de Benoit Hamon pour qu’elle décolle vraiment, selon vous ?
C’est terrible mais ça serait de bons sondages. Nous sommes dans une période tellement folle que j’ai l’impression que c’est à partir de bons sondages qu’une dynamique s’installe. Il fait une bonne campagne sur le fond, il trouve un écho chez les Français et il l’a trouvé au moment de la primaire de la gauche.
François Fillon va être mis en examen (NDLR, au moment de cette interview, le candidat n’était pas encore mis en examen). Est-il encore temps pour lui de se retirer ?
Ce sont aux électeurs de la droite de tirer les conclusions de cette affaire.
Propos recueillis à Nancy (Meurthe-et-Moselle), mardi 14 mars, avec un journaliste-confrère de l’Est Républicain
1 Commentaire