05/03/2014 20:13 |
DRAME. Après la mort d’un jeune homme de 22 ans qui a percuté une voiture banalisée de la gendarmerie, le quartier des Provinces est sous le choc. Les proches de Sofiane sont en colère.
«C’était un jeune du quartier, un voisin» dit une femme qui habite depuis plus de 20 ans dans le quartier des Provinces à Laxou. «Il était très poli, très serviable» poursuit-elle devant le poteau qui sert de lieu de mémoire. Des dizaines de fleurs sont disposées sur le poteau qui fait l’angle du carrefour où mardi soir s’est joué le drame. «Jamais je n’ai vu ou entendu d’histoire avec lui. Sa famille habite dans l’immeuble juste en face du lieu de l’accident. C’est horrible» poursuit la quinquagénaire. «Je venais de rentrer du travail quand ça s’est passé. Il y avait un gros attroupement autour de la voiture et de la moto» dit-elle.
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Les habitants du quartier «où tout le monde se connaît» se succèdent devant la photo du jeune de 22 ans pour y déposer une rose ou un bouquet. «Il y a souvent des jeunes qui font du rodéo, ça m’étonne que l’accident soit lié à ça. Perdre l’équilibre sur un ralentisseur c’est étrange» dit une autre voisinne qui émet un doute sur la version officielle de l’accident. «On m’a dit que le gendarme s’est enfuit au lieu d’aider le jeune à terre» regrette-t-elle. Selon le Parquet de Nancy, le gendarme qui était au volant de la voiture banalisée impliquée serait sorti de son véhicule pour porter les premiers soins. Une première vague de violence a alors éclaté contre le gendarme qui a été molesté et roué de coups. C’est à ce moment qu’il s’est enfuit pour se replier derrière une porte dans un immeuble du quartier. Là encore il a été tabassé par plusieurs «dizaines d’individus» avant d’être conduit vers l’hôpital par ses deux autres collègues.
"Un jeune comme les autres"
«Il venait de trouver un travail avec la régie de quartier» affirme un jeune du quartier qui le connaissait bien. «Sofiane était l’un des meilleurs d’entre nous. C’était un gars bien. Un jeune comme les autres sans histoire» poursuit un autre. Sur le trottoir d’en face, trois jeunes discutent en boucle de cette affaire dramatique. L’un d’eux observe plusieurs minutes de silence face aux fleurs qui s’accumulent. «Je suis en colère. Le gendarme s’est enfui juste après le drame» s’agace le jeune homme âgé d’une vingtaine d’années. Lui non plus ne croit pas au simple accident. «Ca s’est passé à un carrefour. Le gendarme n’avait pas la priorité !» poursuit le jeune homme. «C’est toujours de la faute des jeunes. On fait de la moto tout le temps dans cette rue. Il n’y a jamais eu de problème».
Selon les jeunes, «les médias donnent une trop mauvaise image du quartier». «Le journal local a écrit n’importe quoi en écrivant que le jeune avait foncé contre la voiture du gendarme à toute vitesse». Une jeune femme voilée s’interpose et demande à «respecter le deuil de la famille et des amis. C’est un frère qui est mort dans un accident. Il ne s’agit pas de parler de sécurité, de moto, de police ou de gendarme. C’est un jeune comme un autre qui a été tué sur la route» poursuit la jeune femme. «On veut une justice pour notre frère mort» conclut un ami de la victime avec qui ils ont fait classe commune à l’école primaire.
Après l’agression du gendarme qui est toujours dans un état grave, le calme est revenu dans le quartier des Provinces. Mais le ras-le-bol, la colère et le deuil l’emportent. Le temps est désormais à l’enquête pour déterminer les circonstances de l’accident mortel mais aussi l’agression du gendarme impliqué. Une information judiciaire pour «homicide involontaire» et «violences en réunion» est ouverte.