Départementales : suspense total en Meurthe-et-Moselle qui peut basculer à droite
La majorité pourrait ne se jouer qu'à un seul siège. PS et UMP jettent leurs dernières forces dans la bataille et jouent une compagne de terrain.
Longtemps dominée par le populaire président Michel Dinet (PS), l'assemblée départementale de Meurthe-et-Moselle pourrait tomber dans l'escarcelle de la droite unie, sur fond d'impopularité gouvernementale et de poussée du FN. Pourtant, le socialiste Mathieu Klein, devenu président en avril 2014 au lendemain de la mort accidentelle de Michel Dinet et candidat à sa reconduction, assure sentir "une envie de retrouver l'espoir" malgré le contexte morose pour le PS.
Perçu comme une puissante locomotive électorale par la rue de Solférino, le jeune quadra, historiquement proche de Martine Aubry, a réussi en un an à s'imposer comme l'héritier naturel et respecté de son ancien mentor. Il est à la tête d'une confortable majorité (29 sièges sur 44) de gauche plurielle, où le Front de gauche tient une place de choix (8 sortants). "Mais nous sentons chez certains électeurs une déception, une forte interrogation, voire une colère, qui expriment une attente de solidarité, de création d'emplois. Il faut donc montrer que nous agissons concrètement", a dit à l'AFP l'actuel président de l'exécutif régional.
Confrontée au double risque d'abstention, notamment dans les cantons urbains, et d'un bon score du FN, lequel nourrit de grands espoirs dans les zones rurales et péri-urbaines, la majorité socialiste sortante entend faire campagne "sur le département, sans pour autant dépolitiser le débat", a expliqué Mathieu Klein.
La droite, pas unie partout
Devenue emblématique tant pour l'UMP que pour le PS, la Meurthe-et-Moselle fait l'objet d'une attention particulière : Manuel Valls s'y rendra mardi, "à titre privé", souligne-t-on au PS, pour soutenir les candidats socialistes, et tenter de faire en sorte que la Meurthe-et-Moselle reste l'un des rares bastions de gauche du Grand Est au soir du second tour.
L'union de la droite, UMP-UDI-MoDem, misait initialement peu sur "la reconquête" de ce département perdu en 1998, mais elle entend désormais jouer à plein sur "l'impopularité du gouvernement", reconnaît leur chef de file, Michel Marchal (DVD), un agriculteur retraité bien implanté dans son canton. "On peut être confiant. Je suis surpris de constater que les gens s'intéressent encore à la politique, même s'ils ne comprennent rien à cette réforme territoriale", déclare-t-il à l'AFP, tout en déplorant quelques candidatures dissidentes dans son camp.
De même, la gauche doit souffrir de candidats Front de gauche concurrents de tickets socialistes, faisant prédire à certains observateurs des seconds tours où s'affronteront en duel FG et FN, notamment dans les bastions communistes du nord du département autrefois sidérurgique.
Le FN peut-il emporter des cantons ?
"Mais je ne vois pas de cantons prenables par le Front national", affirme Michel Marchal, alors que certains responsables socialistes et UMP craignent "un à deux conseillers départementaux d'extrême droite élus". Or la question pourrait être cruciale, car tous s'accordent sur un point : la future majorité ne devrait tenir qu'à un siège et, dès lors, la présence d'élus FN pourrait empêcher l'élection d'un président. "Je pense qu'il n'y aura pas de majorité", spécule sous couvert d'anonymat un cacique de l'UMP, qui redoute par ailleurs "un électorat très démobilisé".
À gauche, cette hypothèse est également prise en compte, "parce que sur le terrain, c'est extrêmement dur, certains nous disent tout de suite qu'ils vont voter FN, que ce soit dans le rural ou l'urbain", confirme un cadre du PS. "Mais quand les candidats arrivent à parler du conseil général, ils attestent du bon bilan du département", veut-il se rassurer, bien que la droite reproche régulièrement à M. Klein, candidat malheureux à la mairie de Nancy en 2014, sa "maltraitance" dans ses dotations aux associations de la ville, chef-lieu du département.
(Avec AFP)
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