Le maire FN d’Hayange menace de supprimer le local du Secours Populaire
Le Secours Populaire d’Hayange et le maire FN de la ville sont en conflit. L’élu frontiste déplore que la présidente de l’association caritative prenne position contre son parti et lui reproche des défauts d’organisation. Fabien Engelmann menace de sucrer le local mis à disposition par la ville.
La ville d’Hayange (Moselle) dirigée par le Front national pourrait décider d’ici mardi de retirer le local mis à disposition du Secours Populaire, selon nos informations. Dans la ville des hauts-fourneaux désormais éteints dirigée par le FN depuis 2014, la tension est montée d’un cran entre l’association qui distribue des repas aux plus démunis et le maire Fabien Engelmann. Officiellement, cette remise en cause provient d’un «collectif» de «résidants du foyer Adoma, riverains étrangers, immigrés et assimilés français» qui a alerté le maire sur de «mauvaises conditions d’accueil».
Le maire FN assure à LORACTU.fr recevoir «depuis des mois» des «mauvais retours des bénéficiaires. Aussi bien des bénéficiaires français que des demandeurs d’asiles reçus au Secours Populaire d’Hayange» assure-t-il. «Je me suis déplacé au local de l’association pour voir ce qui se passe et rencontrer la directrice de l’association» poursuit l’élu. «Il y a clairement des problèmes d’organisation (…) il y a de plus en plus de bénéficiaires alors que la collecte s’effectue toutes les 3 semaines. Il y a une grande affluence sur un court créneau horaire et donc des crispations» reconnaît M. Engelmann. Le maire frontiste assure même qu’il faudrait «contraindre» les bénéficiaires à «aider l’organisation du Secours Populaire» en tenant un créneau le matin par exemple. Affirmant avoir reçu des demandeurs d’asiles en colère contre l’association, il assure toutefois qu’il est «bien gentil de critiquer un pays qui accueille mais il faut aussi s’engager en retour, donner du temps (…)».
- Des critiques contre le FN qui passent mal -
Au-delà de ce «problème d’organisation», le maire FN menace le Secours populaire pour bien d’autres raisons. La directrice de l’antenne d’Hayange a plusieurs fois critiqué publiquement la municipalité FN. Anne Duflot-Allievi dans un article de Libération en décembre 2015, visait directement la gestion de Fabien Engelmann. «Engelmann a décidé que seuls pourraient venir ceux dont les parents touchent les minima sociaux, donc exit les migrants ! On y va quand même parce qu’on ne veut pas abandonner le terrain» disait la directrice à propos de l’organisation du goûter de Noël. Le maire d’Hayange avait en effet décidé que le goûter de Noël organisé par le Secours Populaire, les Restos du Cœur et le Centre d’action social de la ville serait uniquement ouvert aux enfants dont les parents touchent les minimas sociaux. Les enfants de parents de migrants étaient donc exclus d’office.
Le local du Secours Populaire à Hayange (Moselle), rue Jean-Jaurès. PHOTO: GOOGLE STREET VIEW/ LORACTU.fr
En plus de se plaindre d’une baisse de sa subvention, le trésorier du Secours Populaire d’Hayange accusait le maire FN de «diaboliser» les sans-papiers et les réfugiés. Patrick Schxeickert assurait toujours dans Libération, que son association devait s’occuper de 40 familles en plus notamment étrangères. «Mais ces gens-là, les sans-papiers, les réfugiés, ce n’est pas la tasse de thé du FN. Engelmann les diabolise, les accuse de faire la ruine d’Hayange alors que les quelques euros qu’ils perçoivent chaque jour de la préfecture, ils les dépensent ici !» s’agaçait le trésorier.
- La directrice du Secours Populaire "sidérée" -
Auprès de LORACTU.fr, Fabien Engelmann assume cette réponse. «A un moment donné, il faut être cohérent. La présidente du Secours Populaire ne cesse de critiquer notre municipalité ! En 2013, sous la municipalité PS c’était 0 euros de subvention. En 2014, nous avons voté 500 euros d’aide, et en 2015… 550 euros. Le local est mis à disposition gratuitement, la ville paie l’électricité, l’eau… Cette association doit être apolitique et pas anti-FN !» fulmine-t-il. Le local occupé par l’association pourrait bien être occupé par une autre. «Nous allons prendre une décision rapidement, certainement mardi. Si le Secours Populaire quitte les lieux, l’endroit sera mis à disposition d’une autre association caritative» assure-t-il, précisant avoir informé la direction départementale de l’association à Metz pour que des dispositions soient prises avec la directrice de l’antenne d’Hayange.
Si le maire FN décide de déloger le Secours Populaire, les 573 bénéficiaires devront trouver un nouvel endroit où recevoir repas et aides. Anne Duflot-Allievi assure être «sidérée» par les plaintes des bénéficiaires et les menaces du maire FN. «On ne compte pas nos heures, on organise des sorties sur nos fonds personnels…». «Les bénéficiaires sont ravis de notre travail, nous faisons attention à l’accueil, à la politesse» assure-t-elle.
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