L’usine sidérurgique Tata Steel d’Hayange va passer sous pavillon anglais
Le site sidérurgique Tata Steel d’Hayange (Moselle) passe sous pavillon britannique. L’usine qui fabrique notamment des rails de chemins de fer était détenu par un groupe indien qui se retire céder ses activités en France et au Royaume-Uni alors que la sidérurgie européenne est en crise.
Le géant indien de la sidérurgie Tata Steel a annoncé lundi la vente de ses activités acier long en Europe et donné le coup d'envoi de son désengagement du Royaume-Uni avec la mise en vente de sa filiale locale. Alors que la sidérurgie européenne est confrontée à une crise profonde, Tata Steel a signé un accord avec le fonds britannique Greybull Capital pour lui céder ses activités acier long pour la somme symbolique d'une livre.
Cette division, qui comprend une usine à Hayange (Moselle), et une autre dans le nord de l'Angleterre, à Scunthorpe, emploie actuellement 4.800 personnes, dont 4.400 à Scunthorpe. Le fonds a annoncé qu'il allait consacrer 400 millions de livres (495 millions d'euros) à un plan d'investissements et de financement de l'entreprise, qui sera relancée sous le nom British Steel.
Principale raison invoquée pour expliquer ce retrait: la concurrence déloyale de l'acier chinois, exporté à un prix bradé. Mais Tata Steel a aussi mis en cause des coûts de fabrication élevés, la faiblesse de la demande sur le marché domestique et une monnaie volatile.
Sa décision, rendue publique le 29 mars, a entraîné une pluie de critiques contre le gouvernement de David Cameron, accusé d'avoir laissé venir la crise malgré les alertes du secteur. Et d'avoir au final privilégié ses relations commerciales avec la Chine. Londres est en effet accusé de s'être opposé aux efforts de l'Union européenne pour renforcer ses barrières tarifaires afin de protéger son acier, notamment face aux importations chinoises. Une critique reprise lundi par le ministre français de l'Economie Emmanuel Macron après une rencontre à Strasbourg avec des eurodéputés et la commissaire en charge de l'Industrie, Elzbieta Bienkowska.
- Une usine qui réalise des bénéfices -
"Je constate que l'on ne peut pas s'indigner chez soi des effets de la crise sidérurgique et ne pas prendre toutes les mesures que l'on peut prendre pour répondre à ce que sont des comportement inacceptables qui fragilisent notre industrie sans raison", a lancé M. Macron devant des journalistes. Ce dernier doit participer lundi prochain avec notamment le secrétaire d’État aux Entreprises du Royaume-Uni, Sajid Javid, et la Commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, à une réunion à Bruxelles organisée par l'OCDE sur les excédents de capacité dans le secteur de l’acier.
Cette vente de l’usine de Moselle au fond britannique intervient alors que le carnet de commandes est plein grâce notamment à un accord avec la SNCF. Les 450 emplois du site devraient être préservés. Bénéficiaire, avec un résultat de 13 millions d’euros l’année dernière, le site mosellan a acté l’an dernier un nouvel accord de neuf ans avec la SNCF, représentant près de 30% de ses activités.
Le maire (FN) de la ville où est implantée l’usine déplore que dans «une zone sinistrée et encore touchée par la désindustrialisation, il est hors de question que l’emploi et la vie de milliers d’ouvriers servent aux opérations financières de magnas du redressement. À présent, le devoir de l’Etat dans cette opération est d’exiger les garanties par Greybull Capital sur le plan d’investissement de 5 M€ annuels proposé par le site hayangeois afin de le pérenniser» demande Fabien Engelmann. Pour le maire Front national, «ce serait un moindre mal dans la conservation de cette usine qui reste la plus compétitive et la plus rentable du groupe industriel. Il est enfin temps que le gouvernement prenne en considération ses responsabilités d’Etat stratège et fasse un premier pas vers le protectionnisme de nos industries et de notre savoir faire, beaucoup trop timoré lorsqu’il est chapeauté par l’Union Européenne».
- Macron veut que l'Europe protège plus les emplois industriels -
Lors d’un déplacement consacré en partie à la sidérurgie à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) mardi, Emmanuel Macron a plaidé pour accélérer les procédures anti-dumping alors que la sidérurgie européenne est menacée par la Chine et l’Inde. Il faut "augmenter les tarifs anti-dumping", a déclaré M. Macron. "Il s'agit de pouvoir, dans certains cas, imposer des tarifs anti-dumping face à certaines attaques. Nous avons pris des premières mesures début février sur des laminés à froid: 20% de tarif. Les Américains ont mis 300%", a ajouté le ministre, affirmant que la France allait "mettre la pression" au niveau européen. "Mais là-dessus plusieurs pays bloquent, entre autre le Royaume-Uni ", a-t-il regretté.
Si l'Europe "veut être crédible, elle doit savoir protéger ses industries et ses travailleurs lorsque d'autres ne respectent pas les règles du jeu. C'est ça, le cœur de la bataille sidérurgique". "L’Europe c’est le monde ouvert mais il faut aussi savoir protéger notre industrie. L’Europe s’est construite sur l’acier, elle est aujourd’hui testée sur ce sujet" a-t-il poursuivi, assurant que l’attaque chinoise ou indienne est "manifestement inacceptable" dénonce M. Macron, qui espère une décision des instances européennes le 13 mai prochain.
1 Commentaire