Cattenom jugée en état "dégradé" par son exploitant EDF
Un récent rapport montre qu'EDF juge les génératrices de secours diesels de la centrale nucléaire de Cattenom dans un état alarmant allant de l'état «dégradé» à «inacceptable».
Un rapport interne d’EDF qui a fuité montre que plusieurs centrales du géant de l’énergie se trouvent dans un état dégradé voire inacceptable. Au vue de ces éléments, le Luxembourg continue de faire pression sur la France pour une fermeture rapide de l’infrastructure située à une dizaine de kilomètres de sa frontière. Une demande que Paris n’est pas prêt à appliquer tant le sujet du nucléaire est sensible au plus haut sommet de l’Etat.
Les exprimées dans ce rapport interne de l'entreprise Electricité de France (EDF) porte sur la maintenance des générateurs de secours des réacteurs nucléaires. Des bilans réalisés entre 2012 et 2014 et qui classent générateurs diesels en «état dégradé» (43,9 %), ou en «état inacceptable» (13,2 %). Dans trois documents internes inédits publiés par Le Journal de l’Energie, EDF donne à voir une réalité différente de celle qu’il propose aux Français sur la sûreté des réacteurs.
«Les principaux composants de ces moteurs se raréfient», souligne le document EDF, dont l’objet est l’étude du remplacement des groupes diesels des 34 réacteurs de 900 MW. Cette obsolescence concerne 60 % du parc nucléaire note le site internet spécialisé qui a eu accès à ces documents confidentiels. «Les centrales nucléaires vieillissent et ce n’est pas une vue de l’esprit» s’alarme Le Journal de l’Energie. Pour sept centrales nucléaires, ce ne sont pas seulement les groupes électrogènes des réacteurs qui sont obsolescents mais aussi le groupe électrogène « d’ultime secours » qui est un unique diesel de secours commun à tous les réacteurs d’une centrale et qui peut remplacer, en cas de panne, le diesel d’un réacteur.
- Des documents internes alarmants -
La centrale de Cattenom compte huit de ces générateurs diesels, classés eux en «état dégradé» ou «à surveiller». «Le taux de disponibilité des diesels de secours enregistre les meilleurs résultats au niveau international», se défend EDF dans un communiqué.
L'évaluation négative de la fiabilité des diesels repose sur plusieurs centaines de bilans effectués sur les systèmes de secours des réacteurs, explique le journal de l'énergie qui ajoute que les incidents liés à ces diesels est de cause humaine. La centrale de Cattenom n’y échappe pas car ils sont tous classés en «État à surveiller», «État dégradé» et «État inacceptable».
L'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) a adressé en décembre 2015 plusieurs demandes à l'opérateur des centrales pour améliorer le programme de maintenance d'EDF dans un délai de 6 et 12 mois. Cette année, la centrale de Cattenom entame un gigantesque chantier décennal où trois arrêts de réacteurs sont programmés. De quoi assurer des vérifications et des modifications relatives à la sûreté.
Le Luxembourg s’était dit prêt la semaine dernière à payer pour accélérer la fermeture de Cattenom qu’il juge dangereux. La demande avait été faite lors d’une conférence de presse conjointe avec Manuel Valls qui effectuait une brève visite dans le pays. Après la publication de ces documents internes, le Luxembourg a de nouveau demandé à la France d’arrêter l’activité de Cattenom. L’Allemagne, notamment la Rhénanie-Palatinat et de la Sarre voisines entend entreprendre des actions conjointes avec le Luxembourg, sans toutefois sortir le carnet de chèque.
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