Les travailleurs frontaliers au Luxembourg, défi permanent de la Lorraine

Thionville - 06/03/2015 17h38 - mis à jour le 06/03/2015 17h52
LORACTU.fr La Rédaction
Les travailleurs frontaliers au Luxembourg, défi permanent de la Lorraine
Economie
Constitué d'un plateau situé dans la partie nord-est de la ville, le Kirchberg est aujourd'hui le cœur de la place bancaire et financière internationale que le pays constitue.

Eldorado de l'emploi pour les Lorrains, le Luxembourg représente aussi un immense défi pour la région, qui a tardé à réagir au phénomène des travailleurs frontaliers. Elle tente aujourd'hui de reconfigurer ses axes de transports saturés et d'éloigner le spectre des cités dortoirs.

Chaque jour de semaine, aux heures de pointe le matin et en fin d'après-midi, le même ballet incessant de voitures se répète sur les routes du nord de la Lorraine, avec des embouteillages et ralentissements permanents qui lui donnent des airs de périphérique parisien.

Au troisième trimestre 2014, on dénombrait près de 83.000 travailleurs frontaliers au Luxembourg résidant en France, un nouveau chiffre record, en hausse de 3% sur un an, selon le dernier pointage de Statec, l'institut de la statistique et des études économiques du Luxembourg. En 2004, ils n'étaient que 57.000.

"C'est galère. Certains matins, je dois partir de chez moi deux à trois heures avant le début de mon travail, alors que normalement cela devrait prendre une demi-heure de trajet", raconte Malika, 35 ans, intérimaire dans la restauration au Luxembourg qui vit près de Thionville (Moselle). Mais attirée par les meilleures conditions de travail au Grand-Duché et face au marché de l'emploi sinistré côté français, Malika n'a guère le choix, comme ses proches: "Dans mon entourage tout le monde travaille au Luxembourg", sans pouvoir se payer le luxe d'y habiter.

Les routes et l’A31 paralysées vers le Luxembourg

"Le Luxembourg est le plus gros créateur d'emplois pour la Lorraine, notamment pour le nord de la région", constate Roger Cayzelle, président du Conseil économique et social de Lorraine (Cesel). Pourtant, pendant longtemps "on pensait que ce développement allait s'arrêter" et il y avait aussi des réticences politiques à construire des routes pour que tout le monde parte au Luxembourg, relève-t-il. Mais au-delà de son secteur financier, régulièrement critiqué pour son opacité, le Grand-Duché "a eu l'intelligence de se diversifier" dans les services, la recherche et l'innovation, souligne M. Cayzelle.

Ce dernier espère que la visite officielle de François Hollande vendredi au Luxembourg va contribuer à faire avancer certains grands projets à la frontière: "Il faut que les Luxembourgeois comprennent qu'ils ne peuvent pas se créer un arrière-pays lorrain" sans assumer leur part.

Une future écocité frontalière à Esch-Belval 

Un projet d'extension du réseau autoroutier lorrain vers le Luxembourg, l'A31 bis, est à l'étude depuis des années mais ne devrait pas voir le jour -au mieux- avant 2024.

Et à quelques encablures de la ville nouvelle d'Esch-Belval au Luxembourg, une zone futuriste d'affaires et de loisirs, de recherche universitaire et d'innovation, une opération d'intérêt national (OIN), tarde à répondre côté français. Le projet français d'Alzette-Belval prévoit de construire ou réhabiliter 8.600 habitations, dont 25% de logements sociaux, pour accueillir 20.000 nouveaux habitants. Le chantier de construction doit débuter en 2016 et s'étaler sur 20 ans.

L'économie locale devra être développée en parallèle autour d'une "écocité" et d'un pôle culturel, en complémentarité avec les activités voisines au Luxembourg. "On veut éviter l'écueil d'une cité dortoir" réservée aux travailleurs frontaliers à hauts revenus, dont généralement le commerce local ne profite guère, explique Jean-Claude Moretti, responsable de l'organe de gouvernance de l'OIN.

Des lotissements pavillonnaires, souvent excentrés des anciens cœurs de ville et mangeant des terres agricoles, ont fleuri depuis les années 1990 dans le nord de la Lorraine pour héberger des travailleurs frontaliers, venus de toute la France et de l'étranger.

"Cela fait beaucoup de services communaux en plus à assurer. Avec la baisse des dotations de l'État, on est inquiet", témoigne Lucien Piovano, maire d'Audun-le-Tiche, une ancienne commune sidérurgique en Moselle, voisine du Luxembourg, qui compte aujourd'hui environ deux tiers de navetteurs frontaliers. "Comme les prix de l'immobilier ont flambé, une partie de la population locale avait du mal à se loger", rappelle le maire, qui développe depuis plusieurs années une politique d'habitat social avec préemption de foncier pour endiguer le phénomène.

(Avec AFP)

 

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1 Commentaire

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Victor U. - il y a 2 jours
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De toute manière, la Lorraine n'a plus rien à apporter à ses habitants. Elle compte surtout sur ses voisins frontaliers, pour donner du travail à des milliers de lorrains, mais sans faire aucun effort pour améliorer les infrastructures routières. Quand on voit la reconversion réussie du site de Esch-Belval, on peut s'interroger sur nos propres friches industrielles, dont certaines sont encore sans affectation et où, la Nature a déjà repris ses droits. Répondre
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