Bénévolat contre RSA: le Haut-Rhin assure qu’il ne veut pas "fliquer" les bénéficiaires
Le département du Haut-Rhin confirme le lancement de sa mesure Bénévolat contre RSA qui a provoqué une violente polémique notamment à gauche. Le président (Les Républicains) du département assure qu'il n'est pas question de "fliquer" les bénéficiaires.
Le président du conseil départemental du Haut-Rhin Eric Straumann (LR) a précisé samedi les contours de l'expérimentation qu'il souhaite mener en conditionnant le versement du RSA à sept heures hebdomadaires de bénévolat, tout en reconnaissant qu'elle deviendrait "caduque" si le RSA était recentralisé.
"Bénévolat obligatoire, c'est un oxymore mais on n'a pas trouvé d'autre cadre juridique", s'est justifié M. Straumann lors d'une conférence de presse à Colmar, précisant qu'il resterait au bénéficiaire "la liberté de choisir son association et son activité".
Il a ajouté que ces heures de bénévolat ne devraient pas nécessairement être effectuées dans des associations d'insertion mais pourraient par exemple se dérouler en chantant dans une chorale ou en jouant dans un club de football, l'objectif étant que personne ne reste "enfermé dans sa situation".
"On n'aura pas les moyens humains pour fliquer tous les bénéficiaires du RSA et ce n'est absolument pas l'objectif", a-t-il insisté. M. Straumann a expliqué qu'un comité allait être mis en place pour définir les règles régissant le dispositif et proposer au gouvernement une expérimentation, vers la fin du printemps.
"Si l'Association des départements de France accepte la proposition de recentralisation du Premier ministre, notre délibération devient caduque", a-t-il toutefois reconnu, rappelant le principe selon lequel "celui qui paie décide".
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Manuel Valls a proposé jeudi la recentralisation de la prise en charge du RSA, face aux difficultés financières rencontrées par les départements. Cette proposition doit encore être avalisée mardi par l'Association des départements de France (ADF) avant d'entrer, le cas échéant, en vigueur le 1er janvier 2017.
Depuis 2004, les départements versent les allocations sociales et l'Etat doit compenser le montant des prestations, mais le mécanisme s'est détérioré avec la hausse des dépenses du RSA, que l'ADF estime en moyenne de 9% à 10% par an.
Malgré cette perspective de reprise en main par l'Etat, M. Straumann a noté que le gouvernement "propose que les départements gardent la +compétence insertion+ et que ceux qui auront les meilleurs résultats aient une carotte financière", estimant qu'il s'agissait d'une "bonne proposition".
Sa conférence de presse à Colmar s'est déroulée dans un café associatif géré par l'association d'aide à l'insertion "Espoir". Le président de cette association, Bernard Rodenstein, s'est dit sceptique quant au conditionnement du RSA à des heures de bénévolat obligatoires. "Utiliser le vocabulaire de l'obligation, c'est enfoncer encore plus un public fragile dans une espèce de honte qu'ils ont en eux", a-t-il plaidé en présence de M. Straumann. "Le bénévolat, c'est un cadeau qu'on fait à quelqu'un, pas une obligation", a également estimé Valérie, bénéficiaire du RSA et bénévole à Espoir.
(Avec AFP)
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