Le tireur présumé de Libération, Abdelhakim Dekhar, renvoyé aux assises
L'homme originaire de Moselle avait semé la terreur dans Paris en 2013 en tirant sur un assistant photographe du quotidien Libération, en s'introduisant armé à BFMTV et en tirant des coups de feu devant le siège de la banque Société Générale. Il sera jugé aux assises pour "tentatives d'assassinats".
Son périple armé entre BFMTV, Libération, où il avait grièvement blessé un assistant photographe et La Défense, en novembre 2013, avait déclenché une vaste traque dans Paris et sa région: Abdelhakim Dekhar a été récemment renvoyé devant la cour d’assises pour tentatives d’assassinats.
En quelques jours, cet homme de 50 ans avait mis la police sur les dents et les images de sa silhouette dans les locaux de BFMTV, le 15 novembre 2013, étaient diffusées en boucle.
Son arrestation et son identification avaient ravivé le souvenir de l’équipée sanglante d’un jeune couple, Florence Rey et Audry Maupin, qui avait fait cinq morts, dont trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin lui-même, dans Paris en 1994. En 1998, Dekhar avait été condamné à quatre ans de prison au procès de Florence Rey, pour avoir acheté un fusil à pompe utilisé dans la tuerie.
Pendant quinze ans, il n’avait pas fait reparler de lui, séjournant notamment en Angleterre après la prison. Jusqu’au 15 novembre 2013, où il fait irruption au siège de BFMTV, armé d’un fusil à pompe, sans ouvrir le feu.
Trois jours plus tard, il entre dans les locaux de Libération et blesse grièvement un assistant photographe, avant de prendre la fuite. Il tire encore plusieurs coups de feu devant le siège de la Société générale, dans le quartier d’affaires de La Défense.
Pour ces faits, un juge d’instruction a ordonné son renvoi aux assises pour tentatives d’assassinats, a appris l’AFP mercredi de source judiciaire. Dans son ordonnance du 25 mars, le juge a aussi ordonné son renvoi pour la brève prise d’otage qui avait suivi l’étape de La Défense, lorsqu’un automobiliste avait été contraint de le conduire jusqu’à la place de l’Etoile à Paris. Abdelhakim Dekhar a fait appel et la chambre de l’instruction devra examiner ce recours avant un procès, a indiqué la source judiciaire.
- "Complot fasciste" -
Ces attaques avaient entraîné une vaste traque pour retrouver leur auteur et un appel à témoins avait été lancé, avec diffusion d’images du suspect.
Le 20 novembre, grâce au témoignage décisif de l’homme qui hébergeait Dekhar, il avait été interpellé dans un véhicule garé dans un parking de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). Le suspect était à moitié inconscient, après la prise de médicaments laissant penser à une tentative de suicide. Dans une lettre, il évoquait de manière confuse l’existence d’un complot fasciste et s’en prenait à l’action des médias, des banques et la politique des banlieues.
Né en 1965 à Algrange, en Moselle, issu d’une fratrie de 13 enfants, placé par un juge en raison de ses fugues répétées à l’adolescence, Abdelhakim Dekhar s’était d’abord muré dans le silence, disant ne pas se souvenir des faits.
«Il venait avec des armes pour impressionner et être pris au sérieux. Mais il n’a jamais eu l’intention de tuer», avait déclaré à l’AFP son avocat, Me Thierry Lévy, lorsque le parquet de Paris avait requis son renvoi aux assises. A ses yeux, la qualification de tentative d’assassinat, passible d’une peine de réclusion à perpétuité, ne tient ni pour les faits de BFMTV, ni à Libération, ni à La Défense, «car il n’y a eu aucune préméditation».
Mais dans ses réquisitions, datées du 30 septembre et suivies par le juge d’instruction, le parquet de Paris estimait au contraire qu’Abdelhakim Dekhar avait voulu tuer à chaque reprise, y compris à BFMTV, où il est soupçonné d’avoir visé trois personnes avec son arme et appuyé sur la détente sans que le coup ne parte, avait expliqué une source proche du dossier.
L’homme qui avait hébergé Abdelhakim Dekhar et fait basculer l’enquête en le signalant à la police avait aussi été mis en examen à la mi-décembre 2013. Il a été renvoyé aux assises pour les délits connexes de destruction de preuves, en l’occurrence le fusil, et recel de malfaiteurs.
Lors du procès de Florence Rey, Dekhar était apparu énigmatique, s’attribuant sans aucun élément pour le corroborer un rôle d’espion, agent en mission de la Sûreté militaire algérienne chargé d’infiltrer les milieux autonomes pour y débusquer d’éventuels intégristes islamistes.
(Avec AFP)
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