Hollande, l’émission de la dernière chance avant la sanction annoncée de 2017
Le chef de l’Etat a deux heures pour convaincre une opinion désabusée ce jeudi soir sur France 2 lors d’une émission spéciale «Dialogue de Citoyen». Après le recul sur la déchéance de nationalité, l’interminable marchandage de la Loi Travail et l’envol d’Emmanuel Macron, c’est un président affaibli qui fera face aux journalistes et aux Français.
A un an de la présidentielle, dans un contexte d’impopularité record et de courbe du chômage qui ne s’inverse pas, François Hollande s’offre une émission de télévision sur mesure ce jeudi soir à 20H15 sur France 2 pour une opération reconquête. Le chef de l’Etat devrait ensuite multiplier les déplacements sur l’emploi et l’économie, les prises de parole à la radio et dans la presse ou encore une grande conférence de presse d’ici le moins de juin. Objectif : reconquérir une opinion publique désabusée d’ici la rentrée de septembre où la primaire de la droite aura officiellement lancé la course à la présidentielle de 2017.
Ce soir, dès 20H15 le chef de l’Etat répondra aux questions des trois journalistes de France 2 David Pujadas, Léa Salamé et Karim Rissouli puis fera face à un panel de quatre Français qui discuteront directement avec M. Hollande. Un concept d’émission auquel le chef de l’Etat s’est déjà frotté avec plus ou moins de confort. Mais après chaque exercice de communication de ce type, le rebond espéré par le président n’est pas arrivé. L’émission intervient alors que le sentiment de défiance envers l’exécutif est au plus haut. Près de neuf Français sur 10 - 87% - jugent négatif le bilan de François Hollande, soit une hausse de six points sur un an, alors que 65% d'entre eux estiment que Nicolas Sarkozy n'aurait pas fait mieux à sa place, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié jeudi.
- Les Français n'attendent plus rien de François Hollande -
47% des répondants jugent le bilan du président de la République "très négatif" et 40% "assez négatif" alors que, à l'inverse, 13% (en baisse de six points) jugent son bilan positif, 12% le jugeant "assez positif" et 1% "très positif". Les sympathisants de gauche sont 31% à juger son bilan positivement, contre 69% qui le jugent négatif. Parmi eux, les sympathisants socialistes sont les plus bienveillants, remarque le sondage, avec 37% qui jugent le bilan positif, une majorité (63%) le qualifiant toutefois de négatif. A droite et au centre, 97% jugent son bilan négatif, tout comme les sympathisants du FN.
François Hollande peut toutefois compter sur des trains de caractère appréciés. Les Français le trouvent avant tout sympathique (46%, +7 depuis octobre 2015) et honnête (37%, +4). Trois Français sur dix le trouvent courageux (32%, +2), déterminé (30%, +1) et à la hauteur des évènements (29%, +7), selon ce même sondage. Dans le même temps, son premier ministre Manuel Valls et son ex-conseiller et ministre de l’Economie Emmanuel Macron restent bien plus populaire que lui.
Dans un autre sondage, Odoxa-Le Parisien publié également quelques heures avant la grande émission, 71% disent ne pas être intéressés par l'intervention jeudi soir sur France 2 du président de la République, contre 29% intéressés dont seulement 8% expriment "beaucoup" d'intérêt. Près d'un sympathisant de gauche sur deux (48% contre 52%) ne s'y intéresse pas non plus. Les Français n'attendent plus grand chose de son action, 16% d'entre eux estimant que lors de l'année qui lui reste, il "cherchera à réformer le pays". 83% pensent qu’il se contentera de gérer les affaires courantes. 53% pensent qu’il "ne prendra plus que des mesures électoralistes".
La tâche s'annonce ardue alors que le détricotage de la loi El Khomri sous la pression de la rue et le renoncement à la déchéance de nationalité après des semaines de débats houleux ont précisément alimenté le procès en manque de clarté et indécision de l'exécutif. Le chef de l'Etat devrait aussi être amené à s'exprimer sur le ni gauche ni droite aux accents très libéraux de son ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
- Une émision qui fait déjà polémique, France 2 se défend de pressions de l'Elysée -
Le promoteur du mouvement "En marche" fait jeudi la une de Paris-Match, main dans la main avec sa femme Brigitte, avec en sous-titre "Ensemble sur la route du pouvoir". Lors d’un déplacement à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), il a défendu du bout des lèvres le chef de l’Etat. "Je suis membre du gouvernement, je n’ai pas à exprimer mes attentes par voie de presse. J’ai discuté avec le Président de la République. Il a la volonté de parler aux Français de manière très directe dans ce moment important pour expliquer tout ce qu’il a fait et ce qu’il est en train de faire et sa vision du pays" estime-t-il. A l’heure de l’émission, M. Macron sera à Londres et dînera avec des chefs d’entreprise en vue de lever des fonds pour son parti politique.
Le chef de l'Etat aura également à répondre aux critiques virulentes venues de sa propre majorité, sur fond de primaire.
Outre le fond de l’émission qui s’annonce compliqué pour M. Hollande, le concept défendu par France 2 a provoqué la polémique. Sur la forme, la préparation de l'émission a fait l'objet d'une polémique. Deux des témoins pressentis pour faire partie de l'échantillon des Français ont été écartés par France 2. Parmi eux, Nadine Hourmant, charismatique déléguée Force Ouvrière du volailler Doux et un agriculteur en difficulté, a évoqué des "pressions de l'Elysée", assertion démentie par France Télévisions tout comme par la présidence.
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