"En marche", Emmanuel Macron ne s’estime pas "l’obligé" de François Hollande
Le ministre le plus populaire du gouvernement a assuré dans une interview à paraître vendredi qu’il n’est pas «l’obligé» de François Hollande. Une manière pour Macron qui a lancé son propre mouvement politique de s’éloigner encore plus de l’exécutif qui ne cesse de le rappeler à l’ordre.
La "star" Emmanuel Macron serait-elle en train de s'émanciper ? Porté par des sondages flatteurs, le ministre de l'Economie multiplie les initiatives médiatiques, alimentant les doutes sur ses intentions pour 2017, malgré le rappel à l'ordre du chef de l'Etat.
Jeudi, à l'occasion d'un déplacement à Chartres avec François Hollande, le ministre de l'Economie ne s'est pas précipité pour apparaître sur la photo au côté du président. "Emmanuel n'est pas là", s'est même agacé M. Hollande. Du bout des lèvres, entre deux selfies, Emmanuel Macron a affirmé à la presse être "très heureux d'être là" et avoir "toujours" joué collectif.
- Pas "l'obligé" de François Hollande -
Après le lancement de son mouvement En Marche! le 6 avril, le ministre de l'Economie s'était fait remarquer la semaine dernière en apparaissant en Une de Paris Match, et en se fendant depuis Londres de quelques déclarations intempestives, le jour même de l'interview de François Hollande sur France 2. A chaque sortie avec le gouvernement, il retient l’attention des journalistes. A Metz (Moselle) début avril, au lendemain de son coup d’éclat, Macron avait parasité le message de François Hollande et d’Angela Merkel qui tenaient dans la ville un énième sommet franco-allemand notamment sur la crise des réfugiés. Le premier ministre, de plus en plus agacé par les sorties de son ministre, s’était vu obligé de le recadrer lors d’un discours à Pompidou-Metz. Quelques jours plus tard, lors de déplacements à Pont-à-Mousson et Strasbourg, le ministre de l’Economie a pu tester sa popularité sur le terrain. A chaque prise de parole, les journalistes sont obnubilés par le mouvement En Marche ! d’Emmanuel Macron.
Si le chef de l'Etat avait estimé que le ministre de l'Economie "savait ce qu'il lui devait" lors de sa grande émission sur France 2 la semaine dernière, ce dernier réplique dans un entretien à la presse régionale du groupe Ebra vendredi. S'il se dit "loyal sur le plan personnel", il revendique sa liberté et argue que sa nomination au gouvernement n’en fait pas l'"obligé" de François Hollande.
Un nouveau pavé dans la mare de la part d’Emmanuel Macron dont les ambitions réelles depuis le lancement de son mouvement En Marche! interrogent. Au cours de cette interview le locataire de Bercy insiste à nouveau sur sa différence:
"Le vrai clivage aujourd’hui, il est entre les progressistes et les conservateurs. (...) Ce n’est donc pas ni droite, ni gauche mais et droite, et gauche. Il faut une recomposition de l’offre politique, et il la faut maintenant", assène-t-il pour ringardiser un peu plus, à 38 ans, la classe politique.
- Agacement au sein même du gouvernement -
Outre sa nouvelle sortie sur sa volonté de supprimer l’ISF (Impôts sur la Fortune), même s’il a reprécisé les choses en assurant vouloir remettre le sujet fiscal à plat, les déclarations de M. Macron ne cessent d’agacer à gauche et désormais au sein même du gouvernement. "Supprimer cet impôt (...) serait une faute", l'a tancé mercredi Manuel Valls, en lui demandant comme à "chaque ministre (...) d'être attelé à sa fonction, à sa mission". Jeudi, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a lui aussi appelé le locataire de Bercy à jouer "collectif".
Ultra-médiatique, Le Parisien assurait ce jeudi que Macron «est poussé vers la sortie du gouvernement» tandis que le quotidien du soir Le Monde titre sur «l’offensive Macron». Le quotidien de gauche Libération titre même ce jeudi : «la France atteinte de Maronite aigüe».
Selon une étude Viavoice publiée jeudi par Libération, il ferait «un bon président de la République » pour 38 % des Français (devant Manuel Valls, 28 %, et Martine Aubry, 21 %). Il est également jugé comme le «meilleur candidat pour représenter la gauche», aussi bien par l’ensemble des Français que par les sympathisants de gauche
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