Accueil des migrants en région: Cazeneuve dénonce les réactions de la "droite extrême"
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a dénoncé lundi l'"irresponsabilité" de certains responsables politiques sur l'accueil des migrants, dans une charge virulente contre le Front national et la "droite extrême" accusée d'être "dans l'abandon de ce qu'est notre pays".
"Que veut le Front national? Des affrontements à l'intérieur du pays entre nos concitoyens et ceux que la France peut accueillir parce qu'ils relèvent du statut de réfugié en France?", s'est interrogé M. Cazeneuve, en marge d'un déplacement à l'Office français de l'immigration et de l'intégration à Bobigny (Seine Saint-Denis). Le ministre était interrogé sur le lancement d'une association de maires, "Ma commune sans migrants", par Steve Briois, l'un des vice-présidents du FN.
"Que veut le Front national? Que la France cesse d'être la France, de défendre les valeurs qu'elle défend depuis la Révolution française?", a poursuivi M. Cazeneuve, ou bien "que la France cesse, en réalité, d'être elle-même". "Nous, ce que nous voulons c'est que la France continue à être la France" avec "ses principes et ses valeurs", a-t-il dit. "La République, ce n'est pas la haine. Ce n'est pas le refus de l'autre, et la République ce n'est pas non plus le mensonge, parce que le Front national est, comme une partie de la droite extrême, dans le mensonge", a-t-il ajouté, en dénonçant la "manipulation permanente, comme l'a toujours fait l'extrême-droite en France".
M. Cazeneuve s'exprimait alors que le ton est monté ces derniers jours autour du démantèlement programmé de la "Jungle" de Calais, qui doit se traduire par la répartition des migrants dans des Centres d'accueil et d'orientation (CAO) en région, pour lesquels l'Etat cherche 9.000 places supplémentaires.
Laurent Wauquiez, le président par intérim du parti Les Républicains (LR), a notamment lancé une pétition contre ce projet qui aboutira selon lui à la création de "jungles" sur l'ensemble du territoire. Une initiative vivement dénoncée par le ministre de l'Intérieur, qui y a vu un glissement vers l'extrême-droite: "Quant à la droite extrême qui tangente son discours" et qui est "incarnée par M. Wauquiez et par d'autres qui le suivent", a-t-il dit, elle est "dans la fuite en avant" et "en train de créer, par son irresponsabilité, des tensions dans le pays dont le pays n'a nul besoin".
Il s'est toutefois félicité de l'existence d'"hommes de toutes sensibilités, de droite de gauche, qui sont de vrais républicains qui sont dans la sagesse, et pas dans cette fuite en avant et dans cet abandon de ce qu'est notre pays". A propos de l'initiative de M. Wauquiez, le président LR de la région Haut-de-France, Xavier Bertrand, a estimé lundi que "ce n'était pas une pétition" qui allait "régler les problèmes" à Calais.
- Dans le Grand-Est, la gauche favorable à l'accueil des migrants -
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Dans le Grand-Est, le gouvernement entend intégrer 1 300 migrants en provenance de la jungle de Calais. Le débat s’est aussi emparé des formations politiques, la gauche appelant la président Les Républicains Philippe Richert de prendre sa part.
"La Région Grand Est doit prendre sa part de responsabilité et accompagner l’accueil de réfugiés. Les élus de Gauche rappellent également la nécessité du soutien régional envers les associations qui accompagnent les demandeurs d’asile" a demandé le groupe socialiste du conseil régional dans un communiqué.
M. Richert a assuré jeudi dernier que "ces gens n’ont pas vocation à s’intégrer dans une région comme le Grand-Est mais à rejoindre la Grande-Bretagne. Quel intérêt à les répartir sur le territoire alors qu’ils reviendront à Calais ?» s’interroge le président de l’ARF. «Les accueillir, je veux bien… mais difficile d’imaginer qu’ils ont vocation à s’intégrer dans la région" assurant la répartition régionale des migrants de concept "contre-productif".
Comme partout en France, le Front national dans le Grand-Est par la voix de son chef de file Florian Philippot a également dénoncé cette idée gouvernementale et a prié M. Richert de s’opposer à l’accueil des migrants. La position est partagée dans la région par le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France.
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