INTERVIEW EXCLUSIVE. Benoit Hamon: "je veux une Conférence pour une 6ème République"

France - 19/04/2017 19h34
Lu 10 422 fois -   LORACTU.fr La Rédaction
INTERVIEW EXCLUSIVE. Benoit Hamon: "je veux une Conférence pour une 6ème République"
Politique
Le candidat du PS et d'EELV à la présidentielle, Benoit Hamon, lors d'un meeting à Toulouse

Le candidat du PS et d'EELV, Benoit Hamon, à la peine dans les sondages à trois jours du premier tour affirme que "la détermination qui (l')m'habite reste intacte" alors qu'il est largement distancé par son concurrent de gauche Jean-Luc Mélenchon. Il défend le concept de 6ème République mais aussi "une République bienveillante et humaniste, une Europe refondée". Mercredi soir, il rassemblait 20 000 personnes sur la Place de la République à Paris pour son dernier rassemblement de campagne. 

LORACTU. Comment convaincre les Français que vous êtes en capacité de vous qualifier au 2e tour face à la progression de Jean-Luc Mélenchon ? 

Benoit Hamon -; Une campagne est une course d'endurance, je le sais bien, et ça ne m'effraie pas. La détermination qui m'habite reste intacte, pour défendre et proposer aux français un avenir désirable. Ce projet, mon programme, est le résultat d'un travail de concertation qui vise à penser et embrasser le monde qui vient. Le chemin que je propose est celui du courage et de l’inventivité, pour transformer durablement notre société et aller vers un monde où le travail n’est pas facteur de souffrance mais d’émancipation, où notre modèle de production intègre réellement l’exigence écologique, où la démocratie retrouve le souffle qu’elle a perdu. Je porte haut le progrès social, écologique et démocratique, une République bienveillante et humaniste, une Europe refondée, et je fais confiance aux français pour faire le bon choix le 23 avril.

Vous défendez un "futur désirable", point clé de votre programme. Quels sont les 3 réformes importantes que vous souhaitez engager à l'issue de votre élection pour "redresser" la France ? 

Il est compliqué de résumer un projet présidentiel en quelques points, mais différentes mesures me semblent prioritaires. Je veux améliorer le pouvoir d'achat et permettre à ceux qui ont moins de vivre mieux. Dès 2018, j’ouvrirai le droit à un revenu universel d'existence à tous les actifs occupés ou non-occupés (étudiant, salariés, travailleurs indépendants...) âgés de plus de 18 ans. D'un montant de 600€ par mois, il sera distribué automatiquement. J'augmenterai les minima sociaux de 10% et revaloriserai le SMIC après négociation avec les partenaires sociaux dès juillet 2017.

Je mettrai en place, dès l’été 2017, une Conférence pour une 6ème République réunissant parlementaires, sages et citoyens. En cours de mandat, cette nouvelle constitution introduira une dose de proportionnelle, instaurera un septennat présidentiel non-renouvelable et limitera l’utilisation du 49.3 et le cumul dans le temps des mandats des élus. J’engagerai un grand plan de Réforme constitutionnelle qui comprendra la reconnaissance du vote blanc, l’extension du droit de vote aux étrangers non communautaires pour les élections locales. Je proposerai la mise en place du 49-3 Citoyen selon lequel 1 %, du corps électoral pourra soit inscrire à l’ordre du jour du Parlement un proposition de loi citoyenne, soit soumettre une loi votée à référendum sous condition de représentativité des signataires et de participation au scrutin et dans des domaines déterminés.

Je veux sortir l'Europe de l'impasse et lui redonner une perspective, aller vers une Europe du progrès. Pour sortir de l’austérité et préparer l’avenir, je veux inciter nos partenaires à construire ensemble une Europe sociale, énergétique et de la défense. La première communauté européenne fut celle du charbon et de l’acier. Le temps d’un nouveau souffle est venu, celui d’une stratégie européenne pour l’environnement, la sobriété, l’efficacité et l’indépendance énergétiques, la maîtrise du prix de l’énergie, la réindustrialisation et la souveraineté.

- "La détermination qui m'habite reste intacte" -

Dans notre région, un débat s'impose à chaque élection présidentielle: la place du concordat d'Alsace-Moselle. Plusieurs candidats veulent le conserver, Jean-Luc Mélenchon entend l'abroger. Quelle est votre position ? 

Ma position est claire à ce sujet, je ne suis pas favorable à la remise en cause du Concordat d'Alsace-Moselle.

Votre accord avec l'ex-candidat Yannick Jadot (EELV) comprend l'arrêt du projet de Bure, ce site d'enfouissement de déchets nucléaires en chantier dans la Meuse. Pouvez-vous préciser votre position sur ce projet très contesté mais défendu par des élus locaux notamment de droite ? 

Je réaffirme mon opposition au projet d'enfouissement profond des déchets radioactifs à Bure. Il est irresponsable de stocker en profondeur des déchets que nous pourrions être incapables de récupérer par la suite. Le stockage en profondeur sera définitivement arrêté, et les combustibles irradiés seront stockés à sec en sub-surface.

A propos du nucléaire, notre région comporte plusieurs centrales. Fessenheim doit fermer en Alsace tandis que la centrale de Cattenom (Moselle) - qui inquiète les pays frontaliers - doit encore être exploitée jusqu'en 2040. Quel est votre programme de sortie du nucléaire ? 

Je veux sortir d'un modèle énergétique fondé sur des ressources finies, que ce soit le pétrole ou le nucléaire. Je m’engage donc à faire évoluer le mix électrique français pour atteindre 50% d’énergies renouvelables dès 2025, en favorisant notamment la production individuelle d’énergie pour créer un maillage territorial nous permettant de sortir de centralisation de la production énergétique. Je mettrai en oeuvre une sortie progressive et intégrale du nucléaire, avec une sortie prévue en 25 ans. Nous acterons donc la fermeture des premiers réacteurs durant la mandature, notamment à Fessenheim.

Le nouveau nucléaire est trop cher, l’ancien nucléaire est trop dangereux, et la question des déchets reste un problème pour lequel nous sommes encore très loin d'avoir trouvé une solution. Il serait irresponsable de continuer à nous entêter dans une exception française qui est en train de tuer EDF et le service public de l’électricité, qui nous empêche de nous imposer comme une puissance mondiale dans les énergies de demain et qui va fournir une électricité toujours plus chère.

Dans le Grand-Est, plus de 150 000 personnes sont des travailleurs frontaliers en Allemagne, au Luxembourg, en Belgique et en Suisse. Ces habitants souffrent de conditions de circulation difficiles. Comment la France peut-elle intervenir sur les dossiers de l'A31bis ou la circulation des TER entre France et Luxembourg ? 

Je pense qu'il est à ce sujet essentiel d'avoir une réflexion globale sur la multimodalité. Dans ces zones très fréquentées et très denses, le développement du ferroviaire doit être la priorité, mais cela peut aussi passer par le développement du covoiturage par exemple. Le transport est une compétence régionale et je fais confiance aux collectivités. Je les accompagnerai tout en leur donnant la liberté de discuter avec leurs partenaires des meilleurs moyens à mettre en œuvre pour développer la mobilité dans les territoires, notamment dans les territoires frontaliers.

Concernant l'A31 bis, de vrais enjeux existent, en terme de financement et d'impact environnemental notamment. Ces enjeux méritent d'être discutés. 

- "Je réaffirme mon opposition au projet d'enfouissement des déchets radioactifs à Bure" -

Les régions Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne ont fusionné le 1er janvier 2016 dans la douleur et dans la contestation notamment en Alsace. Souhaitez-vous revoir cette organisation ? François Fillon s'est dit ouvert à une autonomie de l'Alsace et Marine Le Pen veut supprimer les régions.

Je ne souhaite pas toucher au redécoupage des Régions. Les collectivités sont demandeuses de plus de stabilité pour les années à venir. La loi permet par ailleurs des ajustements si nécessaire, pour les collectivités qui le souhaitent. Je suis en faveur d’une approche pragmatique qui fait confiance aux territoires. Il s’agit là d’un point essentiel car je suis un vrai décentralisateur. Cela passe par cette confiance en l’intelligence collective et territoriale.

Je veux stabiliser notre organisation territoriale. Les différentes lois qui ont modifié l'organisation des compétences des collectivités doivent être mises en oeuvre pour que l’architecture territoriale et l’organisation des services publics soient lisibles et efficaces pour les citoyens. Je peux porter un regard nettement plus critique sur certaines décisions comme la baisse des dotations mais je crois au besoin d’appropriation des différents changements intervenus, tant pour les élus locaux que pour les citoyens qui réclament, avec raison, une plus grande clarté.

La Lorraine, historiquement une terre ouvrière est en pleine mutation sur le plan économique mais aussi politique. Elle se tourne désormais majoritairement à droite et surtout vers le FN. Vous citez souvent les "ouvriers de Florange" dans vos discours. L'électorat ouvrier se tourne vers Marine Le Pen - 40% selon les sondages - quel message concret leur adressez-vous ? Quelles perspectives offre votre candidature à cet électorat ? 

J'entends la défiance, j'entends la désespérance qui peut exister face aux politiques libérales délétères, qui sous couvert de créations d'emplois qui n'ont jamais vu le jour, ont broyé davantage les plus précaires et creusé les inégalités.

Je veux redonner du pouvoir d'achat aux ménages les plus fragiles en revalorisant les minima sociaux et en mettant en place le RUE. Je veux réimplanter de l'activité sur l'ensemble du territoire. Je déploierai un programme d’investissements stratégiques afin de créer les emplois de demain. Pour que chacun puisse bénéficier d’une même durée de retraite en bonne santé, je maintiendrai et j’étendrai les comptes pénibilité. Je maintiendrai et j’étendrai les comptes pénibilités, qui permettent à ceux qui ont eu les carrières les plus difficiles de partir plus tôt. Je ne repousserai pas l’âge de départ en retraite. Nous permettrons des transferts de trimestres validés entre conjoints pour favoriser les retraites à taux-plein.

Je veux garantir l'égalité d'accès aux services publics essentiels. J’instaurerai à ce titre une “garantie service public” universelle. Chaque bassin de vie aura le droit à la présence, garantie par la loi, d’un panier de services publics à moins de 30 minutes, intégrant la lutte contre les déserts médicaux. Je créerai des territoires prioritaires d’action publique pour coordonner l’action de l’ensemble des services publics là où sont les besoins : zones rurales, péri-urbaines, quartiers périphériques.

Suggérer une correction

0 Commentaire

Envoyer
Top Actu
380 €
Villers-lès-Nancy - 30 m²
Appartement Villers-lès-Nancy
198 000 €
Einville-au-Jard - 198000 m²
Terrain Einville-au-Jard
73 000 €
Nancy - 50 m²
Appartement Nancy
650 €
Algrange - 49 m²
Maison Algrange
avec Logo Immoregion.fr
Suivez LORACTU.fr
télécharger notre extension