Bayrou répète que le MoDem ne recourt pas aux emplois fictifs et part pour "ne pas exposer" Macron
L'ex-ministre de la Justice qui a renoncé à faire partie du gouvernement Philippe II a démenti tout usage d'emplois fictifs dans son parti, le MoDem. Il a expliqué vouloir remprendre sa liberté de parole pour se défendre et "ne pas exposer" le gouvernement. François Bayrou a répété sa loyauté envers le chef de l'Etat Emmanuel Macron.
François Bayrou a commencé sa conférence de presse pour expliquer les raisons pour lesquelles il ne fera pas partie du prochain gouvernement. L'éphémère Garde des Sceaux refuse l'expression de "démission".
Même si son passage au ministère de la Justice a été très court, François Bayrou a défendu son bilan : "Le choix du ministère de la Justice était passionnant, je tenais beaucoup à la loi sur la moralisation de la vie politique pour rétablir la confiance des citoyens dans notre démocratie. Nous avons mis au point ce texte ambitieux, réaliste et novateur en trois semaines. Le projet de loi a été adopté entre les deux tours des élections législatives".
"Nous n'avons jamais eu d'emplois fictifs", dit François #Bayrou, qui parle d'une campagne "à base de dénonciations" pic.twitter.com/FrL6bfony5
— franceinfo (@franceinfo) 21 juin 2017
Le maire de Pau a ensuite évoqué l'affaire entourant le financement des attachés parlementaires européens du Modem. "Dans le même temps, une campagne de dénonciations anonymes s'est développée contre le Modem", a expliqué François Bayrou qui a déclaré solennellement : "Nous n'avons jamais eu d'emplois fictifs. Ce sera aisé à prouver. J'ai une absolue confiance dans la justice".
"Je n'ai aucun doute, même si mon nom n'a jamais été cité que j'étais la véritable cible pour décrédibiliser le ministre qui portait cette loi", a déclaré François Bayrou qui a estimé que, pour un "certain nombre de formations politiques, une telle loi était un obstacle", dans une allusion au Front national.
Le maire de Pau a évoqué ses "amis", "dont il connaît la parfaite probité". "Avec ma fonction de Garde des Sceaux, la seule personne qui ne pouvait pas se défendre était justement le ministre de la Justice, le seul qui soit obligé de se taire", a déclaré François Bayrou avant de préciser : "S'il dit je suis innocent, on l'accuse d'influencer la justice. Cela revient à boxer les deux mains attachées dans le dos. Je n'accepte pas d'être condamné au silence".
Pas de réponses sur les affaires judiciaires
Lors de sa conférence de presse, le maire de Pau a ajouté : "Je n'accepte pas de vivre sans liberté de parole. L'honneur, la probité, la décence (...) ne sont pas pour moi des mots creux". Et d'expliquer d'autres raisons qui l'ont poussé à prendre cette décision : " De surcroît cette situation exposait le président et le gouvernement. J'en ai donc tiré les conclusions : je choisis la liberté de jugement et la liberté de parole."
Il a continué en faisant un parallèle historique avec la Seconde Guerre mondiale : "Nous ne pouvons pas vivre dans une société de perpétuelle dénonciation. La France a été, hélas, à d'autres époques le pays des lettres anonymes. Aujourd'hui, l'acte le plus anodin et le plus normal sous ce miroir grossissant apparaît suspect. A cette déferlante la démocratie ne survivra pas."
"Macron est une chance pour notre pays"
Après avoir expliqué les raisons de son départ du ministère de la Justice, François Bayrou a tenu à montrer qu'il ne se détournait pas d'Emmanuel Macron. Au contraire, il a apporté son soutien sans faille au président de la République : "Emmanuel Macron est une chance pour notre pays, pour l'Europe et pour l'équilibre du monde". "Il est à a hauteur de la fonction", a-t-il poursuivi, tout en précisant : "[Le président] a besoin d’une majorité large où le pluralisme ne soit pas un vain mot. "Il faut une majorité à deux piliers" qui tiennent compte des "courants nouveaux comme de ceux qui viennent de loin", a expliqué le maire de Pau, qui a ainsi conclu : "Nous serons porteurs de stabilité. Je vais retrouver mes fonctions de maire de Pau, une ville magique, avec des concitoyens affectueux".
A savoir si la connexion entre le Modem et Emmanuel Macron était désormais rompue, il a déclaré qu'il apporterait tout son soutien au chef de l'Etat : "Je suis déterminé à apporter mon soutien au président et même un peu plus. C'est quelqu'un que j'estime, je trouve qu'il est magnifiquement à la hauteur de sa fonction. J'ai donc l'intention de l'aider mais je pense que je l'aiderais mieux avec ma liberté de parole qu'avec un bâillon".
A la question d savoir s'il y aura des ministres Modem dans le prochain gouvernement, il a considéré "que ce serait logique", estimant que ce "serait dommage" de s'en passer. "Le président prendra sa décision", a-t-il ajouté.
Il a ensuite refusé de s'exprimer sur les affaires concernant le Modem.
#Bayrou : "j'ai proposé au Président cette décision il y a 15 jours, le jour même de l'ouverture de l'enquête" pic.twitter.com/xq3G8rRrK2
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