Chez Lucette en Lorraine, la visite d’Hollande était bidonnée
La visite de François Hollande chez une retraitée de Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) était une grossière mise en scène. Lucette qui a accueilli le président de la République chez elle n’a pas pu poser les questions qui lui brûlaient les lèvres, l’une des exigences de l’Elysée.
Le coup de communication est raté. Pour la première fois du quinquennat, à dix-huit mois de la présidentielle, François Hollande s’est prêté jeudi dernier à une visite aux airs de campagne électorale. Le décor est celui d’un quartier résidentiel rénové d’une cité populaire de Vandœuvre-lès-Nancy, seconde ville du département et qui a bénéficié de crédits de l’Etat pour rénover son quartier classé en Zone de Sécurité Prioritaire. En marge d’un déplacement à Montigny-lès-Metz pour évoquer le Service Militaire Volontaire et Nancy pour y prononcer un discours, Hollande a fait un crocher «improvisé» à Vandoeuvre pour s’y offrir un bain de foule sans sifflets et huées. Une visite «surprise» finalement bien préparée.
Dans son petit F2 tout neuf, Lucette, 69 ans a reçu François Hollande «en toute simplicité» jeudi devant une foule de caméras et de journalistes. Un entretien «informel» bien préparé par les équipes de communication de l’Elysée. "Le matin, la mairie a envoyé une femme de ménage. Des employés municipaux ont apporté un gros bouquet et quelques chaises. Un chien policier est venu renifler l’appartement, au cas où un terroriste aurait déposé un pain de plastic" chez Lucette, explique L'Est Républicain qui l'a rencontrée. Pourquoi a-t-elle été choisie ? Le maire PS de Vandœuvre-lès-Nancy, Stéphane Hablot, lui a passé un coup de file pour lui demander d’accueillir le chef de l’Etat. L’infirmière à la retraite affirme être proche du maire et ne cache pas sa sympathie pour le Parti socialiste.
"Le café était préparé par la mairie, les tasses prêtées par la maire, tout comme les chaises et les fleurs" affirme Lucette à BFMTV qui a révélé les coulisses de cette visite largement relayée par les médias sans en mentionner la mise en scène. "Toutes les visites présidentielles sont mises en scène, ce n’est même plus étonnant, on connaît les grosses ficelles" affirme un journaliste politique d’un grand quotidien national. "Dans nos papiers, on a quand même écrit que c’était une opération de reconquête, de précampagne électorale même si on n’a pas détaillé le détail de la mise en scène" reconnaît-il toutefois. Lucette n’a rien eu besoin de faire, sauf de contrôler ses questions adressées au président de la République.
Même les tasses étaient apportées par la mairie
Lucette a enfermé ses deux chats Coyotte et Swiffer, rangé ses cigarettes car "on (lui) avait dit que le Président n'aimait pas la fumée"… Mais ses propos ont aussi été encadrés. "Mardi, des gens sont venus, de l'Elysée, pour me poser des questions, pour savoir ce que je devais dire et ne pas dire."J’aurais aimé lui parler de toute cette misère que l’on voit autour de nous, des clochards sur les trottoirs, j’aurais voulu lui parler de mon inquiétude quand je vois ces milliers de réfugiés qui arrivent. Mais, bon, c’était délicat" a confié Lucette qui a bien gardé ses questions pour elle. "Le gars de l’Elysée m’avait dit de ne rien dire, il m’a donné les questions que François Hollande allait me poser". Face à la retraitée, Hollande a en effet enchaîné mécaniquement les questions sur son nouveau logement". Du côté de l’Elysée on assume cette préparation : le thème du déplacement était consacré à la rénovation urbaine et au logement.
"C'était génial, je suis tombée sous le charme", lance-t-elle à la journaliste de BFMTV. "C’est un homme simple, sympathique et chaleureux. Il est avenant, convivial, on discute facilement avec lui", complète la retraitée dans L'Est Républicain. "Il a voulu m’embrasser en partant. Tout était minuté, c’est dommage. Il a regardé sa montre une fois pendant notre discussion" affirme-t-elle.
Le café Lucette était lui-même complètement bidon. Le café était amené par la mairie, préparé et servi par un employé municipal au chef de l’Etat devant les caméras et même les tasses étaient prêtées par la municipalité. "Mais c’est lui monsieur café !" a ironisé François Hollande quand on lui a servi son café. Oui, monsieur café était l’un des employés de la mairie mobilisé pour cette opération de communication désormais ratée.
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