Lucette était candidate sur la liste PS du maire de Vandœuvre-lès-Nancy aux municipales

Politique

Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), jeudi 29 octobre 2015. Le président de la République François Hollande chez une habitante d'un quartier rénové de la ville. PHOTO : M. Etchegoyen

La retraitée de 69 ans, ex-aide soignante, n’a en effet pas été choisie au hasard par le maire PS de la ville pour accueillir François Hollande dans son nouveau logement rénové. Lucette Brochet était candidate sur la liste aux municipales du maire PS Stéphane Hablot aux élections de 2008 à la 32ème position. Plus que d’être proche du Parti socialiste, l’habitante de Vandœuvre-lès-Nancy était aussi candidate aux municipales.

L'Elysée lui a bien donné "carte blanche" pour organiser la visite selon le maire, ça le fait "marrer d'entendre dire qu'on aurait dit à Lucette de fermer sa gueule [au sujet des immigrés]. Parce que sur le fond et dans son raisonnement, je la rejoins!" s’est défendu lundi M. Hablot. Simplement, poursuit-il, comme la visite du chef de l'Etat ne devait durer qu'un quart d'heure, "mieux valait  ne pas parler d'autre chose que du logement". La retraitée a affirmé dans plusieurs médias, dont BFMTV, qu’elle voulait interroger François Hollande sur le sort des SDF qui «crèvent dans les rues» alors que le chef de l’Etat «s’occupe des réfugiés» qui arrivent en France. L’ancienne infirmière de 69 ans, qui se dit proche du maire et sympathisante socialiste, a dit qu’un «gars de l’Elysée» venu repérer les lieux deux jours avant la venue de François Hollande.

Un extrait de la liste aux municipales de 2008 du maire PS de Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Pas de question sur les réfugiés

Selon nos informations, il ne s’agit pas d’un «gars de l’Elysée» mais de collaborateurs de la Préfecture de Meurthe-et-Moselle qui auraient conseillé à Lucette de ne pas aborder le thème de l’immigration avec le chef de l’Etat.

Du côté de l’Elysée, on affirme que les questions étaient totalement «improvisées» selon un conseiller cité par L’Express. «Les questions étaient à anticiper puisque l’objet du déplacement était la rénovation urbaine. Je ne vois pas l’intérêt de faire tout cela (d’empêcher Lucette de poser ses questions, NDLR) sachant comment la presse fonctionne aujourd’hui» poursuit ce conseiller. L’Elysée assure également que la mairie a tout organisé en lien avec les services de la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Le service de presse de l’Elysée note uniquement un suivi concernant la sécurité du logement et de l’immeuble lors de sa visite, renforcée par le plan Vigipirate depuis les attentats de janvier. 

"Moi je fais confiance à ce qui est le contact direct et on peut me faire beaucoup de reproches, mais sur le contact direct je sais que les Français savent me trouver", a déclaré le chef de l'Etat depuis la Chine ce lundi, où il est en voyage officiel.

Hollande se défend, la retraitée se met à l’abri des médias

Interrogé sur la "mise en scène" de sa visite chez Lucette Brochet, infirmière à la retraite de 69 ans, François Hollande a justifié les "conditions" autour de cette rencontre. "Vous pensez que l'on va chez une personne sans conditions? Partout il y a des conditions, mais dès lors qu'il n'y a pas de caméras, qu'il n'y a pas de radios, il y a toujours une franchise". "C'était une rencontre qui était en dehors de la presse, sauf pour une toute petite partie, et moi je vais continuer à rencontrer autant de compatriotes qu'il est possible de pouvoir, dans ma position, visiter", a dit le chef de l'Etat. "Je vais continuer - vous le saurez, vous ne le saurez pas -, parce que c'est très important d'entendre hors caméra, hors micro, ce que les gens ont à dire", a-t-il souligné.

Du côté de Lucette Brochet, elle s’est isolée chez sa fille pour fuir les médias. «Lucette est effectivement tombée dans les escaliers à mon domicile, ce matin. C’est à la fois dû à sa fragilité car elle a été opérée de la hanche il y a un mois et à l’émotion provoquée par la polémique autour de la visite du président» a affirmé sa fille citée par L’Est Républicain, demandant aux médias de la «laisser tranquille».

Selon le maire PS de la ville, si la ville a préféré Lucette pour la visite présidentielle c’est que «son fils est un copain d’enfance. Mais si on a décidé d’aller chez elle, c’est pour parler de son parcours résidentiel. De raconter sa nouvelle vie dans son nouveau logement en toute liberté» et non pas parce qu’elle sympathisante socialiste, jure Stéphane Hablot.