Dealer de drogue présumé abattu sur l’A31: "on tente d’étouffer une bavure policière", selon son avocat
EXCLUSIF. L’avocat du dealer présumé abattu sur l’A31 en Meurthe-et-Moselle prend la parole pour la première fois et défend son client. Pour lui, le jeune homme de 24 ans soupçonné d’appartenir à un réseau de trafiquants de drogue a été abattu alors «qu’il n’était pas armé».
Le 26 mai dernier, un homme de 24 ans était abattu par la BRI (Brigade d’Intervention Régionale) de Strasbourg lors d’une tentative d’interpellation sur une brettelle d’autoroute de l’A31 à Lesmenils (Meurthe-et-Moselle), près de Nancy. L’homme, dealer de drogue présumé, était abattu d’une balle dans la tête alors qu’une course poursuite s’était engagée sur l’autoroute avec la police. Sa voiture, une Renault Espace d’un modèle assez ancien, avait été stoppée sur la bretelle d’accès de l’autoroute pour rejoindre Nancy. Les faits s’étaient déroulés entre 3H et 4H.
Selon l’avocat de l’homme décédé, Me Philippe Guenel, son client «n’avait pas d’armes à feu dans sa voiture et n’a donc pas tiré au moment de l’interpellation» estime-t-il auprès de LORACTU.fr. Les enquêteurs n’avaient en effet pas retrouvé d’arme sur le suspect abattu et dans la voiture prise en charge selon la procureure de la République de Besançon Edwige Roux-Morizot.
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D’après les éléments livrés par le parquet de Besançon qui est chargé des investigations touchant à ce vaste trafic de stupéfiants vraisemblablement piloté depuis la Franche-Comté, le suspect abattu aurait en fait foncé avec sa voiture sur les policiers. Lors de l’intervention de police le 26 mai, la police était mobilisée pour interpeller trois véhicules suspectés de transporter des stupéfiants lors d'un "go fast", ce que confirmeront les saisies effectuées par la suite. L'un des conducteurs a refusé de s'arrêter, fonçant sur les policiers pour tenter de prendre la fuite, "malgré les brassards de police et les demandes de s'arrêter", a dit le procureur. "Dans ce contexte, deux tirs ont été tirés par les policiers. Un tir a touché mortellement le conducteur à la tête", a-t-il ajouté. "Il y a un lien direct entre le décès de cet homme et le fait qu'il ait foncé sur les policiers", a relevé le procureur, soulignant qu'une "enquête globale" était en cours "pour savoir ce qui s'était exactement passé".
«Il est en effet question d’une tentative d’homicide sur policer» assure l’avocat du jeune homme. «Mais pas avec une arme à feu. On lui reproche d’avoir voulu foncer sur les policiers avec sa voiture et donc faire de sa voiture une arme pour blesser les policiers. En fonçant sur deux policiers, il en aurait blessé un aux jambes, ce qui reste encore à prouver formellement par l’enquête» assure l’avocat inscrit au barreau de Belfort, habitué des affaires liés au trafic de stupéfiants.
- Connu des services de police, le suspect abattu a été "sous influence", selon son avocat -
«Mon client a été abattu. On a visé mon client délibérément alors qu’il n’étai pas armé» s’insurge l’avocat qui représente la famille du dealer présumé. Une famille qui est dans «l’incompréhension» et «attend des réponses de l’enquête». «Il va falloir nous expliquer pourquoi on n’a pas tiré sur le véhicule mais en pleine tête de mon client» s’interroge Me Philippe Guenel. «On n’a l’impression que c’est une interpellation qui a mal tourné et qu’on tente d’étouffer une bavure policière» poursuit-il. «Comment on peut louper l’interpellation d’un suspect sur une bretelle d’autoroute avec autant d’hommes mobilisés ?» poursuit l’avocat.
Dealer de drogue présumé abattu sur l’A31 à Lesménils: ce que l’on sait
C'est sur cette bretelle d'autoroute que l'homme a été abattu par la police le 26 mai dernier. (PHOTO: GOOFLE STREET VIEW/ LORACTU.fr).
Le jeune homme suspecté d’appartenir à un réseau de trafiquant de drogue était connu de la police et de la justice déjà condamné à 2 ans de détention pour avoir servi de «nourrice» à un trafic. «Aujourd’hui, on ne peut pas lui reprocher d’être un trafiquant. Il conduisait une voiture qui contenait de la marchandise mais dans ce type d’affaires, il est bien connu que le chauffeur n’est pas propriétaire de la marchandise» selon l’avocat.
Par ailleurs, les enquêteurs ont retrouvé à Besançon, d’où est originaire le jeune homme, un box de garage loué à son nom. A l’intérieur : 13 kilos de résine de cannabis, un gilet pare-balle, des armes de poing et un chargeur de kalachnikov. Là aussi l’avocat a une explication : «j’ai l’intime conviction que mon client était sous influence ! On ne loue pas un box à son nom et on ne conduit pas une voiture de ce modèle pour un go-fast… ou alors on est un amateur et pas à la tête d’un réseau international !» s’agace l’avocat.
- 800 000 euros de marchandise -
Quelque "60.000 cachets d'ecstasy" ont été saisis dans les véhicules sur l'A31 et des perquisitions, notamment menées à Besançon, ont permis de découvrir "plusieurs dizaines de kilos de résine de cannabis", a-t-elle ajouté. La PJ de Besançon et la BRI de Strasbourg sont intervenues sur le "go fast" dans le cadre d'une information judiciaire pour trafic de stupéfiants ouverte en 2015 par le parquet bisontin. Plusieurs suspects ont été interpellés dans cette enquête, a dit Mme Roux-Morizot.
La marchandise saisie dans cette affaire est estimée à 800 000 euros, selon le parquet. Des personnes sont activement recherchées dans cette affaire.
L’IGPN, la police des polices, a ouvert une enquête pour déterminer dans quelles circonstances ce dealer de drogue présumé a été tué. «Je me permets de douter de l’indépendance de l’IGPN dans ce type d’affaires. Vous connaissez beaucoup de policiers condamnés ?» assure l’avocat qui dénonce l’opacité de cette affaire. «On n’a pas encore accès à l’instruction ou encore au rapport d’autopsie. On s’interroge pourquoi» selon Me Philippe Guenel.
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