06/03/2014 11:32 |
L’avocat de la famille du jeune homme tué à moto mardi soir à Laxou (Meurthe-et-Moselle) porte plainte pour «homicide involontaire». Ses proches et une partie du quartier ne croient pas à la version officielle rapportée par les enquêteurs.
L’avocat de la famille de Sofiane, Me Nicolas Pasin a annoncé vouloir porter plainte pour «homicide involontaire» contre le gendarme impliqué dans l’accident mortel. Selon les proches du jeune homme qui habitent dans la cité, l’accident ne s’est pas déroulé comme l’a rapporté le Parquet de Nancy mercredi.
Lors d’une conférence de presse, le Procureur de la République a en effet assuré que le jeune homme de 22 ans roulait «à vive allure», «sans casque» et «sans éclairage». Selon les premiers éléments de l’enquête, il roulait sur la roue arrière de sa motocross non homologuée. Il aurait été déséquilibré au moment où il passait sur un ralentisseur. Au moment de sa chute il a percuté le bas latéral de la voiture banalisée de gendarmerie.
"Le gendarme a grillé le stop"
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Selon plusieurs témoignages recueillis par l’un des frères de la victime, le gendarme aurait grillé le stop alors qu’il n’avait pas la priorité en sortant du carrefour réputé dangereux. «Sofiane était l’un des meilleurs d’entre nous. C’était un gars bien. Un jeune comme les autres sans histoire» poursuit un autre. Sur le trottoir d’en face, trois jeunes discutent en boucle de cette affaire dramatique. L’un d’eux observe plusieurs minutes de silence face aux fleurs qui s’accumulent. «Je suis en colère. Le gendarme s’est enfui juste après le drame» s’agace le jeune homme âgé d’une vingtaine d’années. Lui non plus ne croit pas au simple accident. «Ca s’est passé à un carrefour. Le gendarme n’avait pas la priorité !» poursuit le jeune homme. «C’est toujours de la faute des jeunes. On fait de la moto tout le temps dans cette rue. Il n’y a jamais eu de problème».
Le gendarme qui appartient au groupement militaire de Dijon (Côte d’Or) a été violemment frappé au nez et au visage. Il est blessé «sérieusement» et devrait écoper d’une ITT de plus de huit jours a-t-on appris du Parquet de Nancy lors d’un point presse. Selon le Procureur, le gendarme agressé est dans un «état grave» mais son pronostic vital n’est pas engagé. Il a de nombreuses fractures au nez, au visage et aux côtes. Ce mercredi soir, il est toujours hospitalisé et devrait subir plusieurs opérations. «Il n’a toujours pas été entendu et devrait l’être dès que son état physique le permet. Son témoignage sera déterminant» selon le magistrat.
Le quartier sous le choc
Si la famille va porter plainte pour «homicide involontaire», le Parquet va bientôt ouvrir une information judiciaire pour «homicide involontaire» et «violences en réunion» dans le volet de l’agression du gendarme.
«La famille est traumatisée par la perte d’un fils et d’un frère» a commenté Thomas Pison tout en excluant la possibilité de violences ou d’émeutes urbaines dans le quartier. En effet, le quartier jugé sensible est placé depuis 2013 en Zone de Sécurité Prioritaire et bénéficie de moyens policiers supplémentaires. Au lendemain du drame, le calme est revenu dans le quartier mais les riverains sont sous le choc.