Les usagers de l’A31 appelés à "se rebeller" contre le projet de péages
Les élus et usagers qui se battent contre le projet d’une future A31 payante montent au créneau. La députée-maire (Les Républicains) de Thionville appelle même les automobilistes à «se rebeller».
La mobilisation contre le projet d’A31bis occupe désormais deux fronts : les élus et habitants de Florange (Moselle) qui continuent de combattre l’option qui verrait la ville coupée en deux par un tronçon de 10 kilomètres, qui plus est payant. Et un second front : les anti-péages qui appellent à la mobilisation populaire et au combat juridique ou politique. «C’est tout bonnement scandaleux (…) L’État ne prend pas ses responsabilités. Cette autoroute a été payée par les sidérurgistes lorrains et voilà qu’il serait encore à nous de financer cet aménagement ? De qui se moque-t-on ?» s’est agacée la députée-maire (LR) de Thionville dans les colonnes du Républicain Lorrain ce mercredi. «J’espère que les usagers vont se rebeller, que tous les élus vont se rebeller. On a besoin d’une réaction très forte, d’une position ferme de tout le monde. «Mais ce n’est pas ceux qui vont travailler tous les jours au Luxembourg qu’il faut pénaliser». Il faut taxer les camions et ceux qui prennent cet axe pour se rendre trois fois par an en vacances en France» s’est-elle énervée.
Opération escargot en préparation
Le maire de Terville, commune voisine de Thionville et également traversée par l’A31 entend déposer un recours contre le projet. Avocat de profession, Patrick Luxembourger va se mobiliser contre le projet validé par le gouvernement et défend la création d’un «RER» entre l’agglomération de Thionville et Luxembourg le long de l’A31 tandis qu’Anne Grommerch propose un monorail suspendu au-dessus de l’autoroute pour une liaison en 20 minutes. La SNCF quant à elle assure être «la» solution de la saturation et entend augmenter de plus de 40% le nombre de trains vers Luxembourg dès le printemps.
L’association AGIR (Aménagement et Gestion des Infrastructures dans le Respect des Ressources) FNAUT Lorraine s’oppose également au projet d’A31bis. Le mouvement estime que la gratuité de l’A31 est «confisquée» aux frontaliers. Sur les réseaux sociaux, une page Facebook consacrée à l’info trafic très prisée par les automobilistes de l’A31 se dit même prêt à organiser une opération escargot ou manifester. Des dizaines voire des centaines de commentaires vont dans ce sens. «On va vers une fronde populaire, ça peut prendre de l’ampleur et devenir un bourbier pour le gouvernement comme Notre-Dames-des-Landes… mais cette fois ça ne sera pas des écologistes mais des milliers de gens ordinaires qui manifesteront» prévient un député. Les collectifs PaiX à Florange et Agirr sont sur la même longueur d’onde en sonnant la mobilisation. Interpellation des élus locaux, demandes de rendez-vous à Ségolène Royal ou Alain Vidalies…
Le Luxembourg sceptique
Les présidents de départements de la Meurthe-et-Moselle et de la Moselle s’opposent aussi aux péages. Le premier estime que la concession est une mauvaise chose que le nouveau barreau Toul-Dieulouard qui doit être concédé ne sera pas assez fréquenté donc peu rentable, le second préfère de son côté défendre la création d’une écotaxe régionale visant les poids-lourds. Une proposition partagée par Philippe Richert qui dirige la nouvelle région Grand-Est.
Au Luxembourg, le ministre des Infrastructures et des Transports a estimé que le projet de péages est une mauvaise chose. Pour lui, la voie supplémentaire entre Thionville et Luxembourg ne sera pas suffisante et plaide pour davantage de covoiturage et un développement de l’offre de transports en commun.
Le BTP et le monde économique satisfaits
Le maire (UDI) de Nancy quant à lui n’a pas fustigé l’idée de concéder l’autoroute à une société privée mais a estimé que le projet d’A31bis est une «solution minimale» et a appelé à être attentif aux projets ferroviaire nord-sud par le TGV entre la Lorraine et le sud du pays ou encore le projet du canal Saône-Moselle.
Les seules réjouissances sont à attendre du côté du monde économique. Pour la fédération des Travaux Publics de Lorraine, «le choix de la concession partielle, d’une ouverture à des études spécifiques et à la concertation témoignent à la fois de l’urgence de voir aboutir cette infrastructure renouvelée, et de la prise en compte de la complexité d’un tel ouvrage. Cette décision semble porteuse d’un souci d’équilibre et de réalisme dans cette phase cruciale qui s’ouvre» a-t-elle indiqué dans un communiqué. La profession attend par ailleurs que «le rôle essentiel des entreprises de TP, qui construisent et rénovent un patrimoine qui ne doit pas être considéré comme «ordinaire» saura être rappelé. La protection face aux nuisances, les mises aux normes environnementales, la sécurité de la chaussée en elle-même et la technicité des solutions mises en œuvre sur l’A31 bis feront, nous l’espérons, notre fierté et la satisfaction des usagers d’ici une dizaine d’années» estime-t-elle.
Même satisfaction du côté de Roger Cayzelle, vice-président du Conseil Economique, Social et Environnemental du Grand-Est et qui représente la Lorraine. Pour lui, la concession n’est pas une mauvaise chose car le tarif du péage entre Thionville et Luxembourg est bien inférieur au prix d’un billet de TER. Pour lui, le dossier A31 est une urgence absolue qui a déjà trop traîné.
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