A Thionville, l’équipe Grommerch aurait fait la chasse aux "petits vieux grabataires"
Une enquête publiée par Médiapart ce vendredi détaille comment l’équipe d’Anne Grommerch (députée-maire LR de Thionville) a organisé une «chasse» aux procurations frauduleuses en se concentrant sur des personnes âgées ou atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Le site d’informations affirme, dans une longue enquête consacrée à Thionville publiée vendredi 8 avril (article abonnés), que l’équipe de campagne d’Anne Grommerch avait mis en place pour les municipales de 2014 un système organisé pour obtenir des procurations frauduleuses visant les personnes âgées de la commune. Dans cette affaire qui fait l’objet d’une instruction ouverte à Metz, trois personnes ont déjà été mises en examen dont un ex-policier de Thionville véreux, l’assistante parlementaire de la députée-maire et une colistière devenue adjointe.
La députée-maire avait été entendue par les policiers chargés de l’enquête et pourrait prochainement être convoquée devant la juge d’instruction pour être questionnée. Les trois proches de Mme Grommerch avaient été mis en examen pour «faux», «usages de faux» et «manœuvres frauduleuses tendant à enfreindre les conditions de vote». Les trois mis en examen sont soupçonnés d’avoir établi au moins 36 procurations illégales auprès de «petits vieux grabataires».
L’enquête, selon les conclusions des policiers auxquelles Médiapart a eu accès, a «mis en évidence un système organisé visant à recueillir et faire enregistrer les procurations de manière frauduleuses», qui ciblait des «personnes particulièrement vulnérables en raison de leur âge, de leur isolement ou de leur handicap» affirme ce document.
Médiapart affirme qu’Anne Grommerch (Les Républicains) a menti publiquement sur les liens qu’elle entretenait avec le policier mis en examen dans cette affaire. Un policier mis à pied par sa hiérarchie et condamné à de la prison ferme dans une autre affaire où il a transmis des informations à des malfaiteurs en vue de commettre des cambriolages dans des maisons. «Je n’ai pas eu de contact direct avec lui (…) Si je l’ai croisé c’est lors de réunions avec des militants» avait affirmé Mme Grommerch à plusieurs médias dont LORACTU.fr. Sauf que face aux enquêteurs, elle aurait affirmé le connaître et lui avoir confié quatre fois sa fille «pour participer à des ateliers jardinage». Des photos publiées par le site montrent également Mme Grommerch en sa présence.
- Des SMS et des appels téléphoniques précieux pour l'enquête -
Dans un SMS envoyé à une amie, le policier ripoux écrit : «La procuration est une bonne tacite. Faut trouver des petits vieux grabataires». Au téléphone, il affirme à la conseillère parlementaire d’Anne Grommerch qu’elle «va me tuer» si des procurations oubliées ne sont pas prises en compte dans les bureaux de vote. Le policier avait été mis sous écoute par l’IGPN – la police des polices – dans le cadre de l’enquête sur les informations transmises à des malfaiteurs.
L’assistante parlementaire de la députée-maire aurait également avoué aux enquêteurs avoir signé elle-même à la place des électeurs trois procurations de vote, constituant des faux documents, selon Médiapart. Selon le site, douze colistiers d’Anne Grommerch ou leurs conjoints, aujourd’hui conseillers municipaux ou adjoints ont glissé un second bulletin dans les urnes grâce à des procurations.
Anne Grommerch s’est toutefois défendue devant les enquêteurs, «à aucun moment avoir été informée du mode d’établissement des procurations» selon un PV d’audition. Le site d’investigation révèle également que des procurations supplémentaires potentiellement frauduleuses ont été ajoutées au vote à la dernière minute «grâce à un appel téléphonique d’Anne Grommerch au sous-préfet» qui aurait réglé le problème rapidement. Un haut-fonctionnaire qui n’a pas été entendu dans le cadre de l’enquête, selon Médiapart.
- Anne Grommerch était-elle informée de ce système ? -
Les mis en examen auraient ainsi profité de personnes âgées de 80 à 100 ans qui sont pour la plupart seules, en maison de retraite ou atteintes de la maladie d’Alzheimer. Entendues par les enquêteurs, la plupart ne se souviennent pas de ces procurations prétendument favorables à Anne Grommerch.
La députée-maire Anne Grommerch a toujours démenti être au courant de ces méthodes et avait violemment fustigé l’ex-policier ripoux, sympathisant UMP, qui avait fait campagne pour elle en 2014. L’élection de mars 2014 avait été annulée par le Conseil d’Etat pour des tracts distribués à la dernière minute sans respecter le code électoral. Le premier scrutin avait donné une très courte avance à la candidate LR sur son adversaire (PS) tandis que la seconde élection de juin 2015 avait conforté la droite (1 000 voix d’avance).
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