La gauche et le FN vent debout contre les choix de noms pour le Grand-Est
Les trois noms sélectionnés qui sont soumis au vote populaire dès ce lundi font l’unanimité contre eux. La gauche et le Front national déplorent le manque d’originalité et dénoncent la disparition des identités des ex-régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine.
Philippe Richert et sa majorité auront cette fois réussi à mettre d’accord la gauche et le FN. Les trois noms proposés pour remplacer la temporaire Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (ACAL) sont vivement critiqués par les deux groupes d’oppositions du conseil régional. Nouvelle Austrasie, Acaline et Rhin-Champagne ne séduisent ni Jean-Pierre Masseret, ni Florian Philippot (FN). Certains élus locaux de droite – alors que la région Grand-Est est dirigée par la droite et le centre – fustigent le tiercé gagnant pour le moins surprenant choisi par des groupes de citoyens, d’experts et d’élus.
Pour le groupe FN (46 élus), «les quatre collèges chargés de la dénomination de la grande région se sont réunis une dernière fois samedi à Metz pour présenter leurs travaux. L'usine à gaz montée de toute pièce par Philippe Richert a finalement produit le résultat attendu, à savoir des noms absurdes, totalement déconnectés des attentes de nos concitoyens» s’agace le groupe conduit par M. Philippot, vice-président du parti de Marine Le Pen. Le parti qui était arrivé en tête au premier tour des régionales puis échoué au second estime qu’il ne faut rien changer. «Il suffit en effet d'échanger avec les habitants des trois anciennes régions pour se rendre compte que la solution la plus logique, la plus attendue mais aussi la moins coûteuse consistait à reprendre la dénomination actuelle, à savoir Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine» poursuit le groupe frontiste. «Il est donc urgent d'arrêter les frais et de choisir la dénomination Alsace-Champagne-Ardenne-
- On ne compte plus les messages d’agacement -
L’ex-président de la région Lorraine, candidat malheureux aux régionales qui co-préside désormais le groupe de gauche (14 élus) à la région n’y va pas par quatre chemins. Pour Jean-Pierre Masseret, «les trois noms proposés pour désigner la nouvelle région frisent le ridicule, j’espère que c’est une mauvaise blague» déplore-t-il. Le sénateur socialiste qui avait plaidé pour la réforme des régions assure même que si «ce n’est pas une blague», «on prend les fourches!» s’est-il agacé sur Twitter. «Les 3 noms proposés c’est seulement pour arriver à Grand Est petits malins! On nous roule dans la farine» croit M. Masseret qui assure que «si le choix n’est possible qu’entre les 3 noms proposés: il n’y a pas photo c’est Rhin-Champagne. La planète les parle».
Même à droite, les propositions de noms ne passent pas. Fabienne Keller, sénatrice Les Républicains et ex-maire de Strasbourg, a lancé un pavé dans la mare ce samedi en affirmant que le seul nom qu'elle pouvait envisager était Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, expliquant qu'il n'était pas possible de renoncer à l'un des territoires historiques. Au sein même de la majorité régionale, l’élu de Strasbourg (Les Républicains) Georges Schuler fait part d’une déception à peine voilée. «En tant que conseiller régional alsacien soyez sympa ne me demandez pas de donner mon avis sur les propositions de noms de la grande Région, merci à vous» écrit-il sur Facebook.
Du côté de Roger Cayzelle, ex-président du Conseil économique et social de Lorraine, on «est en plein délire». Même le ministre du Budget Christian Eckert et élu de Meurthe-et-Moselle ironise sur les noms dans un commentaire publié sur Facebook. Des conseilleurs municipaux en passant par des maires, conseillers généraux, régionaux, élus de chambres économiques, chefs d’entreprises et même journalistes: il était difficile de trouver ce week-end un soutien aux 3 noms sélectionnés par les quatre collèges constitués par la majorité de Philippe Richert.
- Même Philippe Richert est "surpris" -
Même le président (Les Républicains) de la région à l’origine de l’idée de consulter un échantillon de la population est d’experts est «à titre personnel surpris par le résultat» a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Metz samedi. «Je pensais évidemment que Grand-Est ou Grand-Est de France y figurerait. On s’est retrouvé avec un décalage relativement important (…) c’est le choix qui a été fait par nos concitoyens. On ne peut pas dire qu’on consulte nos concitoyens puis quand ça ne nous plaît pas on ne les suit pas (…)» a concédé M. Richert, visiblement embarrassé par les noms choisis.
Valérie Debord, vice-président LR et chargée de ce dossier sensible tente tant bien que mal de défendre l’idée. «J’en suis fière. S’il y a un nom qui se démarque d’un autre de manière importante, il sera légitime» assure-t-elle. «Nous serons réellement la région qui aura de bout à bout engagé un processus citoyen et démocratique» défend-t-elle, assurant que «personne ne peut nous le reprocher».
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