Hamon relance sa campagne lors d'un meeting géant à Bercy "où tout commence"
Le candidat PS à la présidentielle, fragilisé par de mauvais sondages et la lâchage de Manuel Valls qui s'était pourtant engagé à faire campagne avec lui s'est relancé dimanche lors d'un meeting géant à Paris-Bercy. Devant 25 000 spectateurs, il a tenté de remobiliser la gauche autour de lui mais aussi de s'adresser aux Français en détaillant sa vision d'une France au "futur désirable".
Face à des doutes de sa propre famille, politique et l'absence d'alliance avec son grand rival de gauche Jean-Luc Mélenchon, le candidat du PS Benoit Hamon devait relancer sa campagne à 35 jours du premier tour de la présidentielle. Opération "réussie" selon son entourage et de nombreux élus de la gauche de la gauche qui l'ont accompagné à son meeting de Paris-Bercy où au moins 25 000 spectateurs se sont massés dans la salle qui accueille d'habitude stars internationales et grands événementds sportifs.
Le candidat socialiste est désormais engagé dans un sprint alors que la campagne a été polluée pendant deux mois par les affaires de François Fillon et Marine Le Pen et des divisions de son propre camp. Alors que son discours était très attendu ce dimanche, Manuel Valls n'a pas pu s'empêcher de continuer à semer ses critiques à l'issue d'une semaine où il a vivement pris ses distances. Dans une tribune publiée dans le JDD, l'ancienn Premier ministre torpille le programme de Benoit Hamon et fait clairement un pas vers le rassemblement qui dépasse les "clivages habituels" porté par M. Macron.
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"Les vicissitudes politiques ne sont rien face à nos responsabilités politiques" a-t-il lancé à la tribune. La députée écologiste de Paris, Cécile Duflot assure que Manuel Valls "n'aurait jamais dû se présenter à la primaire", "il n'a jamais digéré sa défaite" raille l'écologiste qui entretient des rapports électriques avec l'élu d'Evry. "Que les boudeurs restent dans leur bouderie" répond la députée PS de Moselle et porte-parole du candidat Aurélie Filippetti sur RTL. "Le seul vote utile c'est celui de ses convictions"assure la maire PS de Paris Anne Hidalgo alors que certains socialistes appellent déjà à voter Macron dès le premier tour, persuadé que Benoit Hamon sera éliminé dès le premier tour.
"La gauche peut gagner, elle, doit gagner" assure Benoit Hamon pour qui "tout commence ici" a-t-il lancé devant une foule acquise à sa cause. "Il est normal quand on est de gauche de voter pour un candiat de gauche" lance la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud Belkacem au micro. Pour la photo de famille des concurrents à la primaire seuls Arnaud Montebourg et Vincent Peillon ont fait le déplacement dimanche, gardant le silence et préférent offrir quelques saluts au public. "Nous sommes invincibles" assure Christiane Taubira qui dénonce la "tentative de papillionnage, de picorer, de confondre un projet avec un biopic" allume l'ancienne ministre de la Justice et porteuse du mariage pour tous s'adressant à Emmanuel Macron. "Nous sommes ceux qui disent non à l'ombre" lance-t-elle, sans doute l'invitée la plus applaudie par la foule.
- "Ca me gonfle les gens qui ne jouent pas la gagne" s'agace un député -
"Ca me gonfle les gens qui ne jouent pas la gagne" répond Jérôme Guedj, député et soutien de Benoit Hamon quand on lui demande si Valls torpille la campagne de son ancien concurrent. Avec 130 cars affretés de toute la France et certains TGV réservés, le meeting de Bercy avait pour objectif de remobiliser les troupes. "Nous sommes invincibles" assure le Premier secrétaire départemental du PS en Meurthe-et-Moselle Bertrand Masson, soutien de la première heure de M. Hamon. "Il se passe un truc" assure Cécile Duflot. Pour le Secrétaire d'Etat Jean-Vincent Placé c'est un "tournant de la campagne". "Je suis fidèle au concept de primaire même si j'ai voté pour Manuel Valls. Je suis loyal" assure-t-il à la fin du meeting. "C'était un beau discours sur l'Hisoire de France, Benoit Hamon est en pointe sur les questions de l'écologie et de la démocratie" se rejouit-il, refusant de dire s'il votera Macron en cas de duel avec Le Pen. "Je vais faire campagne pour que Benoit soit au second tour". Pour l'économiste Thomas Piketty, "ce n'est qu'un début, il y a encore un mois pour tout changer". Yannick Jadot, l'ex-candidat EELV qui s'est retiré au prix d'un accord avec Benoiot Hamon a salué un "grand discours politique" en "montrant qu'il avait la stature d'un président". Comme s'il ne l'avait pas avant. "Il l'a eu dès la primaire, mais il devait le montrer lors d'un grand meeting" corrige l'ancien candidat. "Il faut dégonfler cette illusion du vote utile qui ne cesse de faire progresser Marine Le Pen" attaque-t-il en allusion à ce duel Macron-Le Pen qui s'installe dans tous les sondages.
Pour Aurélie Filippetti, les critiques de Valls contre Hamon "font le jeu du FN"
Valls pilonne le programme de Benoit Hamon, quelques heures avant son grand meeting
Pour le député PS Olivier Faure, "l'objectif de ce meeting était de recréer le clivage gauche-droite" car "sans ce clivage, le populisme progresse" dit-il en référence à la formule "UMPS" rendue célèbre par Marine Le Pen qui dénonce un rapprochement entre droite et gauche. "Il a trouvé les mots pour réveiller la gauche" sourit le parlementaire. "Ce clivage a du sens, Benoit Hamon montre que c'est possible" dit-il, refusant de dire si ce meeting est un "tournant" de la campagne de son candidat. "Chaque moment compte, il ne faut se rater sur rien. Il y a aussi le débat de ce lundi. Benoit Hamon doit être un phare dans le brouillard de cette campagne" dit-il en référence au positionnement "flou" d'Emmanuel Macron et du climat des affaires.
- Un "Bourget réchauffé" répond Emmanuel Macron -
Le parallèle avec le meeting du Bourget de François Hollande en janvier 2012 qui a marqué un virage dans sa campagne avant sa victoire à la présidentielle était très tentant. Alors que François Hollande y avait dénonce la finance son ennemi qui "n'a pas de visage", celui de Benoit Hamon est "l'argent" qui "pollue la campagne". "L'argent a plusieurs noms, plusieurs visages, plusieurs partis" dans la présidentielle a-t-il dénoncé en référence aux affaires judiciaires de Marine Le Pen et François Fillon et des accusations de "candidat de la finance et des banques" contre Emmanuel Macron. Ce dernier n'a d'ailleurs pas manqué de répliquer au 20H de France 2 quelques heures après le meeting de son concurrent. "Ca fait Bourget réchauffé" a dit le candidat d'En Marche à la télévision.
Le candidat du PS reste toutefois toujours distancé dans les sondages. Selon une étude publiée ce dimanche soir par la Sofres pour Le Figaro, RTL et LCI, Benoit Hamon s'effondre de 4 points à seulement 12% désormais à égalité avec Jean-Luc Mélenchon. Le meeting de dimanche et le premier débat télévisé entre candidats demain sur TF1 sera décisif pour appuyer la capacité de Benoit Hamon de montrer qu'il peut l'emporter. "La gauche peut l'emporter, doit l'emporter" a dit M. Hamon à la tribune. Il reste 35 jours pour convaincre que c'est possible.
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