En meeting à Bercy, Benoit Hamon met la barre tout à gauche
Benoit Hamon a réussi son pari en réunissant au moins 25 000 personnes - selon les organisateurs - dimanche à Paris Bercy pour son premier grand meeting. Le candidat du PS, à la peine dans les sondages, a dénoncé les "forces de l'argent" qui "polluent la campagne" et a détaillé son projet de "futur désirable".
Le candidat du PS à la présidentielle, à la peine dans les sondages, a réussi son premier grand rassemblement de campagne dimanche à un mois du premier tour. Devant 25 000 personnes - selon les chiffres des organisateurs, M. Hamon a déroulé durant une heure et demi sa vision de la France, celle d'un "futur désirable". Benoit Hamon a dû surtout renouer avec une opération union de sa famille politique alors que que quelques heures plus tôt son ex-rival à la primaire signait un brûlot dans le Journal du Dimanche, attaquant largement son programme.
"Alors qu'au fond un doute immense s'est emparé de nos concitoyens, voilà dans le contexte dans lequel nous allons voter. Voilà les angoisses qui sont face à nous. Les vicissitudes politiques ne sont rien face à nos responsabilités politiquues" a-t-il lancé devant une foule survoltée en réponse à l'ancien premier ministre. En s'adressant aux "sociaux-libéraux" dont Manuel Valls est un fervent défenseur tout comme Emmanuel Macron, il assure "qu'ils n'ont jamais digéré mai 81 et tentent même de nous voler mai 2017".
- Critiques du "parti de l'argent" qui a "plusieurs visages, plusieurs noms" -
Le candidat qui a livré un discours à gauche toute a tout de même fait des gestes vers l'exécutif qui est de plus en plus tenté par le "vote utile" en appelant à soutenir Emmanuel Macron dès le premier tour. Il a dit sa "fierté de la retraite à 60 ans, du tiers payant généralisé, de la transition énergétique, de la garantie jeune, la loi Alur" a-t-il dit, saluant des réformes du gouvernement de François Hollande. Citant également le mariage pour tous de Christiane Taubira qui était dans salle - chaudement applaudie avant l'arrivée du candidat sur scène - il a aussi fait applaudir François Hollande, Bernard Cazeneuve et Jean-Yves Le Drian pour leur engagement sur les sujets régaliens. Avant de prendre la parole plus longuement, il a salué "celles et ceux qui assurent notre sécurité" et a demandé à la salle de se lever pour une minute de slience en hommage "à toutes les victimes du terrorisme" en citant un à un les noms des victimes de Mohamed Merrah, cinq ans jour pour jour après l'attaque de l'école juive de Toulouse. "C'était le plus beau visage de la France qui était attaqué, nous aurions du être des millions dans les rues mais la présidentielle battait son plein (...)
Il y avait déjà des attaques contre les journalistes, les juges, il y avait les affaires, les polémiques quotidiennes qui nous détournaient de l'essentiel, les rassemblements au Trocadero, déjà" a-t-il attaqué faisant un parallèle entre les campagnes de 2012 et de 2017.
"Tout commence aujourd'hui, tout commence avec vous, tout commence par vous" a-t-il lancé devant les militants de gauche alors qu'il tenait son premier vrai grand meeting de campagne, un vrai test pour la dynamique de sa campagne à la peine ces derniers jours en l'absence d'accord avec Jean-Luc Mélenchon et face à la progression dans les sondages d'Emmanuel Macron donné qualifié au second tour face à Marine Le Pen.
- "La France est en burn-out démocratique" -
Dans une campagne polluée par les affaires, il a dit vouloir "ralumer la flamme de la République" car "le parti de l'argent a trop de candidats dans cette élection. Ce parti de l'argent a plusieurs noms, a plusieurs visages. L'argent a mis son emprise sur cette élection. L'un (des candidats) nous dit enrrichissez-vous, un autre dit enrichissez-nous" peste-t-il visant Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen. "La France n'est pas un conseil d'administration du CAC 40, si vous êtes chomeurs créez votre entreprise, si vous êtes pauvres, devenez milliardaire ! Si vous n'avez qu'un t-shirt, allez vous acheter un costume, diable !" a ironisé M. Hamon visant là Emmanuel Macron.
"La France est en burn-out démocratique, il faut casser la machine à desespérer" a regretté le candidat PS. "Nous avons trop manque dé clarté, nous la gauche, nous avons trop cédé de terrain aux déclinistes, comme si on pouvait confondre Zemmour et Césaire" a ironisé Benoit Hamon.
- "Je suis le candidat du travail, de la fiche de paie" -
Sur l'économie, M. Hamon a de nouveau défendu son revenu universel - qui a été largement modifié depuis son entrée en campagne via la primaire de la Belle Alliance Populaire - "Le revenu universel poursuit l'oeuvre du conseil national de la Résistance" a comparé le candidat. "Je suis le candidat de la fiche de paie, de la France qui se lève tôt avec le revenu universel d'existence. Le revenu universel n'oppose plus le chômeur au travailleur. Ils parlent sans cesse du coût du travail, mais quand ils en parlent c'est pour stigmatiser ceux qui n'en n'ont plus" poursuit alors le socialiste qui a multiplié les attaques contre Emmanuel Macron et François Fillon tout au long de son discours. Il a aussi fait applaudir l'ex-syndicaliste de Florange (Moselle) qui l'a soutenu dès la primaire. Une manière de montrer qu'il s'adresse encore à cette gauche ouvrière de plus en plus tentée par Marine Le Pen. Edouard Martin est un "héros de la lutte ouvrière qui n'a jamais cessé son combat" assure-t-il.
Alors que François Hollande avait réalisé un tournant dans sa campagne avec sa taxe à 75% sur les hauts revenus, Hamon a défendu "une taxe sur les supers-profits bancaires qui ont été aidés par l'Etat pendant la crise pour plus de solidarité dans le pays, je la metterai en oeuvre" dit-il, promettant de "lutter contre l'évasion fiscale". Il veut aussi réserver 50% des commandes publiques aux PME, et nationaliser temporairement des "fleurons de l'industrie quand ils sont menacés".
- Hamon fait applaudir Hollande, Cazeneuve, Le Drian, pas Valls -
Benoit Hamon a plaidé pour "une nouvelle démocratie sociale et écologique, un futur désirable comme le conseil national de la Résistance s'était donné pour programme les jours heureux, une République bienveillante" a-t-il promis en fin de discours. "Je n'ignore rien des obstacles qui nous attendent mais vous n'ignorez rien de ma détermination" a-t-il prévenu notamment à ceux qui quittent le PS vers Emmanuel Macron qui engrenge les soutiens d'élus socialistes et écologistes. "Assumez l'acte révolutionnaire dans cette élection, allez voir les Français, ceux qui sont en colère, déçus, allez dans les cages d'escaliers, dans les villages, allez convaincre, au-delà des partis politiques, des appareils, allez chercher les hommes et les femmes dont nous avons besoin et qui ont tant besoin de nous. Allons réconcilier les Français avec la gauche mais surtout avec la République, allons ensemble jusqu'à la victoire" s'est envolé le candidat dont la prestation a été saluée sur les réseaux sociaux, volontiers comparée à celle du Bourget de François Hollande en 2012 dont le discours avait propulsé le futur chef de l'Etat vers une belle dynamique de campagne.
Le candidat du PS reste toutefois toujours distancé dans les sondages. Selon une étude publiée ce dimanche soir par la Sofres pour Le Figaro, RTL et LCI, Benoit Hamon s'effondre de 4 points à seulement 12% désormais à égalité avec Jean-Luc Mélenchon. Le meeting de dimanche et le premier débat télévisé entre candidats demain sur TF1 sera décisif pour appuyer la capacité de Benoit Hamon de montrer qu'il peut l'emporter. "La gauche peut l'emporter, doit l'emporter" a dit M. Hamon à la tribune. Il reste 35 jours pour convaincre que c'est possible.
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