Régionales : au FN, Florian Philippot candidat en Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne

Metz - 17/04/2015 12h04 - mis à jour le 17/04/2015 12h40
LORACTU.fr La Rédaction
Régionales : au FN, Florian Philippot candidat en Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne
Politique
PHOTO : ARNAUD SCHERER/ LORACTU.fr

PORTRAIT. Le jeune vice-président du Front National, député européen, qui a échoué aux municipales à Forbach (Moselle) va s’engager dans une nouvelle bataille électorale. Il conduira la liste FN aux régionales dans la future région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne.

Florian Philippot, 33 ans, inconnu de la scène politique et médiatique il y a encore trois ans va se lancer dans la bataille des régionales dans l’est de la France. Le bureau politique du Front national qui se réunit ce vendredi, va désigner six têtes de listes pour les futures régions. Parmi elles, le députée européen représentera le parti de Marine Le Pen dans la région «ALCA» où il s’est implanté en 2014.

Désormais accro aux médias, plateau de télévision et de radio en tête, Philippot a bénéficié d’une ascension fulgurante au sein du parti frontiste. Très influent auprès de Marine Le Pen, il devient rapidement l’un des acteurs de la dédiabolisation. Son but : faire sortir sa présidente de l’extrême droite en privilégiant les sujets économiques et sociaux où le Front a encore des difficultés pour convaincre son électorat. D’ailleurs, selon Le Canard Enchaîné, l’ex-étudiant de HEC, diplômé de l’ENA, a tout fait pour évincer Jean-Marie Le Pen. En pleine crise politico-familiale, Florian Philippot a fait pression sur la présidente du mouvement pour qu’elle annonce l’éviction du père-fondateur. Une pression  sur les plateaux mais aussi en coulisse qui n’a pas échappé à J. M Le Pen. Les deux hommes se sont écharpés par médias interposés.

Une ascension qui fait des jaloux au FN

Fort de la confiance de Marine Le Pen, il en a été aussitôt coopté au bureau politique, parallèlement à sa nomination au poste de directeur stratégique de la campagne présidentielle. Durant la campagne de 2012, le jeune Philippot va conseiller matin, midi et soir la présidente du FN. Slogans, programme, déplacements, interventions médiatiques : il est le chef d’orchestre de la campagne. Marine y réalisera un score record au premier tour et devient arbitre au second. Du jamais vu pour le FN.

Au sein du parti, cette incroyable ascension ne passe pas. Florian Philippot est pour beaucoup de cadres un pur produit des grandes écoles dans un parti qui les exècre, une caricature du Parisien parachuté en province, un ancien chevènementiste qui a édulcoré la parole frontiste et une pièce rapportée en haut de l’organigramme d’un parti “familial” au détriment de collaborateurs plus anciens. Lors du dernier congrès du FN qui s’est déroulé à Lyon, le n°2 n’a pas réussi à s’imposer auprès des militants. La jeune députée du Vaucluse, Marion Le Pen, a recueilli 80% des votes internes, devançant dans l’ordre Louis Aliot (76%), Steeve Briois (70%) et Florian Philippot (69%). Malgré sa présence médiatique quotidienne, week-end compris, le bras de droit de Marine Le Pen n’est pas le préféré des militants. “La plupart des militants que j’ai rencontré au cours de mes enquêtes de terrain m’ont confié qu’ils avaient une forme de réticence vis-à-vis de sa personne et de son parcours universitaire et politique”, analyse le sociologue Sylvain Crépon, auteur d’une Enquête au cœur du nouveau Front national (édition Nouveau monde).

Un "candidat TGV" à Forbach qui échoue mais y implante le FN

L’homme, originaire de la région minière du Nord et issu d’une famille populaire, va rapidement vouloir se trouver un fief électoral. Si le Nord-Pas-de-Calais est déjà occupé par la chef du FN, l’est de la France où le parti a toutes les chances de surfer sur le chômage et la pauvreté, n’a pas de figure frontiste. Déjà en 2012, aux législatives alors qu'il continue de monter au FN après une présidentielle jugée réussie, il va se trouver un fief en Moselle. La circonsription de Forbach sera choisie. Aux législatives, il réussit son implantation en éliminant le député UMP sortant. Mais il offrira la circonsription au maire PS de la ville. En une campagne ultra-rapide en vingt jours, il réalise le beau score de 46,3 % au second tour face au maire PS de Forbach, Laurent Kalinowski. Une défaite mais une victoire politique et médiatique. En 2014, il décide d’être candidat FN aux municipales à Forbach, en Moselle-est. Avant l’élection, une fronde locale anti-Philippot s’organise dans les rangs du FN. Certains claquent la porte, n’appréciant pas l’arrivée tonitruante du candidat. Nuée de caméras, de micros et de photographes entoure le jeune loup du FN à chaque déplacement. Qualifié de «candidat TGV» par ses opposants, il passera la plupart du temps de la campagne à Paris à squatter les plateaux de BFMTV et I>Télé. Mais si son parachutage est très critiqué, il sera fortement crains par les ténors de l’UMP et du PS.  Manuel Valls en personne va faire le déplacement tandis qu’à l’UMP on se sait battu d’avance. Le candidat de la droite ne réalisera que 12,5% au troisième tour en se maintenant.

Alors qu’il s’imaginait déjà élu d’avance face au PS, c’est finalement Hayange en Moselle qui va élire le seul maire FN de la région. Alors que toutes les chances semblaient de son côté -il est arrivé en tête du premier tour des municipales (35,74%)- Florian Philippot a finalement échoué face au maire PS sortant, Laurent Kalinowski.  Pire pour le bras droit de Marine Le Pen, il fait moins bien qu'au premier tour, n'obtenant que 35,17% des voix contre 47,73% à  Laurent Kalinowski. Le front républicain qu’il a toujours fustigé, s’est finalement retourné contre lui à Forbach. Même s’il a échoué, le vice-président du FN a presque fait oublier ce revers. Reprenant ses activités à Paris et au parlement européen de Strasbourg, Philippot a réussi à remobiliser les militants de Moselle et de Lorraine. Aux municipales, aux européennes puis aux départementales, jamais le FN n’a réalisé de tels scores en région Lorraine.

L’Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne est "gagnable"

Voulant surfer sur ces scores – près de 31% aux départementales au second tour en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne derrière la droite – Florian Philippot va se lancer dans la bataille des régionales. Le député européen qui a offert un record en nombre de sièges dans l’Est pour le FN aux européennes va affronter Philippe Richert (président UMP sortant d’Alsace) et Jean-Pierre Masseret (président PS sortant de Lorraine). Le candidat estime déjà que la région est «gagnable» par le FN. En projetant les résultats des départementales – le mode de scrutin est toutefois différent – le Front national ne devrait pas gagner la grande région mais pourrait devancer largement la gauche très affaiblie dans l’est. Mais d’ici décembre prochain, le «bulldozer» Philippot a encore de la marge. Il peut déjà se satisfaire d’une victoire : face à ses opposants, il gagne haut la main le combat médiatique. 

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