La majorité Richert embarrassée pour renommer l’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine

France - 14/03/2016 06h55 - mis à jour le 13/03/2016 21h33
Lu 9 606 fois -   LORACTU.fr La Rédaction
La majorité Richert embarrassée pour renommer l’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine
Politique
Le président (Les Républicains) de l'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne à Metz (Moselle), samedi 11 mars 2016. (PHOTO: Jean Luc Stadler)

Le président de la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine s’est dit «surpris à titre personnel» des trois noms sélectionnés pour être soumis au vote populaire dès ce lundi. Philippe Richert doit désormais convaincre son opposition, de nombreux élus locaux et les habitants. 

Dans la majorité de Philippe Richert on ne se bouscule pas pour défendre le choix des quatre collèges constitués par la région pour définir des trois noms qui seront soumis au vote populaire. Pas de Grand-Est, de Grand-Est Europe ou Cœur d’Europe et encore moins d’allusion à l’Alsace, à la Champagne-Ardenne ou à la Lorraine. Face à une contestation qui vient de tous les bords politiques – même dans son propre camp – Philippe Richert doit désormais convaincre que l’un de ces trois noms permettra de mieux identifier la nouvelle région qui doit encore digérer un mariage à trois délicat.

- Des élus de la majorité à convaincre -

S’il défend la mesure de démocratie participative, Philippe Richert n’en est pas moins embarrassé. Il s’est dit «à titre personnel surpris par le résultat» lors d’une conférence de presse à Metz samedi. «Je pensais évidemment que Grand-Est ou Grand-Est de France y figurerait. On s’est retrouvé avec un décalage relativement important (…) c’est le choix qui a été fait par nos concitoyens. On ne peut pas dire qu’on consulte nos concitoyens puis quand ça ne nous plaît pas on ne les suit pas (…)» a concédé M. Richert, visiblement embarrassé par les noms choisis. Pendant la campagne des régionales et après son élection en décembre dernier, l’ex-président de l’Alsace avait plaidé pour «Grand-Est» et avait rejeté l’idée de l’Alsace-Champagne-Ardenne à cause de la tentation de l’acronyme ACAL incompréhensible pour tous.

Sous couvert d’anonymat certains élus de la majorité Richert se lâchent. En privé, ils raillent «des noms trouvés lors d’une soirée arrosée dans un PMU», «un hommage inutile au passé», «des noms impossibles à expliquer et à comprendre pour les Français et les étrangers». Une salve de critique qui pourrait fissurer petit à petit la majorité de Philippe Richert. «Entre les élus alsaciens qui étaient hostiles à la réforme et qui voient disparaître l’Alsace et les lorrains qui cherchent encore une référence à leur région dans les propositions… ça va être le bazar !» prédit un autre élu régional Les Républicains. Le maire de Nancy (UDI) aurait aimé des propositions qui font référence à l’Europe, l’ex-maire (LR) de Strasbourg Fabienne Keller ne voit pas d’autres choix que l’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.

- Richert et Debord tentent de rassurer -

Philippe Richert tente depuis samedi de rassurer les partisans de l’identité des trois anciennes régions. Selon lui, le terme «Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine» figurera en-dessous du futur logo de la région. Valérie Debord, vice-président LR et chargée de ce dossier sensible tente tant bien que mal de défendre l’idée. «J’en suis fière. S’il y a un nom qui se démarque d’un autre de manière importante, il sera légitime» assure-t-elle. «Nous serons réellement la région qui aura de bout à bout engagé un processus citoyen et démocratique» défend-t-elle, assurant que «personne ne peut nous le reprocher».

Face à la fronde qui s’organise déjà sur internet le vote à peine ouvert, les équipes de Philippe Richert ont envoyé des éléments de langage aux élus de la majorité. Dans un mail qu’à pu consulter LORACTU.fr, le cabinet de M. Richert défend aussi bien le processus que les trois noms sélectionnés. Processus de démocratie participative, diversité des 60 membres participants (citoyens, journalistes, élus, experts…)… les communicants du président livrent des pistes pour défendre le tiercé gagnant.


Les trois noms expliqués par les éléments de langage :

Rhin-Champagne : le nom «rassemble les Alsaciens, les Lorrains et les Ardennais dans leur appartenance commune au bassin du Rhin et associe pleinement les Champenois» peut-on lire dans ce mail. «Ce nom ouvre à l’Europe rhénane et danubienne, est connu dans le monde entier, facile d’usage et traduisible dans toutes les langues».

Nouvelle-Austrasie : «L’Austrasie a existé en tant qu’entité géographique et politique du VIe au VIIIe siècle, elle regroupait déjà les territoires de nos trois régions. La Nouvelle Austrasie est intemporelle, fédératrice, par son antériorité historique et relie passé (Austrasie) et avenir (Nouvelle). Nous aurons un nom aisément identifiable et adaptable (Néo-Austrasien(ne)» plaide la majorité de M. Richert. «Nouvelle Austrasie est facile à prononcer, à retenir et à écrire» poursuit le mail.

Acalie : Pour la majorité LR-UDI-Modem c’est «un nouveau nom construit à partir de la dénomination des trois régions. Un nouveau territoire est né. ACALIE, un nom de baptême fondateur, fédérateur, poétique, paisible, facile à prononcer, harmonieux et intemporel». Ce nouveau nom pourrait être « accueillant qui donne envie de découvrir notre région, pour devenir une véritable marque de nature à faire rayonner notre territoire». 

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3Commentaires

Yves Memel
Yves M. - il y a 4 mois
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...Nouvelle-Austrasie !...Voilà quelque chose qui sort enfin de l'ordinaire et de la routine vulgaire... Répondre
ChristB
Christophe B. - il y a 4 mois
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"un processus citoyen et démocratique". Ah bon ? Et comment appelez-vous un processus ou des élus font un "front uni" contre la proposition qui, pourtant, avait la majorité des votes du public, dans tous les sondages en ligne et sur papier ? Comment appelez-vous un processus ou des élus sont "ravis" que la proposition majoritaire ne puisse pas être proposée aux citoyens ? Car c'est bien ce qui s'est passé ici ; «L’idée, c'était vraiment que Grand-Est ne puisse pas être proposé [aux citoyens], je suis ravie !» a déclarée Virginie Willaime-Morel, du CESER. Comment un élu peut-il se réjouir d’aller à l’encontre de la volonté du peuple ? Un vrai hold-up démocratique ! Donc non, rajouter la proposition "Grand Est", ce n'est pas remettre en cause le processus démocratique et citoyen, au contraire, c'est lui rendre sa valeur démocratique, c'est empêcher la confiscation de la décision par des élus qui privilégient leurs préférences personnelles aux préférences du peuple. Répondre
Yves Memel
Yves M. - il y a 4 mois
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...c'est qui, "peuple" ?... Répondre
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