Face aux affaires, Fillon accuse Hollande d'animer un "cabinet noir", qui dément

Politique

François Fillon lors d'un meeting à Besançon (Doubs), jeudi 9 mars 2017.

Le ton montre entre le candidat LR à la présidentielle François Fillon et le chef de l'Etat François Hollande. Jeudi soir lors de l'émission politique de France 2, M. Fillon Fa dénoncé un "scandale d'Etat" et accusé François Hollande d'organiser à la tête d'un "cabinet noir" les fuites dans la presse sur ses affaires judiciaires, le chef de l'Etat dénonçant en retour des "allégations mensongères". Depuis fin janvier, le candidat de la droite et du centre, devenu troisième homme dans les sondages, doit faire face à une série de révélations dans les médias après les révélations du Canard Enchaîné sur l'emploi fictif présumé de son épouse comme assistante parlementaire. 

"Ca fait deux mois que la presse déverse sur moi des torrents de boue" s'est agacé François Fillon sur le plateau de l'émission jeudi soir. "Ca m'a fait souvent penser à Pierre Bérégovoy", a même confié M. Fillon, en référence à l'ancien Premier ministre socialiste, mis en cause dans une affaire de prêt et qui s'était suicidé en 1993. "J'ai compris pourquoi on pouvait être amené à cette extrémité", a expliqué M. Fillon. Des propos qui ont vivement réagir de nombreux internautes sur les réseaux sociaux mais aussi l'écrivaine Christine Angot venu l'interpeller sur le plateau et l'accusant d'avoir fait du "chantage au suicide". 

- Fillon dénonce un "scandale d'Etat" et vise Hollande -

François Fillon a ensuite directement visé François Hollande dont il accuse d'être à l'origine des révélations de presse. "Il y a un livre qui sort ces jours-ci, dont j'ai pu lire les bonnes feuilles, qui a été écrit par des journalistes qui sont très loin d'être mes amis puisque deux d'entre eux sont des journalistes du Canard enchaîné" a-t-il dit sur France 2. Le candidat à la présidentielle fait référence à un livre "Bienvenue Place Beauvau, Police: les secrets inavouables d'un quinquennat" où selon M. Fillon, les auteurs  "expliquent que François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l'intéressent à son bureau, ce qui est d'une illégalité totale, comment il est branché directement sur Bercy, sur Tracfin, sur les informations qui lui sont apportées en permanence, comment il est au courant des moindres faits, des moindres filatures, y compris concernant son ancien Premier ministre Manuel Valls".

L'un des auteurs a démenti les affirmations de M. Fillon, sur Franceinfo, en assurant: "jamais écrit ça" et accusant le candidat d'avoir voulu faire un "coup". 

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a dénoncé dans un communiqué "les affirmations sans fondement" de M. Fillon, qui "a voté systématiquement contre tous les textes renforçant l'indépendance de la justice et favorisant la transparence de la vie politique".

Le chef de l'Etat a aussitôt répliqué alors que l'Emission politique était toujours en cours sur France 2. François Hollande s'est empressé de "condamner avec la plus grande fermeté les allégations mensongères" affirmant avoir été informé des affaires en lisant la presse. Ces affirmations apportent "un trouble insupportable" au débat et à la campagne présidentielle en cours a assuré l'Elysée jeudi soir.  "Le seul scandale ne concerne pas l'Etat, mais une personne qui aura à en répondre devant la justice" a répondu la présidence en faisant référence à la mise en examen de François Fillon. 

- "Je pense que M. Fillon est au-delà maintenant, ou en-deçà" réagit Hollande -

Le président de la République François Hollande a à nouveau réagi aux accusations formulées par François Fillon jeudi soir, cette fois sur franceinfo et France Bleu ce vendredi matin. Il a mis en cause le manque de "dignité et de responsabilité" du candidat LR. "Je ne veux pas rentrer dans le débat électoral, je ne suis pas candidat, mais il y a une dignité, une responsabilité à respecter. Je pense que M. Fillon est au-delà maintenant, ou en-deçà", a déclaré le chef de l'Etat.

Invité hier de l'émission de France 2, M. Fillon est toujours distancé dans les sondages par ses rivaux Emmanuel Macron et Marine Le Pen sous la barre des 20%. Si l'élection avait lieu dimanche, le candidat Les Républicains serait éliminé dès le premier tour à en croire toutes les enquêtes d'opinion portant sur les intentions de vote.