Chez En Marche! en Meurthe-et-Moselle, on veut faire de la "politique autrement"
Le mouvement conduit par Emmanuel Macron recevait mardi François de Rugy à Nancy (Meurthe-et-Moselle) pour présenter le programme présidentiel du candidat. L’ex-candidat à la primaire du PS tenait sa première réunion publique de soutien à Emmanuel Macron qui entend profiter dans le département des affaires de François Fillon et des doutes qui traversent l’UDI.
La plupart des chaises sont occupées et les auditeurs présents sont quasi restés jusqu’au bout. Mardi soir à la salle de Gentilly sur les hauteurs de Nancy au cœur du quartier populaire du Haut-du-Lièvre habitué à recevoir meetings et réunions publiques en période électorale, les marcheurs du mouvement de M. Macron présentaient le programme de leur candidat. "On a beaucoup reproché à Emmanuel Macron de ne pas avoir de programme. Maintenant qu’il est publié, on nous reproche de ne pas le financer. C’est de la mauvaise foi totale de nos concurrents" sourit Stéphane Getto, cadre dans la communication qui s’engage pour la première fois en politique.
S’ils sont venus écouter les responsables locaux d’En Marche détailler les mesures économiques, sociétales ou sécuritaires du candidat à la présidentielle, l’assistance attendait aussi François de Rugy. L’écologiste qui avait pourtant promis de soutenir le vainqueur de la primaire de gauche, en l’occurrence Benoit Hamon, a préféré se tourner vers Emmanuel Macron "par cohérence" dit-il. Peu importe son engagement clamé devant des millions de téléspectateurs durant les débats télévisés, le député écologiste veut éviter les "postures". "Cette campagne ne ressemble à aucune autre, il n’y a pas de candidature du Président de la République, il y a l’affaire Fillon" liste le parlementaire.
Devant 100 à 150 sympathisants d’En Marche dont certains ne savent pas encore s’ils vont voter pour l’ancien ministre de l’Economie, M. de Rugy affirme se "reconnaître" dans la candidature d’Emmanuel Macron. "Le PS et Les Républicains ne sont que des cartels d’intérêts électoraux" lâche-t-il, malgré sa participation à la primaire organisé entre autre par le Parti socialiste. Ces dernières semaines, M. Macron soit subtilement gérer les équilibres en engrangeant les soutiens de toute part. Bertrand Delanoë (PS), François Bayrou (MoDem), Corine Le Page (Cap21), François de Rugy (Ecologistes!), l’ex-responsable de la campagne numérique d’Alain Juppé (LR) et prochainement le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, entres autres.
- "Il y a des ouvriers ici ? Des intérimaires ?" -
Dans la salle, on retrouve d’ailleurs cette "équilibre" des partis traditionnels. D’anciens militants du PS, des sympathisants qui ont voté François Fillon ou Alain Juppé à la primaire de droite, des chefs d’entreprises ou des étudiants qui ne se sont jamais engagés. Au moment des questions-réponses avec la salle, un trublion bien connu d’Emmanuel Macron tente d’interpeller les représentants d’En marche. "Emmanuel Macron avait dit qu’il s’adressait aux vrais gens, mais au fait c’est qui les vrais gens ? Il y a de faux gens alors ? " s’interroge le jeune homme. Il monopolise le micro et demande à la salle en montant sur scène: "il y a des ouvriers ici ? Des intérimaires ?" dit-il. Moins de dix personnes lèvent alors la main. Il sera rapidement évacué par des bénévoles. Déjà connu pour avoir remis un bleu de travail à Emmanuel Macron lors d’un déplacement à Nancy alors qu’il était ministre et avoir perturbé l’un de ses meetings de candidat en novembre à Metz, le militant "antisystème" compte bien ne pas lâcher d’une semelle le chouchou des sondages.
Les questions fusent dans la salle: "et l’emploi ? que propose Macron pour l’emploi ?" s’interroge un spectateur. "Mais vous n’avez pas parlé d’écologie ! Que propose-t-il sur la pollution ? Les OGM ? Les énergies renouvelables ? " demande un autre. "Le catalogue de 40 pages qui est une synthèse du programme d’Emmanuel Macron sera bientôt distribué dans toute la France et tout est expliqué sur le site internet" affirment les responsables locaux d’En Marche qui continuent d’engranger les soutiens politiques. Outre six adjoints au maire de Metz qui font partie de la majorité PS, le député socialiste de Meurthe-et-Moselle Jean-Yves Le Déaut ou encore la conseillère régionale Rachel Thomas ont annoncé ce vendredi leur parrainage pour le candidat. Le MoDem départemental a aussi confirmé son ralliement aujourd’hui.
- 5 000 adhérents 'En Marche!' en Lorraine -
Selon Stéphane Getto, la Lorraine compte près de 5 000 adhérents (adhésion gratuite sur internet, NDLR). "On enregistre une véritable dynamique" se réjouit celui qui anime la Lorraine Nord pour le mouvement En Marche. "Ici on veut faire de la politique autrement, on veut dépasser les clivages, toutes les bonnes âmes sont les bienvenues". François de Rugy abonde: "on veut redonner de l’espoir, montrer que la France est progressiste même si tout n’est pas rose" assure le député. "On est capable de redonner de l’espoir, de relancer la grandeur de la France" assure-t-il, "face au FN et au repli sur soi".
En coulisses, dans le département comme partout ailleurs en France, la bataille des investitures aux législatives fait rage. Alors qu’on pouvait envoyer son dossier de candidature en ligne, de nombreux acteurs de la société civile et des élus espèrent décrocher le précieux sésame. "Faire de la politique autrement a ses limites, En Marche! sera confronté aux mêmes difficultés d’appareil que les autres" critique un spectateur dans la salle. "Il y aura 50% de société civile et 50% d’élus sortants ou nouveaux des partis" glisse Stéphane Getto.
Donné à quasi-égalité avec Marine Le Pen dans les sondages au premier tour, Emmanuel Macron distance désormais largement François Fillon (17 à 21%). Ses troupes espèrent aussi engranger de nombreux électeurs des rangs de l’UDI. Après le psychodrame des affaires judiciaires touchant le candidat LR, l’UDI a suspendu son soutien avant de le redonner "sous conditions". "Nous avons déjà des sympathisants centristes qui viennent chez nous, ils seront encore plus nombreux je n’en doute pas" veut croire M. Getto.
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