De 2002 à 2017, la spectaculaire implantation du FN en Lorraine
En quinze ans, le Front national s’est implanté durablement dans la région et a doublé ses voix. Du FN de Jean-Marie Le Pen qualifié au second tour de la présidentielle de 2002 à celui de Marine Le Pen en 2017, les territoires ruraux et post-industriel préfèrent désormais l’extrême droite.
Marine Le Pen est arrivée en tête dans les quatre départements lorrains au premier tour mais battue quinze jours plus tard face à Emmanuel Macron. Mais la victoire du candidat d’En Marche! est en trompe l’œil notamment en Moselle, dans les Vosges et en Meuse où la candidate du FN est au-dessus des 40% au second tour de la présidentielle, selon des résultats définitifs. En Meuse, elle réalise son meilleur score en réalisant 48,38% devant les Vosges (44,75%), en Moselle (42,34%) et en Meurthe-et-Moselle (39,34%). A l’échelle de la nouvelle région Grand-Est, elle est à 42,06% et rafle 1 089 405 voix. Elle y réalise un bien meilleur score qu’au national (33,94%).
En Lorraine, Jean-Marie Le Pen réunissait 246 963 voix sur son nom au second tour de la présidentielle. Quinze ans plus tard, sa fille qui a presque achevé la dédiabolisation de l’extrême droite française réunit 467 683 voix. A la présidentielle de 2012, éliminée au premier tour, elle avait rassemblé 308 392 voix dans la région en arrivant en troisième position derrière François Hollande et Nicolas Sarkozy.
A la surprise générale, Hayange a porté en tête Emmanuel Macron (52.46 %) devant Marine Le Pen (47.54 %), selon les résultats définitifs du ministère de l'Intérieur et de la préfecture. La ville de Moselle, ancien bastion de la gauche et nouveau fief du FN depuis les élections municipales de 2014 avait porté Mme Le Pen en tête au 1er tour à 33.5 % dix points devant Jean-Luc Mélenchon (23.37 %). "En route vers les législatives avec notre candidat Hervé Hoff et moi-même suppléant" a commenté dans la soirée de dimanche le maire FN Fabien Engelmann sur les réseaux sociaux. Malgré la défaite de sa candidate, le maire d'Hayange a salué un résultat historique pour Marine Le Pen et le Front National".
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Dans la ville voisine de Florange, marqué par la fermeture des hauts-fourneaux d'ArcelorMittal en 2012 et la promesse de François Hollande, les électeurs ont porté en tête Emmanuel Macron (58.23 %) contre 41.77 % pour Marine Le Pen. La ville désormais dirigée par Les Républicains, avec le maire le plus jeune de France (22 ans) avait porté le FN en tête au premier tour. Même constat à Gandrange, ex-terrain d'une usine Mittal qui avait marqué le quinquennat de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012 qui a préféré Emmanuel Macron (53.79 %) à Marine Le Pen (46.21 %). Dans la ville d'Amnéville, ville connue pour son site thermal et industriel, Marine Le Pen est arrivée en tête (53.35 %) tout comme Rosselange (53.27 %). Dans une ville située non loin de la vallée de la Fensch, Marine Le Pen a réalisé 60,98% à Moyeuvre-Petite.
- Le "front républicain" fonctionne dans les grandes villes -
Marine Le Pen arrive en tête dans 2 circonscriptions sur 9 en Moselle. La candidate FN est majoritaire dans la circonscription de Sarrebourg-Château-Salins (50,76%) et celle de Boulay-Saint-Avold (50,22%) où les candidats frontistes aux législatives peuvent espérer l’emporter en juin prochain. Battue mais très haute, Mme Le Pen a réalisé 48,94% dans la circonscription de Sarreguemines et 48,64% dans celle de Forbach, dans l’est du département.
En Meurthe-et-Moselle, le FN s’est clairement implanté dans les territoires ruraux et est arrivé en tête dans plusieurs villages. A Baccarat, ville du cristal frappée par la crise, Marine Le Pen a dépassé les 50%. Dans les circonscriptions de Lunéville, Mme Le Pen opère une percée avec 47,55% des voix et dans celle de Toul elle grimpe à 46,70% tout comme à Pont-à-Mousson où il gonfle ses chiffres à 45,71%.
Questionné sur la refondation du FN annoncée par Marine Le Pen hier soir lors de sa prise de parole, Florian Philippot a écarté toute annonce précise ce lundi sur RTL, se contentant de souligner que "pour formellement changer les choses dans un parti politique il faut un congrès". Alors que la campagne des législatives débute, le frontiste se détache des sondages qui placent son parti en troisième position. "Aujourd'hui il n'y a qu'une seule force d'opposition structurée", fait-il valoir, estimant que le FN "a recomposé la vie politique dans le clivage patriote/mondialistes". "Quand on regarde en détail les résultats, il y a beaucoup de circonscription où on dépasse les 45, parfois les 50%", conclut-il. Le vice-président du FN sera candidat dans la circonscription de Forbach (Moselle) où il avait échoué en 2012 face au PS.
Il n’y a que dans les grandes villes ou les territoires transfrontaliers que le FN patine l’empêchant probablement de s’imposer au-dessus des 50% à l’échelle de la région. Majoritaire au premier tour, le FN a été contenu dans la région par le front républicain.
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