Affaire Grégory: un couple au cœur des accusations et des zones d’ombre

Vosges - 16/06/2017 18h41
Lu 14 515 fois -   LORACTU.fr La Rédaction
Affaire Grégory: un couple au cœur des accusations et des zones d’ombre
Société
Le petit Grégory, âgé de 4 ans, avait été retrouvé mort dans un cours d'eau dans les Vosges en 1984.

La grande tante et le grand-oncle de l’enfant tué il y a 32 ans dans les Vosges et dont l’assassin n’est toujours pas connu sont au cœur des accusations moins d’une semaine après de spectaculaires rebondissements de cette affaire hors-norme. Les époux Jacob ont été mis en examen et écroués.

Le procureur général Jean-Jacques Bosc a tenu une seconde conférence de presse vendredi après-midi – très attendue par les médias – pour confirmer les soupçons qui pèsent sur la grand-tante et le grand-oncle de Grégory mis en examen dans la journée, trois jours après leur interpellation. 

Coup de théâtre vendredi dans l’affaire Grégory, l’une des plus énigmatiques de l’histoire criminelle. 32 ans après la mort du petit garçon, retrouvé pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne, son grand-oncle et sa grand-tante ont été mis en examen pour enlèvement et séquestration suivie de mort. Jacqueline Jacob, 72 ans, tante de Jean-Marie Villemin, père de l’enfant assassiné en 1984, a été placée en détention provisoire, tout comme son époux, Marcel Jacob, 71 ans.

"En vingt ans d’exercice professionnel, je n’ai jamais vu ça de ma vie. Je pense qu’il y a un piège et qu’ils vont nous sortir de nouveaux éléments lundi. Je ne comprends pas", a réagi l’avocat de Marcel Jacob, Me Stéphane Giuranna.

Marcel Jacob était très lié à Bernard Laroche, premier suspect de l’affaire, tué en 1985 par Jean-Marie Villemin, son cousin, qui le pensait coupable. Et c’est donc le "clan Laroche" qui se retrouve de nouveau au centre de l’enquête, relancée par l’analyse graphologique des lettres de menaces et autres courriers anonymes qui foisonnent dans le dossier.

Le couple mis en examen nie son implication

Le couple Jacob, Jacqueline et Marcel, mis en examen et écroué vendredi à l'issue de 48 heures de garde-à-vue.

De nouvelles expertises sur une lettre de menaces, manuscrite et anonyme, adressée en 1983 au père de Grégory, ont orienté les soupçons sur Jacqueline Jacob.
Dans le passé, les enquêteurs s’étaient aussi penchés à de nombreuses reprises sur un mystérieux "corbeau" ayant revendiqué le meurtre de l’enfant, en invoquant une "vengeance" dans une lettre postée apparemment avant la découverte du corps, en 1984. Si les expertises n’ont pas permis d’en identifier l’auteur, la justice constate "une similitude importante des termes" utilisés dans ce document et dans la lettre de 1983.

Marcel Jacob a déjà été soupçonné, durant la procédure, d’avoir endossé le rôle du "corbeau", d’autant que l’incertitude planait sur son emploi du temps au moment du meurtre. La grand-mère, Monique Villemin, 85 ans aujourd’hui, serait quant à elle l’auteur d’une lettre de menaces datant de 1989, adressée au juge Maurice Simon, alors chargé de l’instruction et décédé depuis.

Ceux qui ont participé à l’enlèvement sont "les auteurs du crime"

L’affaire a également été relancée grâce à Anacrim, ce logiciel conçu et utilisé par la gendarmerie, qui permet de replacer "tous les éléments d’une enquête dans le temps et dans l’espace". Grâce à lui, les analystes criminels ont pu porter "un regard neuf sur la procédure" en reconstituant la chronologie avant et après le crime et en pointant des incohérences.

Marcel et Jacqueline Jacob ont nié toute implication dans l’enlèvement et le meurtre du garçonnet. Mais selon le procureur de la République de Dijon, Jean-Jacques Bosc, "il y a un débat (sur ce qu’ils faisaient le jour de la disparition), ils ne présentent pas en l’état d’alibi qui soit confirmé ou étayé". 

Le procureur général auprès de la cour d'appel de Dijon, lors d'une conférence de presse le 15 juin 2017.

"A l’évidence, Grégory a été enlevé du domicile de ses parents et retenu un certain temps jusqu’à sa mort", a encore assuré le magistrat, ajoutant que les personnes qui ont participé à cet enlèvement "sont les auteurs du crime".  Dominique Lambert, commandant de la Section de recherches de Dijon qui dirige l’enquête, a de son côté expliqué ne pas pouvoir "promettre" que cette énigme sera résolue. Mais "ce que je peux dire, c’est que nous avons avancé significativement".

L’avocat de Marcel Jacob a jugé pour sa part "criminel de jeter en pâture le nom d’un couple". "On n’a aucun élément matériel, rien, on a mis la charrue avant les bœufs". "On nous a dit aujourd'hui qu'on ne savait pas comment était mort Grégory Villemin. Mais on met en examen mon client Marcel Jacob. Ils auraient peut-être participé... On n'en sait rien. Nous n'avons aucune preuve scientifique, aucune preuve matérielle. Tout ce que l'on sait, c'est qu'une femme et un homme avec une moustache avaient fait des repérages" déclare l'avocat, qui reproche à la justice une inversion de la charge de la preuve.  "On a jeté en pâture le nom de mon client à la France entière et il en souffrira" a conclu le conseil de M. Jacob. 

La piste du complot familial, Grégory victime collatérale de jalousie 

Les enquêteurs sont «sur le chemin de la vérité» affirmait jeudi le procureur général auprès de la cour d’appel de Dijon lors d’une conférence de presse. Le magistrat a martelé qu’il ne connaissait pas encore le nom de l’auteur de l’assassinat de Grégory Villemin, 4 ans, survenu dans un petit village de la vallée de la Vologne (Vosges) en 1984. Cette affaire, un cluedo familial géant est en train de livrer peu à peu ses vérités sur le terrible meurtre de Grégory dont le visage fait la une des journaux depuis des décennies. 

Le procureur a dit hier que le crime avait été minutieusement préparé et que plusieurs personnes ont «concouru» à l’assassinat du petit garçon qui était parti jouer sur une bute de sable près de la maison de ses parents à Amontzey. Il a révélé jeudi que des repérages et des surveillances avaient été effectués, notamment par un « homme moustachu, parfois accompagné d’une femme». Et cela plusieurs semaines avant le crime. Un véritable complot familial du clan Laroche, proche de la famille Villemin, où le climat de jalousie prenait visiblement une place de plus en plus importante. Jusqu’à tuer le petit Grégory ? L’enquête s’oriente vers cette piste.

 

La maison de la grand-mère de Grégory, dans la vallée de la Vologne. Des voitures d'enquêteurs venus les interroger sont stationnés devant, mardi 13 juin 2017.

Outre la grand-mère paternelle de l’enfant, c’est désormais les époux Jacob, grande tante et grand-oncle de l’enfant qui sont au cœur des nouveaux rebondissements de l’enquête des gendarmes. Présenté à la justice vendredi à Dijon au terme de sa garde à vue, Marcel Jacob, 71 ans, est le grand-oncle de l'enfant décédé. D'un caractère affirmé, cet ouvrier était en mauvais termes avec Albert Villemin, le mari de sa grande sœur Monique, et surtout avec leur fils Jean-Marie, père de Grégory, dont il considérait l'ascension sociale illégitime. Cette jalousie des parents de Grégory est au cœur de l’affaire. Dans les lettres reçues par les Villemin, le père était surnommé «Le Chef», signe de la supériorité présumé du père de famille. La situation sociale de la famille était enviée dans le village: deux voitures, une maison, «un fauteuil en cuir» et la nomination comme «contremaître» du père de Grégory dans un garage.

Selon les nouveaux éléments de l'enquête, le couple Jacob s'adonnait à l'échangisme, une pratique qui, une fois ébruitée, a d'autant accentué le climat délétère au sein de la famille Villemin. La grande tante, Jacqueline Jacob, a également été présentée à un juge d’instruction, aux côtés de son mari, ce vendredi à Dijon. Très discrète et peu loquace au début de cette affaire, sa possible implication provoque la stupeur. Au-dessus de tout soupçons ces dernières années, elle serait l’un des corbeaux de l’affaire qui menaçait la famille Villemin. Tout comme la grand-mère paternelle de Grégory.

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